Alors que le DFCO s’apprête à recroiser la route du FC Sochaux-Montbéliard en championnat, on peut affirmer sans crainte que le voisin franc-comtois s’est sportivement bien remis de son traumatisme de l’été. Il affiche désormais des ambitions non négligeables avec au centre du projet un football spectaculaire, des acteurs économiques locaux ainsi que ses supporters, qui ont désormais un mot à dire dans la gouvernance du club.
« On peut enfin redire que c’est notre club », s’exclamait non sans joie un supporter de Sochaux répondant au pseudonyme Asekos contacté par nos soins cette semaine. Avant le match entre Dijon et le FCSM ce vendredi 15 décembre, les deux clubs de la grande région Bourgogne-Franche-Comté relégués de Ligue 2 ont connu des déboires différents mais sont désormais au coude à coude avec 22 points et regardent plutôt en haut qu’en bas du classement général. Alors que les suiveurs du DFCO, exigeants, ne se contenteraient sans doute pas d’une saison à vivoter en milieu de tableau, le Franc-comtois paraît plus que satisfait à l’idée de pouvoir encore voir du football professionnel à Bonal, alors que le club était à deux doigts de déposer le bilan quatre mois en arrière.
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« On vit chaque match avec un bonheur fou après ce qui s’est passé cet été. On a eu la peur de notre vie : celle de perdre notre club. On revient de nulle part, on pensait qu’on était morts. On a été lésés par les actionnaires étrangers et finalement, le duo Plessis-Wantiez est parvenu à mobiliser une quarantaine d’entreprises presque toutes franc-comtoises pour le sauver. Sans parler des Sociochaux qui ont été incroyables, avec une levée de particuliers de près de 700 000€, ce qui renforce l’unification et l’attachement des supporters avec le FCSM. »
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Sans oublier les collectivités locales (et donc le contribuable) qui ont participé à la sauvegarde d’une entité privée mais si importante pour le tissu économique et l’identité de la région de Montbéliard. Grâce à l’union sacrée, le FC Sochaux a pu poursuivre ses activités professionnelles. Non sans quelques licenciements économiques attendus et nécessaires, causés par la gestion cataclysmique des précédents propriétaires (le groupe Nenking) qui jetaient littéralement l’argent par les fenêtres et qui n’ont pas souhaité réparer les dégâts occasionnés. «Tout ça se termine avec un miracle parce que oui, arriver en N1, c’était un miracle. »
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Après une période si compliquée, même le grand nom du football français qu’est Sochaux au sein du championnat National aurait eu du mal à être compétitif en très peu de temps sans un recrutement méticuleusement orchestré par le staff et la direction sportive, incarnée par Julien Cordonnier. Les deux premières journées ont d’ailleurs été particulièrement difficiles pour les Lionceaux, ce qui était évidemment attendu. « On enchaîne quelques matchs sans marquer, notamment contre le GOAL FC… Mais on ne s’en plaignait pas car on savait que ça allait être dur. Malgré tout, j’aimerais souligner qu’en étant 14 000 dans le stade, même à 0-3, on chantait comme pas possible car on retrouvait notre club. On revivait, tout simplement. »
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Le FCSM parmi les équipes qui jouent le mieux en National
Et les supporters ont bien eu raison d’être patients puisqu’après une série de sept journées médiocres sur le plan des résultats (2V, 1N, 4D), la domination sochalienne presque systématique se concrétise enfin avec une bonne série n’incluant qu’une seule défaite (à Niort) lors des huit rencontres suivantes et surtout un nombre très intéressant de buts inscrits. De quoi ambitionner de faire partie du top 2 et d’être promu au mois de mai ? « Ce sujet-là divise beaucoup dans la communauté sochalienne. Dans ce championnat, tout est possible, on peut autant finir premiers que derniers. Ce qui est sûr, c’est qu’on est bien mieux qu’à une période […]. ,Le projet évoqué par J. C. Plessis n’est pas la montée, c’est de se sauver. Poser les bases d’une équipe pour ensuite jouer la montée l’année prochaine. Dans le pire des cas, les dirigeants se donnent trois ans pour le faire, c’est ce qui a été présenté devant la DNCG. Même si comme tout le monde, ils aimeraient remonter directement, car pour les finances rien n’est viable en National. Après, je ne sais pas comment on arrivera à garder certains joueurs si on reste en N1 une année de plus. Certains commencent déjà se montrer comme Noah Fatar, Kévin Hoggas… »
Sans parler de l’avant-centre Kévin Zohi, qui n’a pas été titularisé avant la J7 mais qui a complètement transformé le visage de Sochaux avec sa tendance à être décisif très régulièrement. Ce ne sont pas les individualités – certes très talentueuses – mais bien le collectif du club franc-comtois qui lui permet d’être au coude à coude avec Dijon à l’approche de la phase retour. « Quand on voit notre équipe jouer, on a l’impression de voir une équipe de potes, ça me semble être réel. Le groupe vit extrêmement bien, Oswald Tanchot a fait un travail de fou sur l’unification, il s’implique énormément dans la vie du club et ses autres équipes. »
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Une équipe soudée, un entraîneur qui a des idées et qui parvient à les appliquer, à pratiquer un beau football, un public largement supérieur à la norme pour ce championnat (au moins 8 000 supporters à domicile même en hiver) et une aventure qui fait rêver… Forcément, avec toutes ces belles promesses, la récente défaite à Niort (4-2) a fait mal aux supporters qui, sur les réseaux sociaux, semblaient fatalistes. Probablement à outrance. « J’ai trouvé les réactions disproportionnées également, confirme Asekos. Je pense qu’on était emmenés par une belle série et par le fait que le jeu de Sochaux était très beau. On a vu du tiki-taka en N1 alors la claque reçue à Niort était très difficile à encaisser mentalement, avec ce score très lourd. Ça nous a remis les pieds sur terre. Mais en soi, un faux pas à Niort n’est pas si catastrophique que ça, ils ont perdus face à Marignane, et nous on leur a mis 4-0. »
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Ce jeudi 14 décembre, à la veille du déplacement à Gaston-Gérard, les Sochaliens jouent gros sur un autre terrain que celui du DFCO : devant la DNCG pour leur audition de mi-saison. Un entretien qui révèlera si le FCSM est dans les clous, s’il peut continuer à se renforcer cet hiver ou s’il doit déjà se serrer la ceinture en prévision d’un été 2024 qui pourrait être compliqué. Cela serait un coup dur pour les ambitions des Doubiens, qui cherchent notamment un joueur pour faire la paire avec le Dijonnais et très solide Arthur Vitelli, passé par notre centre de formation. « On s’est rendus compte qu’il nous manquait un DC pour vraiment prétendre à aller plus haut, raconte notre contact. C’est la priorité de cet hiver et si on améliore la défense avec une attaque si prolifique, je pense sincèrement que nous avons notre carte à jouer sur la deuxième moitié de la saison. Sans oublier que l’on jouerait avec beaucoup plus d’automatismes qu’en août, où l’on perd six points d’entrée de jeu. »
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Le parcours du FCSM, aussi chaotique soit-il, force le respect et montre que des initiatives populaires telles que le mouvement Sociochaux sont possibles pour faire entrer dans l’actionnariat d’un club, même pour une part minoritaire, les gens qui le font vivre au sens premier du terme. Même si cela ne serait pas aussi facilement réalisable à Dijon – et surtout pas dans de telles proportions, on ne peut que saluer un tel engagement et admirer le renouveau d’une institution qui, un pied dans la tombe, se retrouve pourtant bien vivante. Peut-être encore plus que pendant ces neuf saisons consécutives en Ligue 2. Le football appartient aux supporters et nos clubs ne sont pas des produits financiers avec lesquels on peut faire des expériences, du trading ou que l’on peut réduire à une simple pièce d’un puzzle géant comme le voudraient les groupes qui font dans la multipropriété. Si cela peut paraître évident, il est malheureusement nécessaire de le rappeler.
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