Se séparer de Dall’Oglio, une erreur dans l’évolution du club

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La nouvelle a produit l’effet d’un choc, ce lundi matin. S’il a tenté de justifier tant bien que mal la décision de se séparer d’Olivier Dall’Oglio, Olivier Delcourt a très probablement commis une erreur qui met en péril le projet du club. Car personne n’incarnait mieux celui-ci que l’entraîneur emblématique du club dijonnais.

Olivier Delcourt et Olivier Dall'Oglio

« Malheureusement, dans ce milieu, c’est souvent le coach qui paye. » Cette explication, avancée ce lundi par un Olivier Delcourt balbutiant, a de quoi laisser songeur. Lui qui s’est souvent vanté de miser sur la stabilité, et sa relation de confiance inaltérable avec Olivier Dall’Oglio, serait finalement tombé dans le même piège facile que tant d’autres clubs. Nous qui pensions le DFCO différent des autres, voilà que l’on tombe de bien haut. Au gré d’une conférence de presse dans laquelle il se contredit à plusieurs reprises, le président dijonnais a eu beau répéter qu’il s’agit d’une décision mûrement réfléchie et faite dans l’intérêt du club, il apparaît difficile d’être pleinement convaincu.

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Olivier Dall’Oglio est un homme qui a permis au DFCO de renaître. Dès son arrivée, il a transfiguré un club qui devait encore se relever du capharnaüm causé par le tandem Carteron – Gnecchi. Avec lui, fini cette équipe professionnelle cloisonnée que Patrice Carteron avait de plus en plus éloignée de ses supporters mais aussi des autres composantes du club. « ODO » a immédiatement privilégié la communication, le contact et les valeurs humaines que l’on attend d’une telle institution. Dès lors, la force du DFCO a été de pouvoir s’appuyer sur des personnes qui connaissent et aiment le club pour lui faire retrouver son esprit. La suite, on la connait, avec une progression exponentielle du DFCO « made in ODO ». L’architecte d’une ère dorée.

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Olivier Dall'Oglio

Se séparer d’ODO, c’est remettre en cause ce solide projet entamé il y a près de sept ans. Porté par un coach qui voit au-delà du football et des simples footballeurs en adoptant une gestion humaine qui fait sans doute trop défaut à notre sport aujourd’hui. Éducateur dans l’âme, il a permis à bon nombre de joueurs de se révéler. Impossible de ne pas mentionner les progressions impressionnantes de garçons issus du monde amateur tels que Júlio Tavares, Valentin Rosier, Pierre Lees-Melou ou Loïs Diony. Ou celle de Romain Amalfitano suite à son replacement, ou encore de l’éclosion récente d’Enzo Loiodice. Des choix et des risques payants. Il s’est en outre révélé comme un tacticien de qualité, lui qui prône un football offensif et esthétique, avec la conviction de proposer du spectacle sur la pelouse. Des vertus ayant grandement contribué à ce que Dijon glane ses lettres de noblesses auprès des observateurs.

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Une affection pour le jeu léché qui a guidé les mercatos ces dernières années. ODO a souhaité miser au maximum sur des profils de joueurs techniques, souvent de gabarits petits ou moyens (Naïm Sliti, Chang-hoon Kwon, Wesley Saïd, Frédéric Sammaritano, Romain Amalfitano, Jules Keita…) plutôt que des profils plus « athlétiques » comme le font d’autres. De cette philosophie résulte un effectif que certains entraîneurs auraient du mal à exploiter. Et, quand on voit le type de coach recherché par Olivier Delcourt (un entraîneur à poigne, différent d’ODO, capable de rebooster l’équipe… grosso modo un pompier de service), nous sommes légitimement en droit d’être inquiets.

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Alors évidemment, au cours d’une longue collaboration, il existe des moments délicats. La saison du DFCO jusqu’à maintenant n’est pas satisfaisante et le « jeu à la dijonnaise » a disparu. ODO a sa part de responsabilité. Mais il ne peut être considéré comme unique garant du recrutement estival raté, du nombre de blessés trop conséquent ou encore de la méforme chronique de certains joueurs. Notre coach allait moins bien sans doute. Plutôt que de s’en séparer – un licenciement qui devrait par ailleurs coûter près de 2M€ au club – il aurait fallu le soutenir davantage. Réaliser un recrutement judicieux cet hiver en posant peut-être plus de sous sur le table qu’à l’accoutumé. Le DFCO aurait pu ensuite repartir de l’avant et tirer les bonnes leçons de cette saison mitigée, finalement tout sauf anormale pour un club si jeune et inexpérimenté dans la cour des grands, et qui reste pour l’instant destiné à jouer le maintien.

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Olivier Dall'Oglio

Permettre à ODO de terminer, au moins, sa septième saison n’aurait été que la moindre des choses en retour de tout ce qu’il a apporté. Et si le président défend son choix, il est aussi probable qu’il n’a pas eu le courage de résister aux pressions des actionnaires. Il vaut mieux faire sauter le coach pour montrer qu’il réagit aux mauvais résultats, que de se mettre lui-même en danger… Foot business quand tu nous tiens. Pourtant, la saison dernière, Angers s’est retrouvé dans une situation similaire. L’état-major angevin aurait pu se détacher de Stéphane Moulin, entraîneur lui aussi en place depuis de nombreuses années dans son club. Mais non ; confiance lui a été maintenu et celle-ci fut dignement rendue avec une 14ème place à l’arrivée. Voilà une véritable relation de confiance. Celle que vantait Olivier Delcourt et celle en laquelle on croyait au DFCO. Elle n’était finalement peut-être qu’une illusion.

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Le DFCO perd ainsi un excellent entraîneur et un homme de valeurs. Ses qualités humaines font l’unanimité. Partout. Dans ses relations avec les supporters, la presse ou encore ses adversaires, il fait toujours preuve d’une classe rare dans ce milieu. Ses prises de parole, souvent intéressantes et réfléchies, ne font que confirmer. S’il figure incontestablement comme le meilleur entraîneur vu au DFCO, il demeurait également l’homme le plus à même de le développer sur le long terme. Sans lui, le projet du club est en péril. Et se retrouve dans le flou. Car il ne reste qu’une certitude désormais : remplacer Olivier Dall’Oglio sera une tâche difficile.

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