Ligue 2 : Dijon et l’agneau Pascal

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Nommé à la tête du Dijon FCO juste avant Pâques, pour les neuf dernières journées de la saison à la place d’Omar Daf, Pascal Dupraz s’est vu confier une mission presque impossible : celle de maintenir le club en Ligue 2 alors que celui-ci compte sept points de retard sur les 14e, 15e et 16e. Ce personnage haut en couleur a beaucoup fait parler de lui au cours de sa carrière et ne laisse personne indifférent, ni dans la sphère dijonnaise, ni parmi les observateurs du football français.

« La critique est aisée, l’art est difficile », assénait Olivier Delcourt encore récemment dans l’une de ses nombreuses sorties médiatiques, une tradition en temps de crise au DFCO. Mais dernièrement, l’artiste en question traverse une période creuse en termes de créativité et d’inspiration, ses bonnes idées se comptant sur les doigts de la main depuis quatre ans. La nomination de Pascal Dupraz ce lundi 3 avril, ultime recyclage d’un coach qui n’a plus trop la cote ces derniers temps, est une nouvelle preuve que le président de Dijon est à court d’idées. Sans doute voyait-il les chances de laisser son club en Ligue 2 et de le vendre pour un prix honnête s’envoler avec Omar Daf aux manettes. Outre le timing très critiquable, ce « choix » s’imposait donc à lui, qui devait réagir au risque de tout perdre.

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Et pour le beau jeu malheureusement, on repassera ! Mais ce n’est pas comme si nous avions eu droit à quoi que ce soit avec le technicien sénégalais… Réputé pour sa préférence pour un jeu défensif et assez peu emballant, Dupraz est surtout connu pour une fin de saison mythique au TéFéCé, qui avait dix points de retard à la 28e journée de Ligue 1 (2015-2016) et qui a su s’extirper de la zone de relégation à la J37 pour avoir son destin en main lors d’une ultime séance à Angers. Même ses très nombreuses saisons à Evian Thonon-Gaillard (qui est pourtant la période lors de laquelle il est resté le plus longtemps en poste au haut niveau), en tant qu’entraîneur, directeur sportif et à nouveau entraîneur pendant trois saisons dans l’élite, n’ont pas autant marqué les esprits.

Il s’agit-là pourtant d’un petit exploit qui mérite encore plus d’être souligné que ce « miracle » de dix matchs, qui ne représente finalement pas grand chose sur le long terme pour un club toulousain qui a bien plus profité du changement de propriétaire après la descente en Ligue 2 quelques saisons plus tard que de l’aura de Pascal Dupraz, renvoyé du Tef’ un an et demi après sa nomination (malgré la cote énorme qu’il garde sur les bords de la Garonne).

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Suite à ces péripéties, ses deux dernières expériences sont un échec absolu. D’abord à Caen, où sa première saison ressemble à celle de Garande au DFCO (même si elle est interrompue par la pandémie de Covid). La seconde est bien plus décevante et voit coach Dupraz être démis de ses fonctions prématurément, alors que Malherbe n’est qu’à cinq points du premier relégable en Ligue 2. Enfin, cette prise de fonction loupée au sein d’une ASSE certes très mauvaise, au cours de laquelle il n’aura engrangé que 20 petits points en 19 journées de L1 malgré un mercato de janvier pour lequel il a eu accès à une vaste enveloppe pour se renforcer, échouant même à s’imposer ne serait-ce qu’une fois contre l’AJ Auxerre en deux matchs lors des barrages (pour rappel, Dijon et Patrice Garande battaient les Icaunais 3-1 au Parc des Sports et perdaient 2-1 là-bas cette saison-ci).

Mais plus que pour ses résultats sportifs médiocres – pour ne pas dire mauvais – depuis six ans, Pascal Dupraz est surtout tourné en dérision par les suiveurs du championnat de France pour un ego démesuré qu’il aurait développé, notamment suite à ses premiers exploits avec l’ETG et le TFC. Son amour de la mise en scène, des grands discours guerriers (qui rappelleront à nos lecteurs les six mois d’Antoine Kombouaré en Bourgogne) font souvent l’objet de critiques parmi les supporters de ses anciens clubs. Qui voient au mieux en ce Haut-Savoyard fier de ses origines un coach mental dans un costume d’entraîneur, au pire un acteur hollywoodien raté, dont le dernier documentaire sur sa pige stéphanoise n’a bizarrement pas été diffusée par Prime Video, après la déroute à Geoffroy-Guichard.

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« Je ne vais pas à la guerre avec des soldats qui ont des épées en plastique, moi […]. J’ai besoin d’admirer les joueurs que je coache » – Pascal Dupraz.

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Que ces quolibets soient justifiés ou non, on ne peut que s’amuser d’une telle nomination à ce stade, alors que le club est dans la pire période de son histoire et que le président lui-même est décrié de toutes parts. Mais s’il parvient empêcher une descente qui, il y a deux jours encore, paraissait inévitable (et semble toujours extrêmement difficile à éviter), alors nous pourrons revoir notre jugement à son égard. Pas envers la direction du club, qui a une nouvelle fois fait le mauvais choix en attendant si longtemps avant de réagir alors que le CV de P.D. était visiblement sur le bureau d’Olivier Delcourt pendant cette trêve internationale de mars, voire depuis plus longtemps encore…

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Quoi qu’il en soit, souhaitons bon courage au coach Dupraz, qui a l’occasion de devenir une légende du DFCO s’il parvient à atteindre ses objectifs, même si lui même avoue qu’ « il n’y a qu’une chance sur deux d’y parvenir » (sûrement encore moins, selon nous). Et s’il n’y arrive pas, il n’aura que l’embarras du choix pour trouver des excuses, notamment en pointant du doigt des joueurs et dirigeants incompétents, indignes de représenter le club. Mais ça, nous en étions déjà bien conscients

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