Il faut une première à tout. Après deux défaites inaugurales en Ligue 1, le DFCO recevait une redoutable équipe de Lorient, alors réputée pour sa qualité de jeu. Alors forcément, pour une première victoire historique en Ligue 1, le scénario ne pouvait qu’être mémorable.
C’était le 20 août 2011. Les Dijonnais ne vivent pas le départ escompté dans l’élite (défaites 1-5 contre Rennes et 2-0 à Toulouse) et ont besoin de vraiment lancer leur saison pour se rassurer. Pour l’occasion, un stade bien garni, avec notamment des milliers de personnes debout derrière les buts comme l’époque le permettait. Offensivement, Dijon présente des atouts intéressants dans son onze de départ (Bauthéac, Corgnet, Guerbert, Thil) mais derrière, il faut compter sur la légendaire charnière centrale Méïté – Zarour. De quoi avoir quelques sueurs froides, donc.
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Le début de match est idyllique. Lancé par Altama, Guerbert déborde côté droit et centre pour Thil qui coupe bien au premier poteau. Deux minutes de jeu et voilà le DFCO qui ouvre déjà le score ! Une entame rêvée pour se mettre en confiance. Cependant, la physionomie de la rencontre est largement en faveur des Merlus. Les protégés de Christian Gourcuff monopolisent en effet le cuir et se procurent de nombreuses occasions. Le DFCO se repose alors sur un jeune gardien qui vit là sa première à Gaston-Gérard : Baptiste Reynet. Déjà auteur d’une belle prestation à Toulouse en dépit de la défaite, le futur chouchou du public dijonnais se montre cette fois infranchissable, notamment face aux tentatives répétées de Quercia et Autret.
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Le tournant du match semble survenir après la demi-heure de jeu. Le poète Abdoulaye Méïté fauche sévèrement Julien Quercia par derrière, et au vu de la blessure, l’arbitre transforme logiquement sa biscotte en un carton rouge. L’ancien Auxerrois sort sur civière, et cette blessure marque le début d’une descente aux enfers pour lui qui ne s’en remettra jamais réellement. Quelques années plus tard, il est déclaré inapte pour le football au niveau professionnel, et reprend finalement le football dans le championnat luxembourgeois en tant qu’amateur.
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À 10 contre 11, le DFCO se contente donc surtout de défendre. Parfois de façon approximative, mais Reynet lui veille toujours au grain. Carteron fait entrer Brice Jovial, dont l’un de mes voisins de stade de l’époque est un grand fan. « Il se bouge pas le gros », analyse ce supporter énervé qui menace même d’aller en toucher deux mots à Carteron dès le lundi prochain à l’entraînement. Pendant ce temps, on se rapproche de la fin du match et les Lorientais commencent à perdre leurs nerfs. 88ème minute, un Merlu s’excite carrément après un ramasseur de balle trop lent selon lui. Après avoir violemment shooté en direction du panneau publicitaire pour montrer que vraiment, il est très très en colère, il effectue une touche un peu pourrie pour son gardien, Audard. Celui-ci entre dans une situation de stress total et manque son dégagement. Jovial est à l’affût, s’envole et fait le break d’un retourné acrobatique mythique.
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Le public peut exulter sur ce véritable coup de génie du si atypique attaquant dijonnais, tantôt adoré, tantôt détesté. Carteron est lui dans un état second et célèbre tel un but en finale de Coupe du Monde. Le réflexe des gens autour de moi est de se tourner vers le hater numéro 1 de Jojo, qui admet que « bon, là, ok… ». Pas de visite à l’entraînement du lundi, du coup. Dominé, bousculé, malmené, le DFCO décroche ainsi une première victoire en Ligue 1 dans la douleur, mais avec un grand cœur. Une abnégation hors-norme restée gravée dans la mémoire des supporters présents ce jour-là. Idéal pour faire entrer définitivement ce match dans l’histoire.
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