National – Entre problèmes d’éthique et d’équité, le DFCO ne disputera pas la troisième journée

C’est désormais acté : le Dijon FCO ne jouera pas lors de la 3e journée de National ce week-end, après avoir attendu la fin des différents audits de la DNCG, des appels devant le gendarme financier et des médiations avec le CNOSF. Un cas particulier qui a déjà pu s’observer dans l’histoire du championnat.

Ni Troyes, ni Bordeaux, ni GOAL ne viendront fouler la pelouse du Parc des Sports cette saison, alors que la compétition a repris avec 17 équipes
Ni Troyes, ni Bordeaux, ni GOAL ne viendront fouler la pelouse du Parc des Sports cette saison, alors que la compétition a repris avec 17 équipes.

Nouvelle saison, nouvelle donne et nouveaux enjeux pour le DFCO, édition 2024-2025 ! Alors que le mercato n’est pas encore terminé à Dijon, dans le sens des départs comme dans celui des arrivées, le club bourguignon est entré dans sa troisième semaine de compétition, au cours de laquelle il était censé affronter l’ESTAC ou les Girondins de Bordeaux, puis potentiellement le GOAL FC. Mais finalement, le stade Gaston-Gérard n’accueillera pas de match ce vendredi 30 août.

En effet, Troyes ayant été repêché en Ligue 2 suite à la rétrogradation administrative des Bordelais, qui ont abandonné leur statut professionnel et sont encore descendus d’un échelon supplémentaire (en N2) après avoir épuisé tous les recours, le club de l’ouest lyonnais avait tout à fait sa chance de revenir en National, pour avoir fini 14e et donc deuxième repêchable après Villefranche, qui a gardé sa place après la descente aux enfers de Niort. Seulement voilà : les instances n’ont pas cru bon d’accéder aux requêtes de l’équipe issue de la fusion de plusieurs entités rhodaniennes, même après de multiples tentatives et un boycott de la journée d’ouverture en N2, dans l’espoir de pouvoir évoluer dans le championnat où elle méritait d’être.

Comme Villefranche et Sochaux avant lui, le DFCO sera donc exempt lors de la troisième journée, se déroulant à la date de fermeture du mercato estival pour les clubs professionnels qui auront jusqu’à 23h00 ce jour-ci pour finaliser leurs dernières opérations. Une bénédiction pour les Dijonnais, qui ne seront pas pénalisés par des absences dans le groupe pour des départs de dernière minute, ou qui auront forcément enregistré leurs recrues pour la prochaine rencontre de championnat le 6 septembre ? Si l’on écoute le nouveau président du club, le fait de participer à un tournoi à 17 clubs n’est pas une bonne nouvelle.

« Cela pénalise tout le championnat de National économiquement, indique Pierre-Henri Deballon, avec un match en moins et donc des recettes en moins ». Alors que les équipes de National ne touchent rien de la diffusion des matchs sur FFFTV – la chaîne de la fédération qui ne génère pas d’argent, les revenus de la billetterie, de la boutique les soirs de match et des buvettes prennent une place importante dans le chiffre d’affaire des clubs de football à ce niveau. Surtout quand ils font une affluence très honnête comme Dijon, qui a dépassé la barre des 5000 spectateurs lors de la première journée.

Ensuite, cela dépend des circonstances mais dans le cas du DFCO qui n’a pas réussi à engranger de la confiance dès le départ, cette pause pourrait faire cogiter certains des plus anxieux. « Dans notre cas, continue l’actionnaire majoritaire, on va aborder notre troisième match, la quatrième journée du championnat, avec 0 point au compteur. De notre faute c’est certain, mais ce n’est pas un coup de pouce du destin ». Pour garder le rythme de la compétition, le FC Sochaux a fait le choix d’affronter Lausanne-Sport (D1 suisse) vendredi dernier et a fait match nul 1-1 contre une équipe d’un bon niveau. De son côté, Dijon ne prend pas le chemin d’un match amical, la date n’étant pas propice à une rencontre sans enjeu contre un adversaire digne de ce nom.

« On a prévu d’aménager la semaine, expliquait Baptiste Ridira jeudi dernier en conférence de presse, on a juste prévu de la structurer différemment. On va pouvoir en profiter pour travailler certaines choses qu’on n’a pas eu le temps de voir pendant la préparation, amener des améliorations ou des adaptations qui ne perturberont pas les repères des joueurs. Profitons de cette semaine-là qui, pour moi, est plus une opportunité qu’un obstacle. Même si on peut penser qu’on va perdre du rythme, on va le retrouver en intensité sur le terrain à l’entraînement. S’adapter, ça fait partie de notre métier. »

Un club en moins en National, une première depuis 2017-2018

En ce qui concerne ce championnat avec une équipe au repos à chaque semaine, son lot d’incertitudes et d’inégalités, il s’agit-là d’une redondance assez particulière en National. En effet, un scénario semblable s’était produit lors de la saison 2017-2018, pendant laquelle Bastia (relégué de Ligue 1 en Ligue 2) a été rétrogradé en N3, sauvant Orléans (18e) de la descente en troisième division par la même occasion.  Cela avait, déjà à l’époque, engendré son lot de critiques alors qu’Épinal avait connu une relégation malgré son statut de premier relégué, et donc premier repêchable.

« Je trouve que le combat de GOAL est légitime, poursuit l’ancien de Saint-Pryvé, maintenant je n’apporte pas de jugement, que ce soit sur la position du club ou de la Fédération. C’est quelque chose de délicat, des situations qui sont complexes. Cela fait maintenant partie du commun, de la vie des clubs. Tout ce que j’espère c’est que le mien sera suffisamment rigoureux sur le long terme pour qu’on ne soit pas un jour dans cette situation-là, qui est très embarrassante pour les clubs et très compliquée à gérer en interne. »

On comprend en revanche que l’avis d’un dirigeant de club comme P.-H. Deballon puisse être plus tranché sur ces anomalies liées notamment à la lenteur des recours, audiences repoussées et appels, qui vont coûter cher non seulement au GOAL FC mais aussi aux Girondins qui n’avaient pas encore d’équipe pour disputer un match de N2 ni de N3 (où évolue la réserve) au 25 août : « Des clubs qui respectent les règles basiques de bonne gestion sont injustement punis, pour des délais stupides (sic). Pour moi cela souligne le peu de courage et de discernement des instances du football. Ça ne respire pas l’intelligence, en amont dans le contrôle, ensuite dans la décision et la sanction et, in fine, dans le courage de rééquilibrer les choses. Mais tant que les instances ne mettront pas hors d’état de nuire des Gerard Lopez, cela continuera. »

Des arguments supplémentaires pour justifier la réduction des frais à court et moyen terme décidée par le président, pour éviter de voir Dijon péricliter. Le DFCO a choisi, pour sa pérennité financière, de s’assainir sur le plan économique après avoir passé plusieurs saisons à dépenser bien plus que ce qu’il gagnait, principalement en 2022-2023 et 2023-2024. Malheureusement, le message envoyé par les instances avec leur décision à l’encontre de GOAL n’est visiblement pas favorable à ce type de gestion responsable. Si les clubs qui ne trichent pas et qui étaient proches de se maintenir sont tout de même relégués quand d’autres se voient être rétrogradés administrativement, cela n’envoie clairement pas un bon signal au reste des dirigeants du football français…

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