[DEBRIEF] L1, J33 : Nantes – DFCO (1-1)

Enfin sur une bonne dynamique à l’extérieur, avec trois nuls et une victoire en quatre matchs, le DFCO se déplaçait à Nantes avec l’objectif de ramener au moins un point de la Beaujoire, pour assurer ainsi mathématiquement un maintien déjà considéré comme acquis. Et, pourquoi pas, pour rêver un peu plus haut. Les dijonnais ne repartent finalement de l’ouest qu’avec un seul point mais ont livré un match d’une grande maîtrise, prouvant qu’ils ont parfaitement entendu le message de leur coach : hors de question de gâcher la fin de saison !

Auteur de son 9e but de la saison, Chang-Hoon Kwon permet aux dijonnais de rapporter de Nantes un point amplement mérité

Les joueurs :

L’homme du match : Kwon (8) : déjà décisif lors de son entrée en jeu face à Marseille, puis auteur d’un bon match à Toulouse, en inscrivant au passage le seul but du match, le sud-coréen confirme son retour en forme sur cette fin de saison. Dans une attaque dijonnaise orpheline de ses deux meilleurs buteurs, Tavares et Saïd, il a été le principal danger offensif. Bien servi par le travail des autres milieux et par les déplacements de Jeannot, il a été un poison permanent pour la défense nantaise, qui n’a jamais eu une seconde de répit, tant l’ancien des Suwon Bluewings a fait courir des frissons à chaque prise de balle. Auteur de son 9e but de la saison sur un excellent service de Sliti et à l’issue d’un enchaînement contrôle-frappe ultra rapide dans un tout petit périmètre (65e), il s’est procuré la plupart des occasions dijonnaises et aurait peut-être pu s’offrir un doublé mais sa reprise en fin de match a manqué de puissance. Son meilleur match depuis sa période de feu fin 2017.

Reynet (6) : peu sollicité par une attaque nantaise maladroite et bien muselée par la charnière centrale dijonnaise, il a manqué de réussite sur le but nantais, entre le poteau qui renvoi le ballon dans l’axe et la main non sifflée de Sala, mais a été bien plus chanceux en fin de match lorsque le poteau a dévié extérieur une tête du même Sala. Pour le reste, il s’est surtout distingué en se montrant très propre et inspiré à la relance, mettant ainsi ses coéquipiers en position idéale pour construire leurs actions.

Chafik (7) : préféré à un Valentin Rosier qui tire un peu la langue en cette fin de saison, le marocain n’a pas ménagé sa peine pour rappeler qu’il a longtemps été titulaire quasi indiscutable sur le flanc droit de la défense. Il avalé les kilomètres, en se portant systématiquement vers l’avant lors des offensives dijonnaises et en proposant de nombreux appels, pas toujours bien utilisés par ses coéquipiers d’ailleurs. Un très bon apport offensif qui ne l’a jamais empêché de revenir sur les phases défensives et d’être rigoureux dans ses interventions. Un retour en forme pour celui qui espère enchaîner d’ici la fin de saison pour rejoindre la sélection marocaine en Russie.

Remplacé à la 75e minute par Rosier (non noté), qui a été plus mis en difficulté défensivement en un quart d’heure que Chafik pendant tout le reste du match. Décidément, le gamin a besoin de repos.

Varrault (7) : sur la droite ligne de son excellente prestation au Stadium de Toulouse, le vétéran dijonnais a de nouveau rendu une copie de grande qualité. Véritable patron de la défense, intraitable dans les airs, il s’est par ailleurs livré à un intense mano a mano avec Sala, dont il est généralement sorti vainqueur. Pas idéalement placé sur l’attaquant argentin sur l’action qui mène au but nantais, il n’a autrement jamais été vraiment pris en défaut. Bon, Cédric, franchement, tu es sûr de vouloir arrêter cette année ?

Djilobodji (7) : il est des joueurs que les retrouvailles avec leur club historique inhibent et rendent fébriles. Il en est d’autres que ça transcende. Clairement, le Sénégalais appartient à la deuxième catégorie. Très solide en charnière centrale tout au long du match, il s’est montré sérieux dans le marquage et le placement. Il a par ailleurs gratté beaucoup de ballons en anticipant bien les transmissions nantaises et en n’hésitant pas à monter d’un cran pour récupérer la balle plus haut. Présent également sur coup de pied arrêté, il a bien failli jouer un très mauvais tour à son ancien club. Si sa reprise sur le premier corner dijonnais du match (5e) a fui assez largement le cadre, il a ensuite, dans le même exercice, obligé Tatarusanu à une belle horizontale. Des retrouvailles plus que réussies avec la Beaujoire.

Haddadi (6,5) : à nouveau auteur d’une prestation solide, le tunisien gagne en régularité depuis quelques matchs. Il a été peu embêté par les débordements sur son côté gauche mais a bien su venir apporter le surnombre dans l’axe pour donner un coup de main à sa charnière. En témoigne ce retour parfait à la fin de la première période, en pleine surface, face à deux nantais. Offensivement, il a un peu moins apporté qu’à l’accoutumée, même s’il a encore adressé quelques bons centres dans la surface. A l’approche de la Coupe du Monde, il doit se montrer au niveau pour assurer sa place avec les Aigles de Carthage. Pour l’instant, il le fait parfaitement.

Amalfitano (6,5) : il a joué un peu plus bas que lors de ses derniers matchs, à ce poste sentinelle auquel on avait souvent été habitués à voir évoluer Medhi Abeid. Bon choix, car dans cette position, en jouant parfois quasiment comme cinquième défenseur, il a récupéré énormément de ballons dans les trente derniers mètres. Il a également été précieux à la relance, en offrant des solutions à sa défense et également en distribuant intelligemment, notamment grâce à un jeu long très précis. Son duo avec Marié a parfaitement fonctionné, les deux hommes se trouvant souvent en première intention et dans de petits périmètres. Indispensable.

Marié (7) : certains s’étonnent parfois qu’on ait la dent dure avec lui. Mais voilà, le voir rendre des copies insipides alors qu’il est capable de sortir des matchs comme celui qu’il a livré à la Beaujoire, forcément, ça agace. Car face à Nantes, il a été excellent. Une énorme activité dans toutes les zones de l’entrejeu, des ballons récupérés, des gestes techniques spontanés et parfaitement exécutés (un sombrero pour relancer le jeu, une bicyclette pour dégager devant sa surface…) et un réel apport dans la construction du jeu. Dans ce dernier exercice, il a joué comme on l’attend de lui : simple, souvent en première intention, mais précis et efficace. Sa très belle passe en profondeur pour Jeannot (18e) aurait mérité un meilleur sort. Et tout ça, il n’y est pas parvenu en forçant son niveau. Simplement en osant.

Sammaritano (4) : l’ancien auxerrois cultive un certain paradoxe. Souvent efficace et décisif lorsque l’équipe traverse des moments difficiles (tout le monde se rappelle de son ouverture du score l’année dernière à l’occasion du crucial Dijon – Nancy de fin de saison), il peine en revanche à briller lorsque la situation ne revêt pas ce caractère d’urgence. Et dans cette fin de saison où, le maintien en poche, les dijonnais vont maintenant jouer pour grappiller du bonus, c’est assez flagrant. Sur ce match, on ne peut pas lui reprocher d’avoir manqué de volonté et de mouvement, mais seulement, il a été quasi systématiquement à contre-temps. Difficile dans ces conditions d’apporter sa pierre à l’édifice. De plus, il a paru assez peu affûté physiquement. La seule déception de la soirée.

Remplacé à la 75e minute par Massouema (non noté). Pour sa troisième entrée en Ligue 1, la deuxième consécutive, le jeune milieu de terrain a paru un peu timoré. Il a essayé de jouer sobre mais aurait pu davantage oser devant. Il aurait surtout dû être plus agressif sur le porteur du ballon, car il a parfois manqué de tranchant, comme sur l’action qui mène au poteau de Sala. Mais l’apprentissage ne fait que débuter pour lui.

Sliti (7,5) : il aurait lui aussi tout à fait pu prétendre au titre d’homme du match, tant il a mis en souffrance l’ensemble de la défense nantaise pendant 90 minutes. Inspiré dans ses choix et tranchant sur ses prises de balles, sa technique balle au pied a fait tourner les têtes et vrillé les reins nantais. Sur le but de Kwon, il a littéralement déposé Rongier d’un coup de rein magistral avant de servir parfaitement le sud-coréen. En première période, il aurait pu ouvrir le score après un crochet inspiré sur une ouverture de Kwon mais sa frappe a manqué de puissance (22e). Et surtout, il aurait dû obtenir un penalty pour un grossier tirage de maillot d’Awaziem en pleine surface (40e). Le choix d’Olivier Dall’Oglio de le placer davantage dans l’axe que sur un côté a clairement été payant.

Jeannot (6) : il ne faut pas s’attendre à ce qu’il fasse du Tavares ou du Saïd. Tout simplement parce qu’il n’a le profil ni de l’un, ni de l’autre. Ce n’est pas pour autant que l’ancien lorientais n’a pas réalisé un match intéressant. Certes, il a parfois manqué de présence dans la surface, mais c’est notamment parce qu’il a énormément décroché pour participer à la construction, au boulot défensif et pour ouvrir des espaces pour ses coéquipiers. Il n’a pas touché énormément de ballons intéressants mais ses choix de déplacements ont eu une vraie valeur ajoutée. Il aurait pu être récompensé de son abnégation avec ce centre de Sammaritano mais sa tête, un peu trop décroisée, a fui de peu le cadre (52e). Touché en fin de match, il a dû céder sa place.

Remplacé à la 81e minute par Rüfli (non noté), qui a joué 10 minutes au poste de milieu gauche, Kwon prenant le poste d’attaquant. RAS.

Avec son compère Jordan Marié, Romain Amalfitano a livré un match de haut vol dans l’entrejeu dijonnais

Le match :

A Toulouse, les dijonnais avaient empoché les trois points, mais livré un match techniquement pauvre et sans relief. A la Beaujoire, ils n’ont finalement arraché qu’un point, mais dans le jeu, ils ont montré un tout autre visage. Largement dominateurs à la possession (58%), notamment grâce à un duo Marié – Amalfitano en feu, ils ont pu compter sur un autre duo, Sliti – Kwon, pour animer une attaque qui a déroulé un jeu léché, fluide, agréable et auquel il n’aura manqué qu’un brin de précision dans les derniers et avant-derniers gestes.

Derrière, les dijonnais ont été très solides et n’ont finalement été pris en défaut que sur une action confuse et entachée d’une main non sifflée. Ce fait, ainsi que le penalty non sanctionné quelques minutes plus tard sur Sliti, ont certainement empêché les dijonnais de ramener une victoire qu’ils auraient mérité, mais dans un show animé par Olivier Thual, prendre un point n’est déjà pas si mal. L’important est néanmoins ailleurs.

D’abord dans les chiffres, car avec 42 points, les dijonnais sont statistiquement maintenus, même si cette issue ne faisait plus guère de doute. Dans les stats ensuite, puisqu’avec ce match nul, le DFCO enchaîne un 5e match consécutif sans défaite à l’extérieur (4 nuls, une victoire). Rassurant pour l’équipe qui, à la 31e journée, était encore la pire équipe en déplacement. Dans le jeu et l’attitude enfin. En faisant preuve d’une telle maîtrise, en jouant de cette manière associant fluidité et sérieux, libération et rigueur, les hommes d’Olivier Dall’Oglio ont prouvé qu’ils avaient parfaitement entendu le message de leur coach, qu’eux non plus n’avaient pas l’intention de gâcher la fin de saison et qu’ils étaient capable de jouer libérés sans pour autant se relâcher. On ne peut que s’en réjouir.

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