Le cas Xeka décortiqué

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C’est le dossier qui anime le mercato dijonnais depuis les toutes premières heures. Alors que le staff du DFCO aurait sans doute aimé pouvoir se concentrer sur les prêts d’Adam Lang et Dylan Bahamboula, sur le départ éventuel de Vincent Rüfli et sur une éventuelle opportunité comme l’avait été Chang-Hoon Kwon la saison dernière, c’est bien le sort du milieu portugais Xeka qui est au centre de toutes les attentions. Pourquoi ? Comment ? On fait le point et on vous explique tout.

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Xeka face au FC Metz

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Lille dans la tourmente

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Tout commence le 12 décembre dernier, lorsque la DNCG prononce à l’encontre du LOSC une « interdiction de recruter » dès le mercato d’hiver. En cause, des garanties financières apportées par les dirigeants nordistes jugées insuffisantes et un montage financier hasardeux qui ont poussé l’instance de contrôle à engager cette sanction.Une sanction dont l’équipe lilloise n’avait guère besoin. Très en difficulté sur le terrain, avec une inquiétante 18ème place à la trêve (19 points), chamboulé de l’intérieur par les choix contestables de la direction et de Marcelo Bielsa, démis ensuite de ses fonctions fin novembre, le club nordiste est au plus mal. Sans doute ses dirigeants espéraient-ils profiter de ce mercato hivernal pour renforcer leur effectif avec des joueurs d’expérience et ainsi sauvé le club de la relégation. Avec cette interdiction de recrutement, cette idée s’évapore. Le staff lillois se tourne alors vers la seule solution qui s’offre encore à lui : tenter de faire revenir certains de ses joueurs prêtés à d’autres clubs. Parmi lesquels, le milieu portugais du DFCO Xeka.

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Seulement, il y a un hic. Un club ne peut pas rappeler un joueur prêté en cours de saison, à moins qu’une clause spécifique n’ait été ajoutée au contrat conclu avec le club accueillant. Or, aucune clause de la sorte n’a été inclue dans le contrat de prêt de Xeka au DFCO. Le LOSC n’a donc aucun moyen de faire revenir son joueur, sauf si le DFCO accepte de son côté de rompre le prêt. Ce que le club bourguignon refuse, Olivier Dall’Oglio affirmant compter sur le portugais pour la fin de saison. De plus, l’attitude des dirigeants lillois ne pousse guère la conciliation. En effet, Luis Campos, le conseiller sportif du président lillois Gérard Lopez, a contacté directement Xeka pour lui faire part de l’intention du LOSC de le faire revenir, sans passer par les représentants du DFCO.

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Une attitude qui a motivé les premiers refus de la part du staff dijonnais (d’autant que le DFCO assume une grande partie du salaire du joueur) mais qui n’a pas découragé la direction lilloise. Le LOSC étant par ailleurs sur le point de perdre son capitaine et patron du milieu Ibrahim Amadou, qui a fait l’objet de plusieurs offres élevées (10M€ par Bordeaux puis 18M€ par Crystal Palace), Luis Campos est revenu à la charge, en promettant à Xeka de prolonger son contrat de 2 ans et de doubler son salaire (de 50 000 € / mois à 100 000 €).

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Xeka

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Et le joueur dans tout ça ?

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La question mérite d’être posée car l’on aurait tort de croire que Xeka n’a pas sa part de responsabilité dans la situation actuelle. En effet, Lille a cherché à faire revenir d’autres joueurs, notamment Martin Terrier, auteur d’un très bon début de saison avec le RC Strasbourg. Une éventualité catégoriquement refusée par les dirigeants alsaciens mais aussi par le joueur lui-même. Concernant Xeka, l’ambiance semble différente. Le Portugais ne serait en effet pas indifférent aux avances du LOSC.

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Trois raisons semblent expliquer cet état esprit : une forme de solidarité lusitanienne avec son compatriote Luis Campos, les promesses financières et de contrat faites par la direction lilloise et enfin, le rêve de pouvoir peut-être apparaître en fin de saison comme l’un des sauveurs du LOSC si le club lillois parvient à se maintenir. Une idée a priori un peu absurde mais qui colle assez bien à la personnalité du joueur, très sûr de ses qualités et persuadé qu’il peut aller beaucoup plus haut.Quant au respect envers le DFCO, qui l’a accueilli et fait travailler et jouer alors qu’il semblait parti pour un abonnement au banc de touche sous les ordres de Marcelo Bielsa, cela ne semble pas troubler le Portugais.

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Il faut dire qu’il n’en est pas à son coup d’essai. Son départ de Braga a en effet laissé des souvenirs plutôt amers aux supporters lusitaniens, Xeka ayant visiblement fait le forcing pour quitter le club après seulement une bonne demi-saison (en 2016-2017, pour ensuite rejoindre Lille), sans un mot de remerciement ensuite pour le club qui lui avait pourtant fait signé son premier contrat pro 3 ans auparavant. Une attitude carriériste et individualiste qui semble trouver un certain écho avec les atermoiements du joueur aujourd’hui devant les sollicitations lilloises.

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Le DFCO a-t-il raison d’être inflexible ?

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La réponse peut être différente selon le point de vue abordé. Sur le principe, les dirigeants dijonnais ont évidemment raison de ne pas céder aux tentatives lilloises, faites de plus avec une attitude plus que douteuse. D’une part parce que le DFCO a accueilli un joueur que son club ne désirait pas, l’a fait travailler, l’a fait jouer, a payé une partie de son salaire, lui a versé des primes de matchs, l’a mis en avant auprès des supporters etc. Ensuite, parce que les dirigeants dijonnais doivent légitimement être lassés d’être pris de haut par certains clubs de Ligue 1 : l’attitude hautaine de Montpellier lors de la tentative de transfert à l’été, la clause inique imposée par le Stade Rennais pour accepter le transfert de Wesley Saïd (empêchant le joueur de participer cette saison aux confrontations entre les deux clubs) et maintenant cette tentative grossière des dirigeants lillois, promettant monts et merveilles à Xeka en le contactant directement sans d’abord discuter avec le DFCO.

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Trop, c’est trop, et le président Olivier Delcourt tient sûrement à montrer un peu les dents. Enfin, parce qu’il n’y a aucune clause dans le contrat de Xeka permettant le retour du joueur au LOSC et que le DFCO ne peut accepter ce départ sans une compensation significative. Et comme le LOSC est interdit de recrutement par la DNCG, nulle question de compensation financière, qui pourrait être considérée comme un acte de recrutement. On pourrait penser qu’il y ait comme option une renégociation significative de l’option d’achat de Sliti, initialement fixée à 2,5M€.Du point de vue sportif, la réponse est sans doute moins tranchée. Si Xeka a réalisé plusieurs belles prestations et semble important aux yeux d’Olivier Dall’Oglio pour ses qualités techniques qui lui permettent de tenir le ballon au milieu de terrain, on ne peut pas dire pour autant que le Portugais s’est rendu indispensable dans l’effectif dijonnais, comme l’était rapidement devenu par exemple Mehdi Abeid la saison dernière.

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Ce dernier semble d’ailleurs enfin revenir à son meilleur niveau et constitue avec Romain Amalfitano le duo sans doute du meilleur niveau au milieu de terrain. De plus, bien qu’un peu plus en dedans depuis sa blessure de la fin d’automne, Jordan Marié a réalisé un début de saison tout à fait correct et figure comme une alternative crédible dans l’entrejeu. Sans oublier, que malgré ses 37 ans, Florent Balmont peut encore rendre des services et que les jeunes Eden Massouema et Samuel Robert peuvent avoir leur rôle à jouer, comme l’a eu l’an passé Valentin Rosier.

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Autrement dit, le DFCO est largement armé au milieu de terrain et sa 10e place à la trêve rend la présence du Portugais bien moins indispensable dans l’effectif qu’il semble lui-même le penser. En conclusion, on peut dire que le DFCO est, à tous points de vue, en position de force sur le sujet et tirera quoiqu’il en soit quelque chose de positif des événements à venir : soit une compensation quelconque en cas de départ de Xeka, soit un signe fort envoyé aux autres clubs de Ligue 1 pour cesser de considérer le DFCO comme un « petit » club si le bras de fer continue. On déplorera en tout cas l’attitude des dirigeants lillois, dont on peut comprendre le désarroi mais dont on ne saurait cautionner les méthodes.

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