Le Havre 1-0 DFCO : la fin d’une ère

Très vite mal embarqué sur la pelouse de la meilleure équipe de Ligue 2, Dijon écrit la pire page de son histoire et descend en National, 19 ans après l’avoir quitté, en voyant l’adversaire du soir célébrer son titre de champion et sa promotion. Pour pouvoir rebondir, le DFCO devra nécessairement redémarrer un cycle avec de nouvelles personnes à sa tête et un tout nouvel effectif pour, en priorité, se maintenir en N1.

Pour le match du dernier espoir, le staff dijonnais et Pascal Dupraz font le choix surprenant de positionner Coulibaly dans le couloir droit à la place de Joly. Marié récupère une place de titulaire aux côtés de Thioune et Assalé, qui n’a pas joué depuis deux mois, remplace Walid Nassi (blessé) sur le banc.

LE MATCH

Très rapidement après le coup d’envoi et dans une atmosphère très impressionnante, un semblant de domination havraise s’installe et il ne faut qu’une seule véritable occasion pour permettre aux locaux de prendre les devants : sur un centre très tendu d’Opéri, le latéral gauche (qui avait un peu trop d’espace) centre vers un Josué Casimir qui surgit dans l’axe du but et se retrouve démarqué suite à un superbe appel que Fofana n’a pas suivi. Sa tête puissante est catapultée au fond des filets (1-0, 16e). Le danger va très souvent venir sur côté droit de la défense dijonnaise avec un Opéri intenable, qui se faufile dans la surface et force Reynet à la parade après s’être joué des deux défenseurs se trouvant sur son passage.

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La réaction du DFCO est plutôt timide avec quelques initiatives prises par Bryan Soumaré, dont les coups de pied arrêtés ne sont pas trop mal tirés mais la tactique roubladre des Havrais, qui tombent dans la surface au moindre contact, est payante. C’est alors que Fofana, que l’on retrouve souvent très haut sur la pelouse, parvient à adresser un centre à terre dans la surface à Le Bihan, que ce dernier reprend en pivotant vers les cages (24e), forçant Arthur Desmas à bloquer le ballon en deux temps.

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À l’opposé, le HAC procède en contre-attaque et c’est plutôt Dijon qui « contrôle » les débats. Contrôle entre guillemets, puisque malgré certaines situations menaçantes, il ne parvient pas à être beaucoup plus dangereux que son adversaire, qui trouve des petits espaces pour frapper comme Targhalline à la 28e minute.

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Dijon a plus de tirs mais n’est pas dans les bonnes dispositions, malgré les courses intéressantes de Bryan Soumaré qui fait mal sur ses contrôles et sa conduite de balle plutôt imprévisible pour le coup. Il se permet de réaliser un petit slalom dans une défense pour une fois désorganisée mais là encore, Arouna Sanganté coupe l’action en le découpant après avoir pris un petit pont. Tous les moyens sont bons et trois cartons jaunes plus tard (Opéri, Sanganté, Thioune), tout le monde rentre aux vestiaires.

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Les dix minutes de folie

Menée et contrainte à l’exploit en deuxième période, l’équipe dijonnaise va montrer un bon visage après la pause, un peu à l’image de ce qu’elle a pu faire contre Nîmes ou Paris dernièrement. Dijon domine les débats sur ces premiers instants et obtient corner sur corner, sans avoir la même réussite qu’Aké à la 37e journée. Certaines frappes sont tentées en déséquilibre mais c’est bien la défense du HAC qui, fidèle à ses habitudes, reste impénétrable sur les situations chaudes. C’est au final à la 53e minute que le film du match bascule, mais pas en la faveur de Dijon.

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Un missile venu d’ailleurs, une frappe fouettée et limpide de Bryan Soumaré dont il a le secret, pour sauver la mise comme à Annecy ou contre Bastia dernièrement, mais plus belle encore. Frustré par l’impossibilité de produire une occasion à forte probabilité de but, le milieu offensif se lâche avec un tir puissant et inarrêtable pour Desmas depuis les 22 mètres. Celui-ci s’écrase sur l’équerre du but du Havre, qui s’en sort bien car un but à ce moment-là du match dans un temps fort dijonnais aurait tout changé.

Une fois ce moment de folie passé, le DFCO semble désabusé et ne plus croire en ses chances de succès. C’est le leader qui se procure les meilleures chances, avec d’abord une barre transversale trouvée par Samuel Grandsir sur un ballon en angle fermé qui a failli lober un Reynet pourtant bien placé mais trop petit, qui se fait une frayeur (65e). L’attaquant était en position de hors-jeu, évidemment pas signalée par le juge de touche.

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Et comme la semaine passée, Dijon court après un résultat et se délite, à la recherche de ce but qui n’arrivera jamais. Ni les entrées d’Ahlinvi et d’Aké pour Marié et Silva (68e), ni celles cinq minutes plus tard de Thioune, Tchaouna et Coulibaly pour Pi, Assalé et Joly, ne parviennent à réellement impacter la rencontre ou mettre du rythme. Désespéré, Dijon se lance sans trop de consistance à l’assaut du but adverse et ne parvient jamais à gagner les deuxièmes ballons.

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C’est même le HAC qui obtient la meilleure occasion de la mi-temps avec un Reynet qui se troue un peu sur un ballon dont il aurait pu se saisir suite à un coup franc. Le latéral gauche du HAC tire après en avoir hérité mais heureusement Paul Joly est sur la ligne de but pour dégager ce qui aurait tué tout suspens. Les ultimes minutes de la saison ne tournent pas en la faveur de Dijon, qui après une poignée de centres et de tirs peu aboutis et bien négociés par la meilleure défense de Ligue 2, voit le temps s’écouler à une vitesse folle.

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La dernière situation de la partie tombe pour le DFCO et Daniel Congré, peu en vue jusque-là. Le centre de Mattéo Ahlinvi après un siège peu efficace de la surface du Havre se termine par une tête directement captée par le gardien, qui n’a finalement rien eu de sensationnel à faire ce vendredi soir. Les supporters pénètrent sur la pelouse pour fêter le titre et l’accession alors que l’arbitre n’a pas sifflé la fin de la rencontre et après 15 minutes interminables – au cours desquelles les Dijonnais restent dans leur vestiaire, le match reprend avec une seule équipe sur le terrain : Dijonest déclaré forfait.

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Désormais, le DFCO va porter réclamation auprès de la LFP pour les quinze secondes restantes de la fin du match qui n’ont pu être jouées, car bien évidemment cette équipe qui n’avait que très peu inquiété le gardien havrais allait pouvoir marquer deux fois dans ce laps de temps et sortir de la zone rouge. C’était au final une très grossière erreur, comme nous en parlions la semaine précédente, de chercher le match nul puisqu’il paraissait évident que Laval et Rodez n’allaient pas se laisser battre si facilement. Les deux ont gagné – ou sont en voie de le faire – et auront le droit de jouer en Ligue 2 la saison prochaine, contrairement à ce Dijon-ci, qui aura finalement toujours été dans la réaction, rarement dans l’action et encore moins dans l’anticipation.

Si descendre de Ligue 1 avec un total de point famélique il y a deux ans était quelque chose de triste mais bien concevable étant donné notre budget assez faible pour le championnat, descendre cette fois en National avec ce qui est estimé comme le 5e budget de Ligue 2 et un effectif de joueurs aussi expérimentés est un affront que nous, supporters, ne pardonnerons jamais. Alors si les responsables de ce fiasco total ont un minimum d’amour propre, qu’ils démissionnent sur le champ et laissent leur place à des gens plus compétents.

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Merci tout de même à Pascal Dupraz d’avoir eu le courage de venir dans cette situation et de nous redonner de l’espoir. Merci à certains joueurs de s’être révélés ou réveillés sur la fin alors qu’ils n’avaient rien fait de l’année (voire des deux saisons passées chez nous en Ligue 2). Mais tout cela était bien trop tardif et on ne joue pas 3 mois sur 9 de compétition sans être puni par les dieux du football. Si la place d’un club comme Dijon, en termes de budget et d’infrastructures, n’est pas en National, celle de la grande majorité des joueurs qui compose cette équipe et de son équipe dirigeante l’est belle et bien. Enfin, nous avons une pensée toute particulière pour les salariés du club qui voient leurs emplois menacés suite à ces résultats sportifs cataclysmiques et qui, eux, ne sont pas payés des dizaines de milliers d’euros chaque mois et auront plus de mal à se retourner que nos très chers joueurs.

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LES NOTES

L’Homme du match : Bryan Soumaré (6)

À son jeune âge (seulement 24 ans et 4 saisons en pro), le milieu offensif a été remarquable sur cette grande scène, pas impressionné par les 23 000 spectateurs qui voulaient sa peau. Il aura certainement de quoi retrouver une place en Ligue 2 très certainement dès cet été et n’a pas à rougir de ses neuf derniers matchs, lors desquels il nous a fait espérer.

Reynet (4,2) : impuissant sur le but encaissé, il avait tout de même les mains savonneuses à plusieurs reprises sur des ballons qu’il devait capter. Si on se doute que dégager sur Soumaré n’était pas son idée à lui, il y avait peut-être mieux à faire par moments sur le jeu au pied. Après avoir marqué les meilleures pages de l’histoire du DFCO, il co-signe l’une des pires avec une importance non négligeable dans sa chute inexorable.

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Coulibaly (4,3) : seulement une quinzaine de jours après le décès de son père, aligner Senou latéral droit dans le match le plus important de la saison n’était pas l’idée la plus inspirée, même si ça aurait donné de très beaux reportages si ça avait marché. Le feeling de Dupraz n’a pas fonctionné, mais on peut tout de même reconnaître que le défenseur a su accélérer parfois le jeu avec de bonnes passes progressives et quelques courses intéressantes dans l’axe du terrain. En revanche, il y avait trop de laxisme au marquage et il a laissé trop d’espaces à ses opposants, à l’image du but marqué. Remplacé par Joly, qui a épuisé tout son carburant il y a trois matchs, après avoir tout fait pour nous porter sur ses épaules depuis janvier…

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Touré (4,2) : moyen, comme assez souvent finalement, on ne trouve pas beaucoup de choses à reprocher à Zargo Touré si ce n’est son manque habituel de prise d’initiatives dans la construction. Peut-être aussi qu’il valait mieux laisser les autres faire, mais il n’a pas eu une grande influence sur la partie.

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Congré (2,7) : quelle mastercrasse de la part de notre défenseur central, le joueur le plus expérimenté sur le terrain au « haut-niveau », qui s’est planté sur toute la ligne dans ce match important avec des relances directement sur des adversaires, une lenteur qu’on ne peut pas lui reprocher (à partir du moment où il s’agit de limites physiques) mais aussi un sens du timing et des dégagements foireux… C’est lui qui aurait mérité de sortir pour Joly. Quoi qu’il en soit, ça sent la retraite à plein nez.

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Fofana (3,7) : très régulièrement en train de déborder à gauche, il n’a pas été aidé par le manque d’inspiration de son partenaire le plus régulier. Mais il est aussi coupable de certains oublis très problématiques, qu’on lui pardonnerait un peu plus s’il jouait piston dans une défense à 3 (ou 5), c’est à dire à son vrai poste.

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Thioune (3,3) : encore sujet à certains pétages de plombs intempestifs, le sujet d’étude numéro Th10uN3 a été très intéressant à décortiquer. La conclusion de nos recherches nous pousse à croire que n’importe qui peut devenir footballeur professionnel en France, à partir du moment où on court un peu, qu’on gueule après l’arbitre en permanence et qu’on se jette dans des tacles, même avec trop d’engagement. Remplacé à la 73e par Pi, qui a été occupé à… ah ben non, ne rien faire non plus.

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Marié (4,5) : même si son discours de fin de match – où il affirme s’être senti en danger – peut en étonner plus d’un, on n’a pas grand chose à lui reprocher dans l’envie sur le terrain. Il a réussi quelques mouvements et changements d’aile intéressants, mais a manqué de tranchant, de folie, pour nous sortir du pétrin. Remplacé à la 68e par Ahlinvi, qui avait la lourde tâche de devoir porter sur ses épaules le milieu de terrain dijonnais face à celui du Havre, le meilleur du championnat…

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Tchaouna (3,3) : on a rarement vu un gars avec une technique aussi médiocre. Ses seules qualités athlétiques ne le sauveront pas, ce n’est déjà pas suffisant (loin de là) en Ligue 2 et en Ligue 1, ça sera pire. Le Stade Rennais nous a bien floués. Remplacé à la 73e par Assalé, qui s’amuse à faire un cosplay de l’homme invisible depuis son arrivée il y a trois saisons. Il n’allait pas tout arrêter en si bon chemin !

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Silva (3,7) : ah oui, on a vu l’artiste. Capable de dribbler un adversaire mais jamais deux, Xande n’a jamais été suffisamment altruiste ou futé pour faciliter les actions et devenir le poison qu’on attendait. Merci pour rien. Remplacé à la 68e par Aké, qui n’a pas eu l’occasion de s’exprimer pleinement étant donnée la dynamique du match et l’impasse dans laquelle Dijon se trouvait.

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Le Bihan (3) : porté disparu sur la pelouse de son ancien club, avec peu de ballons touchés et une influence minime sur la rencontre. Si vous le voyez, n’agissez pas seul : il pourrait demander un salaire faramineux pour au final encore moins marquer votre club (en positif) que beaucoup de types qui ont pourtant beaucoup moins parlé dans les médias.

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MOYENNE : 3,9

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Chers lecteurs, merci à tous pour votre fidélité tout au long de ces dernières années très éprouvantes. Vous êtes la raison qui nous pousse à continuer à écrire sur ce club malgré les désillusions qui s’enchaînent. Nous vous proposons de voter pour vos joueurs, joueuses et moments préférés de la saison en cliquant sur le lien vers le sondage des très célèbres et prestigieux Dijon Show Awards.

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