Lingon’s Boys : 10 ans de ferveur

Ce samedi 15 octobre, à l’occasion de la réception de Quevilly, les Lingon’s Boys fêtent leur 10 ans. Depuis ses débuts en 2012, un soir dans un kebab, par une bande de copains de Rouvres-en-Plaine, le groupe de supporters a bien grandi. Et ce malgré les dégâts du Covid et les résultats souvent moroses. Entre ferveur, passion et déplacements à travers la France entière, on retrace cette décennie d’histoire avec ceux qui l’ont écrite.

Une grande fête s’annonce à Gaston-Gérard. Pas tant sur le terrain (pour changer), mais surtout en tribunes. Et particulièrement dans le bloc central de la tribune Nord. En cette année 2022, les Lingon’s Boys fêtent leurs 10 ans d’existence. Une célébration qui prend forme au stade ce samedi. « Si on nous avait dit ça à nos débuts, on n’y aurait pas cru ! » glisse Camille, membre du groupe depuis sa création. « Quand je pense qu’on a voté pour notre nom un soir, dans un kebab… Vraiment, personne n’aurait imaginé que cette aventure dure aussi longtemps ». Depuis 2012, les Lingon’s Boys, du nom d’un peuple gaulois venu de Langres, sont désormais essentiels à l’ambiance au stade, au point de faire partie intégrante de la vie autour du DFCO. Pourtant, ça n’a pas toujours été aussi évident.

« Le club a mis du temps avant de nous considérer » – Brice, président des Lingon’s Boys

A l’origine, le groupe est issu d’une branche de ses voisins d’en face, les Téméraires. Après quelques années d’existence, la Jeune Garde du groupe floqué de la Chouette décide de voler de ses propres ailes. Président des Téméraires pendant près de vingt ans, Jean-Pierre Collé se souvient de cette scission : « Le noyau, c’était un groupe d’amis de Rouvres-en-Plaine qui étaient à fond ! Ils ont voulu lancer leur propre groupe, et je les ai encouragés, j’étais très content pour eux. Je me rappelle leur avoir donné du matériel, pour les aider à se lancer ». Petit à petit, le groupe d’amis se structure. « A nos débuts, ça ne ressemblait pas à grand-chose ! », se souvient Camille. « On devait être une petite vingtaine, avec des tifos faits de tête. On s’amusait et c’était le principal. On voulait surtout faire notre truc à nous »

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« Ça a été parfois compliqué de s’imposer », concède Brice, actuel président des LB. « C’est au bout de 5 ans que le club a véritablement commencé à nous considérer, à se dire « eux ils sont placés ici donc on va peut-être faire attention » ». Dans ses premières années, le groupe est installé en tribune Est, aujourd’hui couramment nommée Tribune Caisse d’Epargne par les habitués du Parc des Sports.

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Un emplacement qui n’a pas été choisi au hasard par le club, où le néo-groupe de supporters pouvait éclore sans perturber la tranquillité (ou le sommeil) de ses voisins. « En tribune Est, on était dans notre coin, on ne dérangeait personne. Une fois en tribune Nord, on s’est pris pas mal le chou avec le public à l’époque. Quand nous sommes arrivés en bloc central, c’était l’enfer avec les personnes abonnées juste derrière nous », se rappelle Théo, membre du groupe. Une cohabitation difficile au début, et témoignant surtout d’un état d’esprit global des supporters, qui nécessite un long travail.

« Il y a eu des moments de tensions, c’est vrai, mais on a généralement maintenu de bonnes relations » – Olivier Delcourt, président du DFCO

Avec le club, les relations n’ont pas toujours été simples. Souvent dépendante des personnes à la tête du groupe de supporters, l’entente avec les dirigeants du DFCO a connu des hauts et des bas. Selon le président actuel des Lingon’s, certaines personnes au club ont été de véritables freins à l’évolution du groupe : « ça a parfois été compliqué, en particulier avec Alexandre Synoradzki, le responsable organisation et sécurité. Avant, il a officié au Paris FC. Là-bas, ses relations avec les supporters étaient déjà exécrables. Il essayait de leur faire des coups bas comme à nous, jusqu’à essayer de nous dégager ».

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L’épisode du bloc central avait fait du bruit, lorsque les LB avaient été écartés de leur emplacement derrière les buts. « Il y a eu des mensonges » affirment Brice et Nico, « puisque les travaux dont ils nous avaient parlé n’ont jamais eu lieu. C’était uniquement pour nous dégager ». Après 6 mois de boycott, Olivier Delcourt rouvre la porte au dialogue et propose au groupe un retour dans l’axe »

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Désormais, les relations sont cordiales. Plusieurs réunions se tiennent entre les représentants des supporters et le club, dans le but d’écouter les demandes de chacun et d’installer un dialogue constructif. « Aujourd’hui, je n’ai aucun problème avec les Lingon’s », témoigne Olivier Delcourt, président du DFCO. « Il y a eu des moments de tensions, c’est vrai, mais on a généralement maintenu de bonnes relations. Il y a de la bonne volonté de chaque côté. Quand tout se fait dans les règles, il n’y a aucun souci évidemment. A Dijon, ça se passe bien, on a toujours œuvré pour que ces groupes puissent grandir, et je voudrais les voir se développer à l’avenir », ajoute le président.

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Avec un nouveau SLO (Supporter Liaison Officer – Référent supporters), Aurélien Gaudriot, le courant passe mieux, comme le souligne Camille : « C’est quelqu’un qui met de la bonne volonté et cherche vraiment à nous inclure ». Et Théo d’ajouter : « Il incarne plutôt bien ce rôle de piston entre le club et nous, il n’est pas là à nous rabâcher le discours du responsable de la sécurité ». Désormais bien installés dans leur tribune, les Lingon’s peuvent donner de la voix, et faire battre le cœur d’un stade (trop) souvent assoupi.

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Faire bouger Dijon

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A leurs débuts, l’idée de Camille et des autres membres fondateurs était surtout de créer la manière de soutenir leur club qui leur convenait le mieux. « On faisait ça sans prise de tête. Si on est partis des Téméraires, c’est qu’on voulait autre chose, supporter notre club différemment ». Pour Jean-Pierre Collé, c’est avant tout une question de génération : « Je comprends que les jeunes préfèrent chanter, bouger, donner de la voix tout le match. A mon avis, l’essentiel reste le spectacle sur le terrain. Et personnellement, je ne suis pas fana à 100% du mouvement ultra, mais je trouve ça bien ce qu’ils font. Tous les déplacements, les tifos, l’ambiance… je les applaudis ».

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Président du DFCO depuis 2012, soit la même année que l’apparition des Lingon’s, Olivier Delcourt les a vu grandir au fil des années. « Aujourd’hui, on sait qu’on peut compter sur eux pour mettre de l’ambiance. Quand vous avez des supporters qui poussent, les joueurs se bougent. Les Lingon’s sont souvent au centre d’entraînement, parfois à l’accueil du bus pour les gros matchs… ils font beaucoup d’animations autour du club, c’est très sympa ». Olivier Delcourt reste marqué par tous ces déplacements à travers la France : « En Ligue 1 ou en Ligue 2, il y en a toujours un peu partout à l’extérieur ! Même en Corse ! Je me rappelle d’ailleurs d’une fois où on je leur avais trouvé un bus, parce qu’ils avaient un peu peur de rentrer à leur hôtel. C’était « chaud la braise » là-bas », rit le président.

« Il y a beaucoup de gens qui viennent juste regarder le match, et qui n’ont pas besoin d’encourager autant. Ce n’est pas notre vision », Camille, membre des Lingon’s

« Ville de basket et de handball » plutôt que de foot, « stade de spectateurs » … la réputation de Dijon et du DFCO en matière de supportérisme n’est pas toujours reluisante. Pour les LB, c’est aussi une mission d’arriver à changer les mentalités. « Ce n’est pas toujours facile d’entraîner le stade derrière nous. » reconnaît Camille. « Il y a beaucoup de gens qui viennent juste regarder le match, et qui n’ont pas besoin d’encourager autant. Ce n’est pas notre vision ».

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Pour les LB, l’idée est de créer une identité propre à Dijon. « On a toujours cette volonté d’être originaux », précise Gwen, jeune membre des Lingon’s Boys. « On souhaite faire en sorte de reprendre peu, voire aucun chant déjà connu en France. C’est pourquoi nos inspirations viennent de nous-même ou de l’étranger. Et cela vaut aussi pour les animations, on essaie toujours d’être très créatifs et originaux. »

« On ne le ferait pas si c’était une contrainte. On le fait parce que c’est pour le groupe, pour notre passion » – Tim, membre des Lingon’s

Au fur et à mesure des années, avec la relégation en Ligue 1, le covid et les résultats en berne, l’ambiance au Parc des Sports est plus mitigée, et il est plus difficile pour les LB de recruter. Depuis la pandémie, le groupe tourne autour des 150 cartés, après avoir déjà atteint les 200 membres. Les étudiants passent et s’en vont, certains sont moins réguliers au fil des années… Pourtant, un noyau dur, irréductible, reste fidèle et précieux. « Sans ce noyau, je ne sais pas ce qu’il serait advenu. Avec Nico, Romu, Brice et d’autres, ils ont toujours été là. Pour chacun d’entre nous, c’est quand même de l’investissement et du temps accordé sur notre vie quotidienne », témoigne Camille.

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Préparation des tifos, organisation d’événements tels que le tournoi de foot Croq’diabète, activités au stade… les tâches ne manquent pas. Avec la préparation des célébrations des 10 ans, les LB ont mis les bouchées doubles ces dernières semaines. « Depuis 3 mois, on a plus de vie de famille quasiment ! On préparait parfois les tifos jusqu’à 1h, voire 3h du matin », raconte Tim, jeune membre du groupe. « Mais ça, on ne le ferait pas si c’était une contrainte. On le fait parce que c’est pour le groupe, pour notre passion et au final c’est un plaisir. On est une bande de potes avant tout ».

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Partout, par tous les temps

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Pour les LB, les déplacements sont aussi un des éléments majeurs de leur activité. Pas question d’en louper un seul : il faut dire que la série dure depuis six ans ! Pêle-mêle, les Lingon’s regorgent d’anecdotes de dep’ à nous raconter. Camille se rappelle d’un déplacement chaotique à Brest. « On s’était retrouvé au milieu de nulle part, sous la pluie, avec une dizaine d’heures de bus… Au retour, on se demandait tous pourquoi on faisait tout ça pour notre club ! Je me souviens aussi que des gars étaient allés à Clermont sur une route verglacée… Avec ceux qui étaient restés, on était super inquiets ! » Quoi qu’il arrive, les Lingon’s se refusent aux sifflets, et préfèrent continuer d’encourager. Un état d’esprit qu’ils espèrent propager à l’ensemble du stade.

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Désormais, le groupe regarde aussi vers l’avenir. En plus de son noyau dur, les plus anciens sont ravis de voir des plus jeunes s’investir dans la vie du groupe. Petit à petit, le flambeau passe de main en main, pour que la flamme ne s’éteigne pas. Dans dix ans, Gwen, un de ces jeunes membres, espère voir le groupe grandir encore « J’espère qu’on sera plus d’adhérents, qu’on sera présents peu importe les matchs, dans tous les stades, que ce soit à domicile ou à l’extérieur. Plus d’ambiance et plus de ferveur qu’à l’heure actuelle, enfin on l’espère ! ». De son côté, Olivier Delcourt souhaite encore de belles années aux Lingon’s : « dans le futur, j’aimerais voir le groupe continuer de se développer. J’espère qu’on gardera ces très bonnes relations. Et pour tout le monde, je souhaite qu’on retrouve du plaisir sur le terrain et qu’on se remette à gagner des matchs ! ».

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Tous au stade !

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Quel que soit le résultat, c’est bien ce samedi que LB fêteront leur anniversaire. Soutenu par le club, le groupe sort le grand jeu. Avant le match de ce samedi, tout le monde est convié pour un cortège à 15h30, au départ de l’auditorium jusqu’au Parc des Sports. Dès l’ouverture des portes à 18h, les Lingon’s démarreront le show, avec un défilé de tifos… Préparez-vous à en prendre plein les yeux ! Sur le terrain, les joueurs arboreront un maillot floqué de l’écusson des LB. Une vraie reconnaissance, et une sacrée récompense pour toutes ces années de soutien. 10 ans de ferveur, ça se fête.

@EtienneLVK & @maximegregoire

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