L’amour est enfant de bohême, chante Carmen dans l’opéra éponyme de Georges Bizet, et celui du public Dijonnais pour le DFCO n’a jamais semblé aussi volatile qu’aujourd’hui. Si Dijon n’a pas impressionné vendredi 29 mars 2024, il faut lui pardonner et continuer à l’encourager pour prendre le plus de points possibles dans cette dernière ligne droite du championnat. Car malgré tout, l’équipe le mérite.
LE MATCH
Dijon FCO – Nîmes Olympique : 1-1 (1-0)
Buts : Ben Fredj (33e) pour le DFCO / Picouleau (46e) pour le NO.
Avertissements : Marié (21e) et Risser (82e) pour le DFCO / Mendy (86e) pour le NO.
Expulsion : Ben Fredj (55e) pour le DFCO.
- 4e : tir de loin de Walid Nassi, n’inquiétant pas plus que ça le gardien nîmois qui se couche dessus.
- 5e: Mbina part en profondeur, est rattrapé par Temanfo et tire très loin au-dessus de la barre transversale.
- 11e : Nassi est là pour prolonger du bout du pied un centre de Marié, ça passe juste à côté du poteau.
- 12e : c’est encore Nassi qui sent le mieux les coups mais sa tête au premier poteau n’est pas cadrée. Cela fait aussi deux fois que Fdaouch amène le danger de la gauche.
- 18e : quelques incursions des visiteurs dans les trente mètres dijonnais sont sans danger pour le moment. Notamment un coup franc de Picouleau mal botté.
- 23e : Mbemba prend de vitesse la droite de la défense dijonnaise à droite, s’écroule au sol dans la surface après avoir passé un petit pont à Etoga, mais l’arbitre ne signale rien.
- 28e : deux corners dijonnais sont bien défendus par les Crocos, la tentative de Kévin Schur à 30 mètres ne peut pas surprendre le portier adverse qui était avancé car trop enlevée.
- 31e : très jolie combinaison avec Ariss, qui envoie loin sur Ben Fredj dans la surface. L’avant-centre remet en une touche le ballon sur Fdaouch qui frappe en première intention, c’est paré en corner
- 32e : sur l’action suivante, Walid Nassi est sur un deuxième ballon et accélère en s’excentrant avant de se faire faucher dans la surface par Mexique. Le penalty est difficilement discutable.
- 33e : Mohamed Ben Fredj prend Paradowski à contrepied et marque son troisième penalty de la saison, 1-0 pour Dijon !
- 40e : une tentative de Mathis Picouleau de loin, complètement manquée, traduit plutôt la frustration des Sudistes qu’un véritable début de révolte à ce stade.
- 42e : Drouhin repousse un centre tendu venu de sa droite, il y avait danger cette fois-ci.
- 46e : immédiatement après le retour des vestiaires, Mathis Picouleau vient égaliser en suivant bien la tentative de Mbina qui s’était écrasée sur la barre, puis juste devant le but de Risser. 1-1.
- 48e : Fdaouch dévisse complètement en héritant du ballon dans la surface, complètement seul au point de penalty sur un corner repoussé… On ne peut pas autant rater une telle occasion !
- 50e : il faut une bonne couverture de Temanfo pour contrer cette frappe de Freddy Mbemba, en un contre un. Le corner consécutif est difficilement négocié par les Dijonnais.
- 55e : le buteur du DFCO Mohamed Ben Fredj est expulsé pour un contact duquel émane peut-être un peu de frustration mais qui ne paraît pas excessivement violent à première vue. Carton rouge direct, Dijon va finir à dix !
- 58e : Fdaouch tricote, dévisse et envoie sa frappe en sortie de but. C’était difficile à réaliser.
- 65e : un petit peu de maladresse technique et une mésentente permet à Dijon d’éviter un deuxième but nîmois, qui semblait s’approcher à vitesse grand V.
- 72e : Risser n’a pas à forcer son talent pour capter une tête de Mbemba assez peu puissante.
- 74e : l’entrant Abdoulaye Sané voit le chemin du but s’ouvrir devant lui, il feinte et laisse Makutungu placer sa jambe devant lui pour contrer sa frappe puissante.
- 82e : Sané obtient un penalty après avoir bien protégé le ballon devant Makutungu, en profitant d’une maladresse de Risser qui fait rempart de son corps.
- 84e : énorme double-arrêt de Robin Risser devant l’avant-centre nîmois sur le penalty ! Le portier prêté par Strasbourg est héroïque au sol sur une tentative – il faut le dire – bien mal frappée.
- 85e : N’chobi prend de vitesse le défenseur de Nîmes Mendy avec un élan très avantageux, le croco fait faute et est averti d’un carton jaune pour antijeu. Diouf couvrait mais la vitesse du Dijonnais semblait bien supérieure à celle de ses adversaires…
- 88e : Kader N’chobi est encore bien placé, il obtient un ballon qu’il frappe à l’entrée de la surface mais Paradowski sort une belle horizontale !
- 95e : le coup de sifflet final retentit : 1-1 entre Dijon et Nîmes, qui se neutralisent comme à l’aller et semblent décidés à rester ensemble encore quelques temps dans la même division…
Mise au point
Nous avons souhaité être clairs et nets pour ce résumé de match : non, Dijon n’a pas fait une partie incroyable, ne méritait clairement pas de gagner et n’a pas été volé ce vendredi soir à Gaston-Gérard. Peu d’occasions créées, beaucoup concédées dont la meilleure a été sauvée héroïquement par un gardien qui a prouvé plus d’une fois qu’il était compétent malgré son jeune âge, et un certain manque d’envie d’aller se mettre à l’abri entre l’ouverture du score (33e) et la mi-temps, nous aura coûté une victoire qui était sans doute accessible, mais peut-être pas juste sur l’ensemble de la soirée.
En revanche, quand nous voyons certains commentaires qui frisent l’indécence, sur les différents réseaux sociaux et forums traitant de l’actualité du club, il y a de quoi devenir fou. Mohamed Ben Fredj mérite-t-il l’acharnement dont il est la cible, alors que jusqu’à son expulsion son match était cohérent ? Même si sa saison n’est pas à la hauteur des attentes, et lui même est le premier à le savoir, le public dijonnais a la mauvaise habitude de prendre en grippe ses propres joueurs, même quand ceux-ci montrent des nets signes de progression sur les récents matchs. Le carton rouge lui-même était-il lui-même évident et mérité ? Difficile à voir à la fois des tribunes et en direct sur DAZN, peut-être y a-t-il un geste d’humeur mais si c’est de l’antijeu ou de l’excès d’engagement qui est reproché à l’attaquant, on peut penser à deux moments du match où nos opposants auraient eux aussi mérité pareil traitement.
« L’action se passe vite, commente MBF après le match (via Le Bien Public). Je veux aller presser le gardien et lui (le défenseur) m’a tenu. J’ai essayé de me débattre, mais il me tenait encore. Je pense que je fais un ‘’petit geste d’humeur’’. Il faut revoir l’action, mais l’arbitre l’a vu et a directement sanctionné. Ça n’a pas pardonné. »
Ce fait de jeu, qui a clairement donné un avantage à Nîmes sur la suite de la rencontre, nous a vu changer à deux reprises d’organisation, avec notamment deux changements en un pour remplacer un Irié tout juste entré, mais qui n’écoutait pas les consignes de Benoît Tavenot sur coups de pied arrêtés. Qu’on idolâtre le jeune attaquant ou qu’on soit indifférent à son égard, il faut là aussi être objectif : quand votre manager vous demande quelque chose et que vous n’en faites qu’à votre tête, vous êtes réprimandé. Pas forcément écarté d’un projet mais on ne peut pas vous laisser continuer sur cette voie-ci. C’est ce qui s’est passé avec le coach, qui a clairement fait comprendre en sortant dix minutes plus tard son protégé (remplacé par N’chobi) qu’il avait fauté.
Quatre sur six
Est-ce que cela veut dire qu’on ne reverra plus Irié ? Pas du tout, Tavenot ayant déjà usé de ce procédé pour recadrer Etoga sur la phase aller, quand celui-ci menaçait de se faire expulser dès la première mi-temps et semblait très nerveux. Depuis, le jeune homme a repris ses esprits et s’impose comme un joueur important pour l’équipe malgré son jeune âge et ses lacunes, tout en montrant bien moins « d’agressivité négative » qu’à ses débuts professionnels. Cette manœuvre a eu du bon et a servi à la fois l’équipe et le joueur.
Enfin, et nous voyons des supporters du DFCO s’inquiéter énormément sur ce sprint final (qui inclut des matchs très difficiles à manœuvrer sur les toutes dernières journées) : rappelons-nous que prendre un point en étant à dix pendant une mi-temps entière et à égalité au score sur ladite mi-temps n’est pas un mauvais résultat. C’est même plutôt intéressant de savoir avancer même quand les vents sont contraires, même si certaines équipes du ventre mou ou de la zone rouge se rapprochent. Car elles ne le feront pas à chaque journée et que Dijon, de son côté, a perdu la fâcheuse habitude de perdre plusieurs matchs consécutifs.
On peut déjà se réjouir de ça, même si on aurait tous aimé la victoire, et se rappeler que sous Tavenot, nous avons pris quatre points sur six possibles lorsque nous avons été en infériorité numérique. À Orléans : une victoire alors qu’Etoga était exclu à la pause (1-2 à la mi-temps, 1-2 score final). Contre Nîmes cette fois : un match nul en jouant 35 minutes (+4 de temps additionnel) à 10 (1-1 à la 55e, 1-1 score final). Quel entraîneur, quelle équipe de Dijon peut se vanter d’avoir un tel bilan et d’avoir su gérer un score en jouant presque un match entier au cumulé dans une position nettement défavorable ? Ça sera tout pour ce samedi, mais n’oubliez pas que nous ne sommes plus en Ligue 1, que nous ne sommes pas une équipe qui joue la montée et que nous sommes toujours qu’en phase de transition, avec un entraîneur qui – malgré les critiques qui peuvent lui être faites – n’a plus à prouver son implication dans le destin de Dijon et ses qualités certaines également. Espérons qu’enfin, de la stabilité et un mercato qu’il aura le droit de diriger lui-même cet été, c’est à dire pas comme en 2023, permettra enfin à l’entraîneur ainsi qu’à Dijon de briller.
@Novak
LES NOTES
Homme du match : Risser (7,8) : une première période sereine, un but encaissé dès l’entame de la deuxième, sur lequel il est abandonné par sa défense et ne peut pas grand chose. Son arrière-garde ne l’a pas beaucoup plus épaulé une demi-heure plus tard, l’obligeant à une sortie hasardeuse dans les pieds de Sané, entraînant un penalty. Une demi-erreur pour laquelle il s’est plus que rattrapé en détournant la tentative initiale puis la reprise d’un autre attaquant nîmois. Le point glané par les siens ce soir, il se sera arraché pour le sauvegarder.
Ariss (5,5) : parfois en difficulté sur les débordements de Burner, il a néanmoins tenu son poste, sans briller spécialement dans le jeu mais en montrant une bonne solidité au duel et quelques bons mouvements vers l’avant. Passe en piston droit au moment de l’entrée de Fofana.
Temanfo (6,5) : un match sur courant alternatif, marqué par d’excellentes interventions, très autoritaires, mais également par une certaine passivité sur le but nîmois comme sur l’action qui mène au penalty. Cela entache un peu une prestation par ailleurs plus que correcte.
Drouhin (6,0) : une partie sérieuse, malgré un peu de timidité dans certains interventions et, comme son acolyte de l’axe, un peu trop de passivité sur le but nîmois. Il continue toutefois de dégager une sérénité intéressante en vue de s’installer durablement au poste, avec ses dégagements qui nous ont bien permis de souffler.
Makutungu (5,4) : un peu en dessous de son rendement habituel. Défensivement, il a été globalement correct, mais a manqué de réactivité sur le but nîmois tandis qu’il s’est prendre de vitesse par Sané sur l’action qui mène au penalty. Offensivement, en revanche, cela a été le néant. On sait que ce n’est pas son fort mais sur ce match, ça a été vraiment trop peu.
Etoga (5,5) : l’un des Dijonnais les plus convaincants dans l’entrejeu. Solide à la récupération, ce à quoi il nous a habitué, il acquiert peu à peu de bonnes qualités de relanceur, avec une bonne lecture du jeu et une volonté récurrente d’orienter vers l’avant, ce qui est plus nouveau. Il poursuit sa montée en puissance.
Marié (5,3) : un match correct, avec quelques actions sur lesquelles il s’est arraché quand l’équipe avait besoin de solidité à l’arrière, mais une partition au final assez mièvre. On retiendra malheureusement que le « capitaine et enfant du club » n’a pas daigné aller saluer les supporters à la fin du match, contrairement à la plupart de ses coéquipiers. Remplacé à la 68e par Chahid, qui s’est bien démené mais a manqué de précision dans ses transmissions.
Schur (3,8) : pas une grande partie pour lui. Bien sûr, comme toujours il s’est battu, comme toujours il a fait le taf sur les replis défensifs et pour gêner les premières relances adverses. Mais il a souvent paru à contre-temps et s’est rarement montré juste techniquement. Remplacé à la 68e par Irié, qui ne sera resté que 10 minutes sur la pelouse. La raison : une absence totale de respect des consignes de placement sur coups de pieds arrêtés, qui risquait de mettre l’équipe en danger. C’est donc N’chobi, rentré à la 78e, qui a fini le match en pointe, en réalisant une entrée bien convaincante, dans la lignée de celle à Épinal.
Nassi (4,6) : très en jambes en début de match, avec une belle situation malheureusement non cadrée, il s’est peu à peu éteint, muselé par la défense nîmoise. Sacrifié sur l’autel du collectif après l’expulsion de Ben Fredj, il a cédé sa place à la 61e à Souici, qui a réalisé une demi-heure d’assez bonne facture, même si on a toujours le sentiment qu’il peut faire plus.
Fdaouch (4,0) : depuis plusieurs matchs, c’est plus compliqué pour lui. Encore ce soir, malgré une bonne activité dans son couloir gauche, il n’a pas apporté autant le danger qu’à son habitude. Coup de pompe de fin de saison ou manque de confiance ? Souhaitons en tout cas qu’il reparte vite de l’avant, tant sa méforme récente correspond au coup de mou du collectif… Remplacé à la 77e par Fofana, qui affiché autant d’envie que d’imprécisions techniques.
Ben Fredj (4,3) : le terme d’« ascenseur émotionnel » est souvent galvaudé mais correspond en l’occurrence parfaitement à la soirée vécue par l’attaquant dijonnais. Auteur d’une première période correcte, ponctuée par un penalty transformé avec beaucoup de sang-froid, il a vu cette copie encourageante barrée d’un trait de plume par un arbitre aussi lucide qu’un aveugle dans une ruelle sombre. Faut dire qu’à plus de 6 mètres de l’action, pas évident de distinguer un contact fortuit d’un coup de pied volontaire. Dans le doute, mieux valait sortir le rouge. En revanche, pas question d’y penser quand N’Chobi se fait faucher par un nîmois pratiquement en position de dernier défenseur, alors que l’attaquant part très clairement au un contre un avec le gardien. Bref, on s’arrêtera là sur le niveau de l’arbitrage du soir. Pour Ben Fredj, si en plus du manque de confiance, on lui rajoute l’injustice, ça va être compliqué…
@Gus21
NOTE MOYENNE : 5,3
Laisser un commentaire