DFCO : que retenir du début de saison ?

De premiers matchs séduisants à une série de quatre défaites de rang, d’un prétendant aux premières places à une équipe engluée dans le ventre mou : en ce début de saison, le DFCO aura affiché deux visages radicalement différents, pour un bilan somme toute mitigé. On profite de la trêve internationale pour faire le point, tirer quelques renseignements et évoquer les perspectives.

En chiffres :

12e attaque, 12e défense, 14e à la différence de but, 6e pour la possession : le DFCO présente, dans les grandes masses, des statistiques bien moyennes sur ces 9 premiers matchs de la saison, qui justifient pleinement une terne 11e place au classement. Ces chiffres agrégés cachent néanmoins une réalité plus fine, qu’il est intéressant de creuser.

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Côté attaque, on note que le DFCO est globalement dans la moyenne en ce qui concerne le nombre d’occasions créées (xG pour), mais est la 5e pire équipe en termes d’efficacité offensive, autrement dit d’actions converties en buts. Seuls Nîmes, Niort, Valenciennes et le Paris FC font pire. Ce manque de réalisme devant le but, flagrant face à Annecy ou à Sochaux par exemple, est ce qui différencie le DFCO d’équipes comme Guingamp et Amiens (5e et 6e de Ligue 2), qui ne se créent guère plus d’occasion mais se montrent bien plus efficaces.

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En défense, le constat est un peu similaire. Le DFCO se classe 6e ex-aequo (avec Guingamp) en termes d’occasions concédées (xG contre), un chiffre assez honorable. Mais là encore les Dijonnais pêchent par manque de réalisme, puisqu’ils sont la 6e pire équipe en termes d’efficacité défensive, autrement dit de buts encaissés par rapport aux occasions concédées. Cela fait la différence par rapport à des équipes mieux classées, comme Amiens par exemple, qui subit autant d’occasions que le DFCO mais encaisse moins de buts.

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En résumé, en attaque comme en défense, le DFCO manque cruellement de réalisme et de réussite, il souffre donc davantage d’un cumul d’erreurs individuelles, plutôt que d’un problème de collectif, au regard du nombre relativement bas d’occasions concédées et plutôt correct (bien qu’un peu faible) d’occasions créées.n

Effectif :

Puisque l’on parle d’erreurs individuelles, parlons donc maintenant de l’effectif dijonnais. C’est une constante immuable : pour avoir des ambitions dans un championnat, une équipe se doit d’avoir une colonne vertébrale. Autrement dit, il est nécessaire d’avoir des certitudes, autour d’un titulaire indiscutable et efficace, sur chacune des lignes. Lors de son épique saison 2017-2018, le DFCO n’échappait pas à cette règle. De Reynet à Tavares en passant par Djilobodji, Amalfitano et Sliti, l’équipe dirigée alors par Olivier Dall’Oglio disposait de cette épine dorsale autour de laquelle s’articulait son jeu. Ces dernières saisons, le DFCO cultivait plutôt l’art inverse : celui de cumuler les doutes sur chacune des lignes de jeu. Qu’en est-il cette saison ?

Commençons par ce qui va bien. Dans les cages, Baptiste Reynet livre un début de saison de bien meilleure facture que la saison dernière. Entre ses parades décisives et un penalty arrêté, le portier dijonnais n’est qu’assez peu responsable du faible nombre de clean-sheet enregistré cette saison. Sur la ligne des milieux défensifs, la doublette Ndong Marié offre pleine satisfaction. Et si le second nommé reste sur deux ou trois matchs moins convaincants, le premier cité n’a jamais démérité et affiche un niveau de jeu digne du haut de tableau. Les apports de Thioune, moins convaincant mais précieux lorsqu’il s’agit de densifier l’entrejeu, et Deaux, capable d’apporter une grinta salutaire lorsqu’il est épargné par les blessures, complètent ce tableau sur lequel le DFCO peut largement compter. Enfin, à la pointe de l’attaque, Mickaël Le Bihan est métamorphosé par rapport à la saison dernière. Affûté physiquement, plus efficace – bien qu’en manque de réussite récemment – et très impliqué dans le collectif, notamment dans le travail de récupération en premier rideau, il affiche enfin le niveau qu’on attendait de lui. Le DFCO manque peut-être en revanche de profondeur de banc à ce poste. Malgré parfois un excès d’individualisme, le jeune Loum Tchaouna (en prêt du Stade Rennais) offre de belles promesses, dans la conservation de balle et le jeu dans les petits espaces notamment, mais elles demandent confirmation. Et ni Camara ni Assalé ne parviennent vraiment à s’imposer en ce début de saison, en attendant un hypothétique retour de Dobre.

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Gardien, ligne basse du milieu, attaque : si tout est perfectible, le DFCO dispose, sur ces trois lignes, d’une ossature qui pourrait lui permettre de prétendre à un bien meilleur classement. Le bât blesse en revanche sur les deux autres lignes.

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En défense d’abord, l’équipe d’Omar Daf ne parvient pas à se sortir de la fragilité qu’elle traîne depuis plusieurs saisons. Le manque de certitudes est criant. Dans le couloir gauche, Rocchia a livré beaucoup de bonnes prestations en ce début de saison mais il doit absolument apprendre à contrôler ses nerfs pour éviter de sortir de ses matchs ou d’être bêtement expulsé. Dans l’axe, Zargo Touré a impressionné par le niveau qu’il a affiché sur les premiers matchs mais sa blessure récente laisse craindre que le Sénégalais soit de nouveau empêtré dans les pépins physiques. Daniel Congré affiche pour sa part un niveau bien en dessous de ce qu’on attend de lui, tandis que Senou Coulibaly confirme, match après match, des lacunes qui à son âge et compte tenu du nombre de matchs qu’il a déjà joué en pro, paraissent irrémédiables. Et derrière ces trois-là, le DFCO ne peut compter que sur le tout jeune Reda Benchaa, qui débute seulement en pro. Un manque de profondeur de banc dont on a vu les limites face à Bordeaux, Omar Daf étant obligé de composer une défense expérimentale en l’absence de Touré et Congré. Quant au couloir droit, il est sans doute le plus à risque. Plus d’un an après son arrivée, Cheick Traoré ne parvient toujours pas à convaincre et enchaîne les prestations moyennes, pour ne pas dire mauvaises. Sur les matchs qu’il a joués, Ahmad Ngouyamsa a lui confirmé que Patrice Garande avait sans doute eu le nez creux en voulant le replacer au milieu de terrain – où il apporte une vraie plus-value – tant il paraît incapable de hausser son niveau de jeu au poste de latéral. Ce constat sur le couloir droit est d’autant plus amer que ces problèmes sont connus depuis la saison dernière. Ne pas s’être renforcé au mercato estival, malgré la rumeur Valentin Henry, pose franchement question. Au final, difficile avec un tel manque de repère en défense, de prétendre à jouer les premiers rôles.

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L’autre écueil concerne la ligne des milieux offensifs. Pourtant, les individualités intéressantes y sont légion. Seulement, personne n’arrive pour l’instant à enchaîner suffisamment pour apporter des certitudes, ce qui rejaillit parfois sur l’attaque, avec un Le Bihan obligé de beaucoup trop décrocher. Les débuts tonitruants de Xande Silva ont été interrompus par sa blessure et retardent ainsi la confirmation. Auteur d’un excellent début de saison, Bryan Soumaré décline de manière difficilement compréhensible depuis plusieurs matchs. Retardé par une préparation amputée par une blessure, Valentin Jacob enchaîne le très bon et le médiocre, même s’il faut reconnaître que le positionnement comme ailier qu’il a eu sur les derniers matchs entrave largement son potentiel. Apparu à quelques reprises en début de saison puis à Bordeaux, Walid Nassi a encore besoin de passer un cap, notamment dans la finition. Il ne manque peut-être pas grand-chose sur cette ligne pour que le DFCO se forge enfin une certitude, et le retour de blessure de Xande Silva après la trêve – normalement – offre de ce point de vue pas mal d’espoir.

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Globalement, le DFCO n’est pas forcément très loin d’un bon équilibre. Avec trois lignes sur cinq stabilisées, il pourrait suffire d’un recrutement (en joker ?) au poste de latéral droit, que Zargo Touré soit épargné par les blessures et que Xande Silva enchaîne et endosse le statut de leader technique pour que la question soit réglée. Mais voilà, dans un championnat aussi serré que l’est pour l’instant cette Ligue 2, l’accession aux premières places se jouera sur des détails et pour l’instant, il en manque quelques-uns au DFCO pour se donner toutes les chances.

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Quel bilan pour Omar Daf ?

Arrivé libre et avec la double auréole d’un barrage la saison passée avec Sochaux et d’une belle continuité avec le club doubiste, le technicien Sénégalais avait tout de la bonne pioche sur le papier. Dans les faits, ses débuts donnent plutôt raison aux dirigeants dijonnais. Omar Daf a incontestablement amené davantage de sérénité et de cohésion dans un vestiaire qui avait visiblement souffert de la gestion humaine disons « rugueuse » de Patrice Garande. Les renaissances de Rocchia et Soumaré témoignent de cette capacité à tirer le meilleur de ses hommes. Une qualité plébiscitée par les joueurs, en témoigne la volonté affichée de ses anciens lieutenants (Thioune, Henry) de continuer à travailler avec lui. Par ailleurs, cette fluidification des rapports au sein du groupe s’est faite concomitamment avec un surcroît d’exigence, tant sur le terrain qu’en dehors (retards, portables…). Incontestablement, sur le plan de la gestion humaine, l’arrivée d’Omar Daf est pour l’instant bénéfique.

Quid du terrain ? Si le jeu déployé par le DFCO n’est pas toujours du football champagne, il semble assez évident que les joueurs ont à présent des schémas de jeu plus clairs à appliquer et qu’ils savent ce qu’ils doivent faire, là où la saison dernière, ils paraissaient bien plus brouillon et trop livrés à eux même. Une belle évolution même si on peut parfois regretter certains choix tactiques. En particulier dans un match aux caractéristiques a priori similaires, on peut se demander pourquoi le technicien dijonnais n’a pas fait le choix face à Sochaux du 4-3-3 qui s’était avéré si efficace à Metz. Cette difficulté à sortir de son schéma privilégié (4-2-3-1, avec un jeu passant beaucoup sur les côtés) avait été mis quelque fois en cause pendant ses années sochaliennes. Sans être forcément préjudiciable, c’est peut-être un point d’amélioration pour le coach du DFCO. On peut également s’interroger sur le placement de certains joueurs, en particulier Ngouyamsa (clairement limité comme latéral mais disposant d’un vrai potentiel dans l’entrejeu) et Jacob (bien moins impactant quand il est sur le côté que dans l’axe).n

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On soulignera également la grande sérénité du Sénégalais, qui est toutefois à double tranchant. Si son côté « pas de panique » suite à la mauvaise série récente peut s’avérer salutaire dans un monde du foot gangrené par l’ultra courtermisme, il ne faudra pas non plus que cela se transforme en déni des lacunes de son effectif ou de ses éventuelles erreurs tactiques. Malgré ces bémols, le bilan est toutefois plutôt positif à ce stade pour Omar Daf, qui semble armé pour tirer le meilleur de ses hommes.

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Quelles perspectives ?

Malgré un classement un peu décevant, des lacunes incontestables, un manque de réalisme criant dans les deux surfaces et un effectif qui mériterait certains renforts, le bilan de ce début de saison n’est pas si noir pour le DFCO. Les axes de travail paraissent assez clairs, l’apport du staff est pour le moment assez positif, certains joueurs ont retrouvé un niveau bien plus en adéquation avec leur statut et le fonctionnement interne paraît enfin un peu stabilisé.

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Cela ne suffira sans doute pas pour jouer les premières places. Si les soucis offensifs semblent pouvoir être réglés, notamment si Xande Silva parvient à enchaîner sans blessure et si certains joueurs retrouvent un peu plus de rythme ou de confiance (Jacob, Soumaré…), la fragilité défensive, qui relève davantage de lacunes individuelles que d’un souci d’animation, nécessitera très certainement une reconstruction assez large de l’effectif dans ce domaine. Le mercato 2022 a sans doute jeté de bonnes bases pour le futur de l’attaque dijonnaise, avec l’arrivée de jeunes joueurs dotés d’un vrai potentiel. Sans doute en faudra-t-il un autre pour remanier la défense.

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Après une saison 2021/2022 où il a fallu gérer l’atterrissage en Ligue 2, cette saison 2022/2023 est la vraie première pierre de la reconstruction. La remontée dès cette saison paraît trop ambitieuse et si le bon début de saison a clairement donné beaucoup d’espoir, la récente séquence de 4 défaites consécutives est venue rappeler que tout n’était pas réglé au sein du DFCO. Elle a également suscité de la frustration, en douchant les espérances – voire les illusions – du début de saison, ce qui a toutefois le mérite de rappeler qu’une reconstruction efficace demande une qualité dont beaucoup – nous, supporters, les premiers – manquent dans le foot : la patience.

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