Sh’nia Gordon, loin d’être une « rookie »

Arrivée cet été en provenance du FC Metz, l’Américaine Sh’nia Gordon s’est engagée avec le DFCO pour ce qui est seulement sa deuxième saison en pro. Pourtant, elle n’a rien d’une débutante. Âgée de 23 ans, elle a bouclé une splendide carrière universitaire outre-Atlantique au sein d’un des meilleurs programmes du « soccer » féminin, avant de devenir titulaire indiscutable à Metz. Retour sur son parcours dans un système encore méconnu en France, depuis sa saison au lycée à 59 buts jusqu’à son arrivée en France, en passant par la finale du tournoi NCAA.

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Sh'nia Gordon célèbre un but sous le maillot des West Virginia Mountaineers

Si elle n’a signé son tout premier contrat pro que l’année dernière, Sh’nia Gordon est loin d’être une débutante dans le football de haut niveau. Elle a déjà derrière elle une impressionnante carrière universitaire du côté de la West Virginia University, une des meilleures de son sport. Déjà longtemps avant d’entrer à la fac, la jeune attaquante floridienne avait une réputation de phénomène au lycée.

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34 buts en 13 matchs, 59 (!) buts en 20 rencontres. C’est le bilan statistique ahurissant de Gordon lors de ses saison junior et senior (équivalent des années de première et terminale) au lycée de Richmond Hill . Lors de sa dernière saison au lycée, elle a inscrit près d’un triplé à chaque rencontre en moyenne, soit plus de la moitié des 110 buts de son équipe des Wildcats ! Bilan statistique phénoménal auquel il faut ajouter 10 passes décisives mais aussi un rôle de leader technique qui mène son lycée au jusqu’au titre de champion régional en étant invaincu toute la saison, avant de se hisser jusqu’en quart de finale du tournoi de l’Etat de Géorgie.

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Un talent précoce dans la nation-reine du foot féminin

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Décrite comme une attaquante de pointe rapide et athlétique, Gordon est alors une des meilleures joueuses du pays à son âge : en 2015, le site de classement des jeunes talents TopDrawerSoccer.com la classe 2e dans le sud-ouest, et 22e au niveau national. Bien que peu significatifs à ce niveau et à cet âge, ces chiffres impressionnants montrent un véritable talent

précoce, confirmé par ses entraîneurs de l’époque. « Nia est la meilleure pure attaquante que j’ai vue au niveau lycée » l’encense son coach au lycée Steve Kollmann au Savannah Morning News: « sa combinaison de puissance, de vitesse, de vision du jeu, mais aussi son esprit de compétition et son éthique de travail présagent une carrière universitaire réussie ». Son entraîneur assistant ,Patrick Means ,ne tarit pas non plus d’éloges, pour Bryan County News : « C’est une des meilleures joueuses du pays, qui peut renverser un match avec ses qualités et sa volonté de donner tout ce qu’il faut pour gagner. […] Si elle continue de travailler aussi dur, « sky is the limit ». Je ne serais pas du tout surpris qu’on la voit un jour jouer pour l’équipe nationale ». Les mots sont très flatteurs, encore plus dans la meilleure nation du football féminin.

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Une superbe carrière universitaire avec finale NCAA à la clé

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A la sortie du lycée, « Nia » est courtisée par plusieurs universités dont les programmes de soccer féminin sont parmi les plus réputés. Elle choisit finalement de traverser les States du Sud au Nord pour rallier Morgantown et rejoindre l’université de West Virginia . Elle entame des études de finance en parallèle de sa carrière sportive en « college« . Une carrière remarquablement accomplie : Gordon sera une des joueuses majeures de la meilleure équipe de l’histoire de WVU.

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A son arrivée sur le campus, West Virginia est déjà une place forte du sport universitaire, et en particulier pour le soccer féminin. Quintuple tenant du titre de leur conférence, la réputée Big 12, les Mountaineers sont sur une série de 16 apparitions consécutives au Tournoi national NCAA. Mais sans jamais avoir dépassé le stade des quarts de finale, atteint pour la dernière fois en 2007. Pour sa première année « freshman » en 2015, Gordon s’installe directement comme une solide titulaire d’une équipe qui compte dans ses rangs les futures professionnelles canadiennes Ashley Lawrence et Kadeisha Buchanan, aujourd’hui respectivement au PSG et à l’OL. Enregistrant le meilleur bilan de l’histoire de l’université avec de 19 victoires, 3 nuls et 1 défaite, les joueuse de la coach historique Nikki Izzo-Brown se hisseront jusqu’en quarts de finale. seulement battus 2-0 par Penn State, futur vainqueur final. Individuellement, Gordon figure dans l’équipe-type des « freshmen » (premières-années) de sa conférence, après avoir débuté tous les matchs pour un bilan de 5 buts et 3 passes décisives.

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En 2016, les West Virginia Mountaineers sont de potentielles « contenders« , prétendantes au titre. En plus des deux internationales canadiennes, on retrouve Michaela Abam (futur 4e choix de la draft NWSL 2018, puis Paris FC et Real Betis) mais aussi Easther Mayi Kith (MHSC, prêté au FC Metz). Cette année-là, elles roulent littéralement sur la concurrence en saison régulière et signent un bilan de 19-1-1, pour finalement terminer championnes de leur conférence. Au NCAA Tournament, elles se hissent jusqu’en demi-finales après voir disposer d’équipes d’universités réputées, telles que UCLA ou Duke.

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Ce Final Four disputé à San José en Californie est le tout premier de l’histoire de l’école. Le 2 décembre 2016, elles affrontent la prestigieuse université de North Carolina , 21 titres de champion en poche, pour une place en finale. Comme à l’accoutumée, « Nia » est aligné sur le côté droit du trident offensif d’un 4-3-3. Dans la victoire 1-0 .de son équipe, notre future attaquante s’est distingué à plusieurs reprises par ses percussions, éliminations en un-contre-un, explosivité et vitesse. Voici certaines de ses meilleures prises de balle de ce match en vidéo :

https://www.youtube.com/watch?v=ABsTJCuO3Sw&list=PLaAdGsdw3AW91lbt5vpVs1Lwl01mRNXzM&index=11https://www.youtube.com/watch?v=u4LGa25S4GU&list=PLaAdGsdw3AW91lbt5vpVs1Lwl01mRNXzM&index=12https://www.youtube.com/watch?v=42CLMwbmBVg&list=PLaAdGsdw3AW91lbt5vpVs1Lwl01mRNXzM&index=13https://www.youtube.com/watch?v=hnxuENjZ3qo&list=PLaAdGsdw3AW91lbt5vpVs1Lwl01mRNXzM&index=14

Vainqueures 1-0 des Tar Heels, Gordon et ses coéquipières se qualifient pour la grande finale contre USC (University of South California). Elles s’inclinent toutefois 3-1 face à des adversaires plus réalistes, après avoir tiré 21 fois au but pour un seul goal. Notre néo-attaquante est à l’image de son équipe : entreprenante mais maladroite ou malchanceuse face au but, quand elle ne tombe pas sur une gardienne très en forme, comme l’illustre sa superbe frappe détournée en corner (0:30 dans la vidéo)

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Le « titre » de vice-champion national reste une véritable performance, historique pour l’université et sa génération dorée. Sur le plan individuel, Sh’nia Gordon réalise une très bonne saison : titulaire à tous les matchs, elle figure dans l’équipe-type du tournoi national après avoir inscrit 7 buts et distillé 3 passes dé. Une montée en puissance nécessaire alors que la plupart des meilleures joueuses de l’équipe quittent le cursus.

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L’année suivante, la Floridienne désormais dans sa saison junior endosse bien plus de responsabilités, sans parvenir à mener les Mountaineers au-delà des 1/8e de finale au tournoi national. Après une saison 2017 difficile où WVU rate le titre de conférence, son dernier exercice à l’université sera un grand cru. Gordon mène son équipe jusqu’au titre de champion de Big 12 2018, inscrivant 9 buts et 2 passes décisives en 22 matchs, et reçoit le titre de meilleure joueuse offensive de sa conférence. Au terme de sa carrière universitaire, elle est la joueuse la plus capée de l’histoire de West Virginia avec 95 rencontres disputées après 4 ans sous le maillot des Mountaineers.

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« Sa vitesse et sa passion la distinguent de la plupart des joueuses universitaires »

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Sa coach universitaire Nikki Lizzo-Brown la juge fin prête à passer dans le monde professionnel: « sa vitesse et sa passion la distinguent de la plupart des joueuses de football universitaire. C’est une athlète incroyable, et elle a beaucoup travailler pour perfectionner sa finition. […] Elle s’est durement préparé ce printemps pour intégrer les rangs professionnels. » C’est logiquement qu’elle se présente à la draft NWSL 2019, le championnat américain féminin équivalent de la MLS. Pas vraiment en bonne position dans les prédictions, elle ne figure finalement pas dans les 36 sélectionnées. Comme bon nombre de jeunes sportifs américains dans son cas, Gordon se tourne alors vers l’Europe.

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Une adaptation en France réussie au cœur du naufrage messin

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Pour la petite histoire, ce serait son père, ancien militaire ayant vécu en Allemagne, qui se serait « pris d’amour » pour le FC Metz et son équipe féminine d’après leur page Faceboo,k ! Direction la Moselle pour « Nia ». Un accord est trouvé en février 2019 pour la saison prochaine, mais la joueuse conditionne toutefois sa venue au maintien du club lorrain ! La native d’Ocklawaha débarque finalement dans l’est de la France en juillet, en même temps qu’un ,,important contingent nord-américain. Pas une franche réussite pour le club grenat, relégué à la fin de la saison sans avoir gagné le moindre match. L’entraîneur Manuel Peixoto déclare même à sa démission en janvier 2020 s’être ,,« fait avoir par l’effet américain« , regrettant « être allé chercher des joueuses dans des universités américaines en se basant sur le résultat du Mondial » alors « qu’elles n’ont, en fait, pas le niveau pour la D1 française« .

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Seule « éclaircie dans la grisaille » comme le titre le Républicain Lorrain, Sh’nia Gordon est une des rares à faire une bonne saison sur le plan personnel au milieu de ce marasme collectif. C’est elle la meilleure buteuse des Messines avec 3 réalisations, dont 2 face au PSG. Pour Gérald de Let’s Go Metz, « c’est la seule de la cargaison américaine qui a montré de belles choses. Une joueuse rapide, incisive, technique, dotée d’un sens du but et d’une bonne finition. ,Elle mérite d’être bien entourée et bien servie, ce qui n’était malheureusement pas assez le cas la saison passée. »

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Lors de son passage en Moselle, elle a montré qu’elle pouvait jouer à tous les postes de l’attaque, n’hésitant pas à repiquer dans l’axe malgré son profil d’ailière. Adaptation globalement réussie pour la Floridienne, qui a confié à D1 le Mag (portrait à partir de 7:17) avoir découvert un « championnat technique qui lui plaît » et correspond à ses qualités. Si Gérald de Let’s Go Metz nous avertit sur un possible désavantage physique face aux défenseures du championnat, Gordon juge surtout « devoir progresser sur les passes rapides et les combinaisons avec ses partenaires. En espérant qu’elle se montre aussi performante à Dijon qu’elle l’a été dans le reste de sa carrière, on vous laisse découvrir ce florilège de ses meilleures actions en college.

nhttps://www.youtube.com/watch?v=SO3z9pu-n-o

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