Passée la défaite valeureuse mais cruelle face au PSG, oublié le but stratosphérique de Benjamin Jeannot et les parades de Baptiste Reynet. Au cours de la semaine, le DFCO a dû faire le vide pour se concentrer sur un rendez-vous moins clinquant mais bien plus crucial, avec ce déplacement à Metz. Le dernier qui recevait l'avant-dernier, c'était surtout l'occasion pour les dijonnais de se donner de l'air au classement tout en enfonçant un concurrent direct. Au final, le DFCO a dominé puis reculé, a marqué puis s'est fait peur inutilement, mais l'essentiel est là : une victoire, la deuxième de la saison, la première à l'extérieur et chez un adversaire dans la course au maintien. Bref, un contrat rempli. Et avec la manière.
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Les joueurs :
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L'homme du match : Varrault (7) : trois ans. Trois ans qu'il nous joue la même pièce, et qu'on ne s'en lasse pas. Trois ans qu'on se dit que c'est peut-être la dernière saison pour le capitaine dijonnais, la saison de trop. Et trois ans qu'il nous prouve le contraire. Car oui, qu'on se le dise, Cédric Varrault n'a pas encore l'intention de raccrocher les crampons et quand on voit la prestation qu'il a livré à Metz, on ne peut que lui donner raison. Le vétéran, qui fêtera ses 38 ans fin janvier, a commencé par faire descendre d'un bon paquet de degrés la température du stade Saint-Symphorien, en reprenant parfaitement de la tête un corner de Xeka, pour donner l'avantage aux siens dès la 10e minute. Il a ensuite tout fait pour ne pas laisser aux Messins beaucoup d'espoir de revenir. Solide dans les duels, impeccable au placement et jamais pris en défaut, il a également pu compter sur son duo avec Djilobodji, une entente qui avait déjà sauté aux yeux contre le PSG et qui a été de nouveau évidente. Un vrai match de patron, son 300e en Ligue 1, couronné par le 10e but de sa carrière et une victoire cruciale pour son équipe. Varrault, ce Benjamin Nivet dijonnais.
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Reynet (6,5) : après une prestation de haut vol face au PSG, le portier dijonnais a enchainé une deuxième sortie réussie et semble voir s'éloigner le spectre de son début de saison moyen. Impuissant sur le but messin, il a par contre été décisif sur toutes les autres tentatives cadrées des lorrains. Et si la tête de Nolan Roux à la 30e lui arrive dessus, on ne peut pas en dire autant de celle de Philipps (32e) ou de la frappe enroulée de Niane (72e), sur lesquelles il a sorti le grand jeu. Rassurant également sur ses prises de balle aériennes, il est en passe de retrouver la baraka qui avait tant servi au DFCO la saison dernière. Rassurant.
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Rosier (5,5) : moins en vu que la semaine passé, le jeune latéral, qui prend définitivement ses quartiers dans le onze de départ d'Olivier Dall'Oglio, est néanmoins à créditer d'une partie sérieuse. Défensivement, il a rarement été mis en danger, mais il faut dire aussi que la prestation cataclysmique de Nguette côté messin l'y a bien aidé. Malheureusement, il n'est pas suffisamment attentif ni agressif sur le but messin et se fait manger par Nolan Roux, sur qui il était au marquage. Une erreur qui vient un peu ternir son bilan, même s'il n'est clairement pas le seul fautif sur cette action. Offensivement, il a été intéressant, avec quelques très bons déboulés qui ont fait mal à la défense messine, mais il a souvent pêché dans le dernier geste. Remplacé à la 87e minute par Chafik (non noté), qui a eu peu de boulot défensif mais a eu plusieurs fois l'occasion d'apporter le danger dans la moitié de terrain de Metz.
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Djilobodji (7) : pour un peu, on pourrait lui faire imprimer un maillot aux couleurs de la célèbre affiche de campagne de François Mitterrand en 1981 : "La force tranquille". Car ce slogan du candidat socialiste dépeint à merveille la manière de jouer dans l'ancien nantais, particulièrement visible sur ce match. Un roc, un mur, impassable pour une attaque messine qui a bien du mal à se montrer au niveau. Comme d'habitude, il a également tout capté de la tête du haut de ses 1m93, ne laissant que des miettes à ses adversaires. Plus serein dans ses relances que lors de ses deux derniers matchs, il a retrouvé sa qualité dans le jeu long. Et comme face à Paris, son entente et sa complémentarité avec Varrault ont été flagrantes.
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Haddadi (4,5) : titulaire pour la deuxième fois d'affilée, le tunisien n'a pas vraiment effacé les doutes qui planent sur lui. Si on ne peut lui enlever son volume athlétique, sa volonté de porter le ballon vers l'avant et sa qualité de centre, ses largesses défensives posent toujours autant question. A Metz, il a beaucoup souffert face à Dossevi, très clairement le meilleur joueur du match côté lorrain. Il est d'ailleurs pris de vitesse par l'ailier messin sur l'action qui mène au but de Nolan Roux. Une action qui résume un peu le problème, car autant l'on peut comprendre qu'il puisse être dépassé par un joueur comme Dossevi sur une contre-attaque, autant sur une attaque placée comme celle-là, où il est de plus épaulé par Sliti, ce n'est pas pardonnable à ce niveau. Ces lacunes ne sont pas nouvelles mais il est à présent crucial qu'il travaille à les corriger.
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Amalfitano (6,5) : les synonymes et les variantes de tournures de phrases commencent à manquer pour décrire ses prestations, tant il fait preuve d'une régularité quasiment métronomique. Véritable lessiveuse dans l'entrejeu, il a énormément gêné les transmissions entre les milieux messins et a ainsi récupéré pas mal de ballons. Il a également fait dans le dépassement de fonction, en se projetant davantage vers l'avant qu'à l'accoutumée, notamment en deuxième période où la rentrée d'Abeid lui a permis de jouer un peu plus haut. Toujours aussi précieux, toujours un volume de jeu aussi énorme et une abnégation à toute épreuve. Bref, un modèle.
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Marié (4) : un bon premier quart d'heure puis… plus rien. Alors qu'il avait très bien commencé le match, à l'image de l'équipe, en étant agressif, volontaire et intéressant dans ses transmissions, il s'est petit à petit complètement étiolé après l'ouverture du score, au point d'en devenir transparent et de laisser des espaces béants dans l'entrejeu, que les milieux messins ont fini par exploiter. A sa décharge, sa sortie à la mi-temps n'a pas été qu'une conséquence de cette copie moyenne mais aussi d'une blessure, qui l'a peut-être gêné dans le jeu et empêché d'être aussi combatif qu'il l'avait été en début de match.
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Remplacé à la mi-temps par Abeid (6) : dire que le retour du milieu algérien était attendu dans les rangs du DFCO serait un doux euphémisme. Elément crucial de la saison dernière, véritable métronome de l'équipe, il a pris son temps pour revenir après son opération du genou mais il est finalement revenu. Et bien revenu. Il a mis un peu de temps à rentrer dans son match, semblant un peu craintif pour aller au duel, ce qui n'a rien d'étonnant pour un joueur qui revient d'une longue blessure. Puis est venu le temps de la régalade, avec cet enchainement roulette, remontée de balle, passe de l'extérieure du pied, puis cette belle frappe en angle fermé repoussé par Kawashima. A partir de là, il a retrouvé ses sensations et amené pas mal de liant dans un milieu dijonnais qui en avait parfois manqué en première période avec la perte de vitesse de Marié. Certes, il manque encore clairement de rythme, mais ces 45 premières minutes ont prouvé qu'il n'avait rien perdu, ni de son intelligence de jeu, ni de sa technique.
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Xeka (6,5) : Olivier Dall'Oglio avait semble-t-il fait le choix de le positionner un peu plus haut que sur les derniers matchs, afin de laisser pleinement s'exprimer ses qualités de relayeur et d'organisateur de jeu, sans qu'il ait trop à se préoccuper de la récupération, exercice loin d'être sa tasse de thé. Pari réussi, tant le portugais a été précieux dans le milieu dijonnais. Il a énormément aimanté de ballons et la plupart des actions dangereuses côté dijonnais sont passé par lui à un moment ou à un autre. Et techniquement, il a vraiment quelque chose. Il a été récompensé de ces belles dispositions par une passe décisive, avec ce corner parfaitement tiré pour la tête de Varrault. De plus, assez paradoxalement, il s'est montré bien plus agressif sur le porteur du ballon qu'il ne l'avait été jusque là. Il a été plusieurs fois l'auteur de ces petites "fautes intelligentes" qui ont mis un coup d'arrêt aux attaques messines lorsque les dijonnais étaient un peu désorganisés. De loin sa meilleure prestation dans le jeu depuis son arrivée au DFCO.
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Kwon (6) : une activité énorme sur son côté droit, avec beaucoup de ballons touchés, des replis défensifs rigoureux et surtout un jeu sans ballon excellent. Il a su systématiquement se placer entre les lignes, faire de bons appels dans l'intervalle, devenant ainsi un réel poison pour la défense messine. Il aurait pu se montrer décisif mais il a manqué de spontanéité, en ne frappant pas directement à la 27e (le contact avec Balliu est très léger et il n'y a rien de scandaleux à ce que l'arbitre ne siffle pas penalty) et de précision, en manquant le cadre à la 36e, alors qu'il était idéalement placé. Il a néanmoins ajouté une ligne à ses statistiques, en se voyant crédité d'une passe décisive assez généreuse sur le but de Sliti. Moins en vue après l'heure de jeu, il a finalement cédé sa place.
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Remplacé à la 76e minute par Saïd (non noté). L'ancien rennais n'a pas eu beaucoup d'occasion de se mettre en évidence et a fait quelques mauvais choix, mais il a également initié quelques bons mouvements, notamment en combinant avec Chafik en toute fin de match.
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Sliti (6,5) : il aurait pu avoir encore une meilleure note et être incontestablement l'homme du match côté dijonnais. A son crédit, une grosse activité, des gestes techniques, des actions très intelligentes et même des retours défensifs de grande qualité. Et bien sur, ce but magnifique dès l'entame de la seconde mi-temps, avec ce passement de jambes efficace et cette frappe croisée imparable dans le petit filet opposé de Kawashima. Seulement voilà, le tunisien a aussi pêché, et pas qu'un peu, par manque de spontanéité. Par trois fois, il a eu l'occasion de frapper au but, mais a voulu faire le crochet de plus et a perdu le ballon : à la 14e sur un beau décalage de Kwon, à la 88e après un ballon chipé par Amalfitano et surtout à la 92e, où il se retrouve seul face à Kawashima, a l'occasion de tuer le match en fusillant le gardien messin mais préfère faire encore des crochets et est finalement repris par Balliu. Alors au final, ces mauvais choix sont sans conséquence mais si Metz avait égalisé, ils auraient fait couler beaucoup d'encre. Le tunisien a lui-même reconnu qu'il devait progresser pour ce montrer décisif dans les derniers gestes. Revoir ce match va lui donner une parfaite occasion de travailler là-dessus.
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Jeannot (5,5) : peu d'occasion à se mettre sous la dent mais une belle activité qui contraste avec les matchs parfois transparents qu'il a pu livrer cette saison. Il a souvent proposé des solutions à ses milieux et n'a pas hésité à faire les efforts défensifs pour empêcher les messins de relancer proprement. Par ailleurs, on voit qu'il cherche à travailler sur le jeu en pivot, qui n'est pas forcément dans sa nature mais qui est précieux dans le jeu dijonnais et dont le spécialiste, Tavares, est blessé. Il n'a pas tout réussi certes, mais il a réellement essayé et ainsi pesé sur la défense messine. Au point de provoquer le pétage de plombs et l'expulsion de Diagne. Et puis, il aurait pu faire le tour de la planète pour une deuxième semaine d'affilée, si son magnifique retourné acrobatique, consécutif à un coup-franc de Sliti dévié par Xeka, n'avait pas été détourné par Kawashima (81e). Surtout, ce geste, comme d'autres dans ce match et comme son but contre le PSG, sont les signes qu'il est en confiance et reprend du plaisir à jouer, ce qui était son objectif en rejoignant le DFCO. On ne peut que s'en réjouir.
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Le match :
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Passer à deux doigts d'obtenir un nul héroïque contre le PSG, c'est bon pour la confiance, c'est bien pour la couverture médiatique mais, malheureusement, ça ne fait pas avancer au classement. Et à l'orée de cette 10ème journée de Ligue 1, les dijonnais pointaient ainsi à la 19e place (certes à la différence, puisque 5 équipes, de la 19e à la 16e place, avait le même nombre de points, 6), juste devant leur adversaire du week-end, le FC Metz. Pas le droit à l'erreur donc pour les hommes d'Olivier Dall'Oglio qui se devaient de gagner, pour se donner de l'air au classement et ne surtout pas voir les messins leur transmettre cette peu enviable place de lanterne rouge. De plus, les dijonnais se devaient de mettre à mal cette mauvaise habitude qui les a trop souvent vu réussir de très belles choses face aux grosses équipes avant de passer au travers contre les clubs de bas de tableaux.
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Fort de ce constat, les Rouges (en blanc pour l'occasion) ont pris les messins à la gorge dès le début du match. Largement dominant dans la possession (plus de 60%), auteurs de nombreuses actions dangereuses, ils ont logiquement ouvert le score, à la 10e minute, sur un but de Varrault sur corner. Seulement ensuite, le DFCO a commencé à reculer, de plus en plus, laissant de manière peu compréhensible les messins remettre le pied sur le ballon et reprendre confiance. Une attitude d'autant moins pertinente que le DFCO ne fait pas partie de ses équipes qui savent tenir le choc en défense en laissant les vagues arriver. Sans surprise donc, Metz a fini par égaliser juste avant la mi-temps, sur une tête de Nolan Roux.
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Au retour des vestiaires, les dijonnais sont revenus comme en début de match, bien plus agressifs, concentrés, précis dans l'organisation et c'est cette fois Naïm Sliti, au terme d'une belle action individuelle, qui a permis à son actif de passer devant à la marque. Cette fois, le DFCO a bien moins reculé, même s'il a encore trop laissé des messins pourtant limités se créer des espaces. L'expulsion de Diagne a permis aux bourguignons d'avoir encore moins de pression mais néanmoins les messins se sont montrés dangereux jusqu'au bout et surtout, Dijon s'est fait inutilement peur en ne parvenant pas à tuer le match, comme en ont notamment témoigné les occasions gâchées par Sliti. Au final, le DFCO a tenu et la conclusion est belle. Toutefois, cette perte d'allant après le premier but et ce manque de réalisme devant constituent deux chantiers de travail importants pour l'équipe, qui ne pourra pas toujours tomber contre une opposition aussi faible que celle proposée par le FC Metz.
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Ne boudons pas notre plaisir pour autant. Si le classement reste serré en bas de tableaux avec les victoires d'Amiens, Rennes et Strasbourg, cette victoire à l'extérieur, la première depuis le 28 janvier et une victoire à Lorient, est une vraie bouffée d'air frais et l'occasion, comme l'a répété Olivier Dall'Oglio, d'entamer une nouvelle série, alors que le DFCO a déjà affronté Monaco, Paris, Lyon, Marseille et Saint-Etienne. Prochaine étape, bonifier ce bon résultat à domicile, face à un étonnant FC Nantes, 3e du championnat. La partie s'annonce rude mais constituera un excellent test pour des dijonnais qui doivent à présent enchaîner pour s'éloigner le plus possible de la zone de relégation.
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