DFCO : un match référence

Il est bien rare que nous fassions l’impasse sur notre traditionnel debrief d’après-match ; même lors des saisons cataclysmiques qui ont amené le club à la place où il est aujourd’hui, nous n’avons qu’exceptionnellement manqué ce rendez-vous. Pour autant, si nous avons choisi de passer notre tour après la déroute de samedi face au Mans (0-5), ce n’est pas spécialement pour envoyer un message fort. C’est d’abord parce qu’à l’issue d’un tel match, il n’y a pas grand chose à analyser – même si l’on peut relever quelques points sur lesquels nous reviendrons. Et, surtout, pour éviter une réaction à chaud qui n’aurait pas forcément été très inspirée. À froid toutefois, après avoir digéré l’humiliation, il nous a semblé intéressant de partager quelques réflexions.

Stade Gaston-Gérard, tribune nord vue depuis la tribune ouest. Dijon, Bourgogne, France

Notons d’emblée une chose. Oui, passer à côté d’un match, ça arrive. Oui, prendre une rouste, ça arrive. Mais un naufrage d’une telle violence, surtout à domicile, surtout à ce moment de la saison, ça ne peut pas être neutre. Impossible de balayer ce match d’un élément de langage aussi suranné que « une soirée à oublier ». Nécessairement, il y aura – il doit absolument y avoir – des conséquences. Cela ne signifie pas pour autant chercher des coupables ou réclamer des têtes. Il serait trop facile, par exemple, de tout mettre sur le dos de Mohamed Sylla, auteur certes d’une prestation cataclysmique, mais qui est loin d’être le seul fautif de la soirée. Attachons-nous plutôt à comprendre quels ont été les manques et comment y remédier.

Défense transpercée et milieu désorganisé

Même s’il y a peu à retenir de ce match sur le plan du jeu, on peut toutefois faire quelques constats. D’abord, évidemment, la faillite en défense, autant individuelle que collective. Car si Mohamed Sylla s’est distingué dans le mauvais sens du terme, ses coéquipiers n’ont pas été beaucoup plus reluisants. Zoran Moco a été défaillant, au duel ou au placement, sur la plupart des offensives mancelles, Quentin Bernard a manqué de réactivité sur plusieurs actions décisives, et même Cédric Makutungu est pris dans son dos sur le premier but. Quant à Paul Delecroix, s’il ne peut rien sur les 2e et 3e buts, il est loin d’être inoubliable sur les trois autres. Sans compter que ces erreurs individuelles n’ont été aucunement compensées par une solidité – ou une solidarité – collective. Il faut toutefois regarder au-delà de ce match, car en 3 matchs, le DFCO a encaissé 10 buts, plus que sur tout le reste de la saison. Le point commun entre ces 3 matchs ? L’absence d’Elydjah Mendy. A-t-on sous-estimé son importance cruciale dans la solidité défensive du DFCO depuis le début de saison ? Ce qu’on pensait être une performance collective se résume-t-elle finalement à une « Mendy dépendance » ? Sans doute n’est-ce pas aussi manichéen mais il est clair, avec un peu de recul, que l’absence de l’ancien Libournais pèse davantage que ce qu’on aurait pu craindre. À ce problème, il n’y a guère de solution avant le retour de blessure de Mendy, même si l’on notera que Matteo Moussa a fait preuve régulièrement d’une sérénité dans le travail défensif qui peut permettre de compter sur lui pour assurer l’intérim.
Si la défense est bien sûr le gros point noir de la soirée, le milieu de terrain a aussi quelques comptes à rendre, tant il a paru désorganisé et friable. Yanis Chahid, assez irréprochable dans l’attitude, a été au four et au moulin, au point parfois d’oublier de regarder dans son dos. Souici, comme trop souvent, a manqué de tranchant. Et Issiaga Camara a été à la peine pour sa première. S’il a apporté beaucoup d’impact et de percussion, ce qui a laissé entrevoir ce qu’il pouvait apporter à l’équipe, il a eu du mal à se mettre dans le tempo du match et de ses coéquipiers, avec à la clé plusieurs pertes de balle très bien exploitées ensuite par le Mans. Rien de très grave toutefois, pour un joueur arrivé à peine une semaine plus tôt et qui découvre un championnat dont le rythme et la tactique n’ont rien à voir avec la Ligue 1. Au global, le trio de relayeurs n’est pas arrivé à s’entendre, s’est fait trop facilement bousculer par les milieux manceaux et n’est pas arrivé à faire le lien avec des offensifs, tellement sevrés de ballon qu’il est difficile de parler de leur match.

Coaching perdant

Enfin, analyser ce match implique nécessairement d’évoquer les choix de Baptiste Ridira. Certes, le coach dijonnais devait composer avec une cascade d’absents. Mendy, Vargas-Rios, Marié, Titebah… autant de cadres extrêmement précieux depuis le début de saison dont il fallait se passer et auxquels il fallait rajouter Hamada et Diallo, des joueurs importants a minima dans la rotation. Pour autant, le technicien avait lui-même évoqué en conférence de presse un effectif suffisant pour avoir des choix difficiles à faire, entre autres grâce à l’arrivée des recrues. Des choix qui se sont avérés perdants, tous dans des proportions différentes. Le plus évident étant bien entendu la titularisation de Mohamed Sylla, de retour de blessure et qui n’avait pas joué plus de quelques minutes en championnat depuis mi-octobre. Alors que Matteo Moussa assurait des prestations plutôt convaincantes depuis la blessure de Mendy, cette décision paraissait surprenante et a malheureusement été préjudiciable, ce que Baptiste Ridira a immédiatement reconnu après match. On peut aussi être légitimement surpris de la non titularisation de Parsemain au profit de Schur. Même si le staff voit à l’entraînement des choses que nous ne voyons pas, la différence de rendement et d’impact en match entre les deux joueurs est telle qu’il ne semble guère y avoir débat. Au regard de la physionomie du match toutefois, il n’est guère évident que la présence de Parsemain ait évité le naufrage. Enfin, on peut aussi éventuellement se questionner sur la titularisation de Camara, à peine une semaine après son arrivée. Mais au regard des absents et du déficit d’impact au milieu depuis plusieurs matchs, admettons que l’on trouvait tous assez logique de le voir débuter. Au-delà des choix individuels, on peut aussi se poser la question du système. Autant la logique de s’en tenir à un système central, travaillé et connu par tout le groupe, sans chercher à s’adapter toujours à l’adversaire se défend tout à fait, a fortiori pour une équipe qui a pour vocation de jouer les premiers rôles. Autant on peut se demander s’il n’y a pas une certaine rigidité à garder ce système envers et contre tout, même quand les absences et les états de forme le rendent moins en phase avec les qualités des joueurs disponibles. Quoiqu’il en soit, on notera tout de même deux points positifs. D’une part, des réajustements rapides, avec la sortie de Sylla dès la 32e minute puis les entrées de Parsemain et de Djaé à la pause, en lieu et place de Kevin Schur, invisible, et de Camara dont on a déjà décrit la prestation. D’autre part, une reconnaissance immédiate après match de ses erreurs. Toujours préférable au simple fait de se réfugier dans le travail.

Plus qu’une réaction attendue

Tout ceci étant dit, il faut vite se projeter sur la suite. Ce qui ne signifie pas « oublier », surtout pas ! Après un 3-0 à l’extérieur où l’on a tapé le poteau, pris un rouge et perdu un titulaire sur blessure, on peut parler d’une soirée à oublier. Mais pas après un tel naufrage en moins d’une demi-heure à domicile. La capacité du groupe à réagir, tout comme celle du staff à se remettre en question, nous en dira long. Ce n’est pas simplement une réaction après une défaite qui est attendue. Ce n’est pas simplement un match sans défaite pour stopper l’hémorragie comme l’avait été la saison dernière le nul contre Marignane après une série de 3 revers. Ce que l’on veut voir, c’est une révolte après une complète humiliation, qui doit servir de match référence par rapport à ce qu’on ne veut jamais revoir. Il faut que cela soit le début d’un élan positif, porté par des joueurs blessés dans leur fierté qui doivent avoir envie de les poser sur la table, et la hargne de montrer à tout le monde qui ils sont.

Une telle défaite, il ne faut pas l’oublier, mais s’en servir pour apprendre, s’appuyer dessus pour trouver un second souffle, alimenter un nouvel appétit, forger une nouvelle force de caractère. Si les joueurs sont capables de mettre cela en œuvre, si le staff trouve les clés pour les guider sur cette voie, alors de cette soirée cauchemardesque pourra naître quelque chose de très positif.

La chape de plomb

Enfin, nous souhaitons souligner une chose importante. En tant que supporters, un tel match engendre naturellement colère, déception, tristesse, honte, incompréhension… autant d’émotions naturelles, à la hauteur de l’amour qu’on éprouve pour ce club. En revanche, ces émotions ne doivent pas conduire à tout remettre en question. Avant ce match, nous nous disions que nous serions au pied du podium en cas de victoire, le tout avec un match en moins. Depuis la saison dernière, nous avons progressivement retrouvé un effectif, certes pas parfait, certes pas du standing que l’on a connu en Ligue 1, mais qui fait honneur aux couleurs du club, se donne sur le terrain et ne manque jamais de venir saluer les supporters. Nous pouvons, de nouveau, nourrir de l’affect pour certains joueurs, loin des mercenaires qui nous ont tant craché dessus pendant plusieurs saisons. Nous avons même retrouvé, par bribes, le beau jeu à la dijonnaise des meilleures années Dall’Oglio, comme avec ce but incroyable face à Châteauroux.
Dès lors, tout jeter au premier couac, au point de réclamer le départ du coach et d’une grande partie des joueurs, apparaît totalement contreproductif, pour ne pas dire plus. Cela illustre parfaitement cette idée, évoquée par Benoît Tavenot quelques temps après son arrivée, de « chape de plomb » qui s’abat sur le club au premier coup de Trafalgar. Un réflexe qu’on pouvait comprendre lorsqu’on venait de vivre autant d’années de dégringolade mais qui, au fur et à mesure que le temps passe, devient de moins en moins justifiable. Alors oui, nous sommes toujours en N1, oui, nous avons régulièrement la nostalgie de nos heures de gloire et oui, nous avons au fond du ventre cette crainte que le club ne tutoie jamais plus le très haut niveau. Cela n’empêche pas qu’il est temps de tourner la page.
Encore une fois, il ne s’agit pas d’« oublier » la prestation catastrophique de notre équipe et la honte que l’on a ressenti. Ni de les minimiser ou les excuser. Simplement de faire preuve d’un peu de lucidité. Nous ne sommes qu’à 5 points du podium, avec un match en moins. En 2022/2023, au soir de la 20e journée, Dunkerque avait 5 points de retard sur le 3e et sans match en retard. Ils finiront 2e à égalité de points avec le champion, Concarneau. Concarneau qui justement, la même saison, avait entamé son championnat par un naufrage 0-4 à domicile contre Orléans. Cette saison même, Nancy s’est fait fracasser à Aubagne 4-0 (même si le match a été rejoué ensuite). Sans ressortir la vieille maxime « je préfère perdre une fois 5-0 que 5 fois 1-0 », trop souvent utilisée comme excuse, on pourrait multiplier les exemples similaires. En clair, cette défaite, aussi honteuse soit-elle, n’hypothèque rien. Comme nous l’évoquions précédemment, le groupe peut tout à fait s’appuyer dessus pour lancer une tendance décisive. Nous verrons s’il en capable, mais il nous appartient, nous supporters, de le soutenir dans ce sens. Car si au premier écueil, nous nous mettons à ne plus y croire, comment demander aux joueurs de se battre jusqu’au bout ?

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Commentaires

9 réponses à “DFCO : un match référence”

  1. Salut le Dijon Show

    Merci pour votre résumé

    Une fois de plus vous faites un super travail

    Bonne vision, bonne synthèse

    Vous avez tout dit, et de manière plus que correcte

    C’en est frustrant il n’y a rien à rajouter pour nous, vous tuez le match des commentaires

    Le seul point ou je diffère avec vous c’est sur la montée. Pour moi c’est mort, devant c’est beaucoup plus fort et nettement plus régulier

    Chahid, ce petit bonhomme, quel courage sur le terrain depuis le de saison. Faites nous une interview sur ce garçon, personnellement je l’admire, il ne triche jamais.

    Il serait temps aussi que Montfort soit titulaire.Delecroix se transforme en passoire Reynet des dernières saisons.

    Merci le Dijon Show, c’est toujours un plaisir de vous lire

    Alllllleezzz Diiijjjoooonnnn

    Arnaud

  2. On est encore loin voir trop loin du compte et de la L2 !!

    Pascal , dolois mais supporter actuellement déçu de longue date du DFCO

  3. Perso, j’en veux au coach, car sa compo n’était vraiment pas bonne et j’en ai fait la même analyse que vous, Sylla, Camara et Schur n’auraient pas dû être titulaires… Et sa réaction pour faire des changements pas assez prompte. Dès le 2e but il aurait fallu réagir, les joueurs étaient assommés au 3e but et le match plié. Ça fait 2 erreurs à son compte et c’est trop… et les discours pretentieux d’avant match m’insupportent maintenant. Il attend que ses joueurs passent un cap, mais moi je pense que lui, il est loin de le passer ce cap. Il doit se réveiller, gagner en humilité, en perspicacité et en technicité et inventivité !!!
    Cette déroute elle est avant tout pour lui. A lui de réparer les pots cassés et redonner l’élan à ses joueurs.
    Et je vous rejoins, il faut rester soudé derrière le DFCO et espérer que cette humiliation nous donne des forces nouvelles pour finir ce championnat,… sans vraiment en attendre grand chose, si ce n’est le plaisir de voir une équipe qui se bat pour son club et sa ville.

  4. Avatar de JEAN PIERRE philippe
    JEAN PIERRE philippe

    Tres bon resume ( Moussa .Parsemain .Lembezat ) pourquoi pas dans le 11 de depart
    Il faut gagner de suite et reste UNIS allez DFCO

  5. Avatar de PASCAL BINETRUY
    PASCAL BINETRUY

    Analyse juste d’ une équipe et d’un coach en perdition, les absences des »tauliers » du bloc défensif font mal ( Mendy, Vargas , Marié ).
    Je pense aussi qu’il faut activer la rotation au poste de gardien pour un électrochoc
    afin de stimuler cette équipe .

  6. Avatar de PASCAL BINETRUY
    PASCAL BINETRUY

    Analyse juste et pertinente d’une équipe et d’un coach en perdition depuis les absences de ses cadres du bloc défensif .
    Je pense qu’il est temps aussi de lancer Lenny Monfort au poste de dernier rempart pour provoquer un électrochoc .

  7. Barka / Parsemain/ ikanga pour une team qui joue de l’avant.

  8. Vous avez tout dit, notamment sur l’importance de l’absence de Mendy.

  9. Je viens de lire les analyses qui je pense sont fondée et c est vrai que depuis que l on a perdu sur blessure mendy, marié, vargas.rios, ce n est plus le même DFCO maintenant il faut enchaîner les victoires,il reste 12 matchs = 36 points à prendre rien n est perdu

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