Mercato DFCO – Julien Domingues, la tête dans les toiles

Le temps du mercato est venu pour le Dijon FCO, qui commence très fort son marché estival en National en s’offrant le meilleur buteur de la Coupe de France : Julien Domingues, redoutable finisseur de l’AS Cannes dont on ne connaît pas encore le plafond, malgré ses 29 ans ! Portrait d’un artiste aux nombreux chefs-d’œuvre.

Julien Domingues regarde au loin pendant la Golden Hour, à Cannes.
Nouveau chapitre, nouveaux objectifs pour l’attaquant phare de l’AS Cannes, qui a ébloui la France entière cette saison (photo Kevin Mesa/AS Cannes).

Il a dû prendre son mal en patience. Attendre la bonne opportunité pour s’épanouir, se révéler, briller sur la plus grande scène. Et à un match près, c’est à Saint-Denis que le DFCO, finaliste de la Coupe Gambardella, aurait retrouvé Julien Domingues, demi-finaliste de la Coupe de France, avec l’AS Cannes.

Le sort en a voulu autrement et, après un parcours digne des plus impressionnants de l’histoire du football amateur, les Cannois se sont malheureusement inclinés sans démériter contre Reims (1-2) après avoir sorti Grenoble (3-2), Lorient (2-1) et Guingamp (3-1), trois adversaires de Ligue 2, tous dans le temps réglementaire. En marquant plusieurs fois à chaque match, et des beaux buts par-dessus le marché, les Dragons se sont fait remarquer.

De l’inimitable Cheikh Ndoye au virevoltant Abbas – qui a d’ailleurs prolongé son contrat récemment – sans oublier le goleador Julien Domingues, auteur de 11 buts et meilleur scoreur de la compétition. Dont cinq rien qu’à partir des 32es de finale, stade auquel le DFCO s’est piteusement arrêté à Espaly. Un statut que jamais le joueur n’a connu, ni de près ni de loin, malgré quelques exercices relativement bons par le passé qui ne sont en aucun point comparables à la formidable aventure vécue cette saison.

Cette soudaine notoriété, l’attaquant de 29 ans l’a accueillie avec humilité, sans perdre la tête ni de vue son ambition. Et depuis son premier but en championnat cette saison, marqué le 23 novembre 2024, il ne s’est plus arrêté de marquer. Au point d’atteindre les 18 réalisations en N2 2024-2025, largement grâce à un repositionnement en pointe dont son coach Damien Ott peut être fier et à une capacité d’adaptation qui suggère qu’il se trouve encore un beau potentiel en lui.

Car Domingues n’était jamais durablement avant-centre, ni de formation, ni à son passage en senior. C’est dans les couloirs qu’il a majoritairement évolué au niveau national avant de croiser la route de l’entraîneur à qui Cannes doit beaucoup. Pour cette saison d’anthologie et avoir très nettement redressé la barre après un démarrage compliqué sous… Fabien Pujo, l’homme pressenti l’été dernier pour prendre la place de Benoît Tavenot à Dijon avant l’arrivée de Ridira.

AS Cannes Julien Domingues célèbre un but avec Cannes contre Guingamp en Coupe de France.
Surnommé l’acrobate, l’agile n°9 sera en représentation à Gaston-Gérard jusqu’en 2027 (photo Pascal Della Zuana/Icon Sport).

D’une manière générale, le natif d’Arles n’a pas connu un parcours linéaire. Formé à l’AC Arles-Avignon, celui qui a désormais pour passe-temps de dessiner et peindre ne sait pas encore qu’il a en lui tout d’un véritable artiste. Il arrête ainsi le football à 17 ans pendant une saison entière, avant de repartir… en Départemental 3, sans être fixé à un poste particulier.

Puis, c’est au Pontet qu’il gravira les échelons, jouant notamment contre l’AS Monaco B de Mbappé en 2016, puis à Endoume, Saint-Malo et Trélissac. Des clubs dans lesquels, s’il ne « floppe » réellement jamais, il ne reste pas plus d’un an. Notamment à cause d’une grave blessure aux ligaments croisés à Endoume – où il a été recruté par le très prometteur Grégory Poirier – visiblement loin derrière lui, et à la saison blanche du Covid vécue à Trélissac, interrompant des débuts invaincus en N2.

Cette instabilité prend fin à Cannes, où il vivra quatre très belles années. Sur la Côte d’Azur, il trouve du temps de jeu dans le club le plus grand et le plus ambitieux qu’il ait pu connaître dans sa carrière, même en N3. Aligné dans 106 matchs différents, ce n’est qu’au cours des 28 derniers qu’il parvient à réellement prendre son envol, grâce à son imprévisibilité, sa spontanéité, aux très bons services de ses coéquipiers (qui auraient clairement dû se mêler dès le début à la lutte pour la montée en N1) et à sa précision face aux cages.

Mais aussi à un gabarit tout sauf banal dans le football professionnel : grand (1,88m) et fluet, c’est de la tête notamment que Domingues se démarque grâce à ses nombreux buts et déviations assassines. Mais il a d’autres atouts, comme sa capacité à contrôler dans sa course, à réaliser des appels tranchants, à marquer en une touche ou à réaliser des reprises impressionnantes au-dessus de sa tête. Sa technique bluffante pour un joueur qui ne se révèle que sur le tard et son intelligence de jeu, louée par ses entraîneurs, en font sans doute la recrue idéale pour un DFCO qui manquait de tout cela, en plus de taille, dans la surface en 2024-2025.

Il ne faut toutefois pas imaginer qu’il arrivera à claquer 20 buts sans forcer ou sans service en National, et la quête d’un créateur digne de ce nom en n°10 ainsi que d’un concurrent à Moco, Diallo et Makutungu plus bas pour lui apporter de bons centres doit être l’une de nos priorités cet été. Mais sur le papier, avec l’anticipation qu’aura été la signature de Ntamack cet hiver, le mercato dijonnais pouvait difficilement mieux débuter. Et si Julien Domingues rime si bien avec Julio Tavares, on ne peut qu’espérer que les points communs ne s’arrêteront pas en si bon chemin…

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