Mais où est passé le DFCO ?

3-0. Le score est net et sans appel. En s’inclinant lourdement sur le terrain de Strasbourg, le DFCO enchaîne un cinquième match sans victoire et une quatrième défaite en cinq matchs, la troisième face à un concurrent direct. Pire, sur ces cinq rencontres, les Rouges ont encaissé 11 buts et n’en ont marqué qu’un seul. Bref, après un début de saison tonitruant, le DFCO vit un drôle de passage à vide. Mais au-delà de cette série négative, pas spécialement rare pour une équipe dont l’objectif premier reste le maintien, c’est dans la manière que le club bourguignon inquiète. Le beau jeu, qui a fait sa marque de fabrique depuis sa remontée dans l’élite, semble avoir disparu. Chronique d’une mauvaise passe dont il va falloir rapidement sortir.

Julio Tavares

Au moment de quitter la pelouse de la Meinau, les têtes sont basses et les yeux dans le vague. De l’autre côté de l’écran, la déception se mélange à la rage et l’incompréhension à la lassitude. A chaud, les joueurs minimisent, jugeant le score sévère. Chacun se fera son opinion, mais le constat est là. Pour la 4e fois en cinq matchs, le DFCO vient de s’incliner et pour la troisième rencontre consécutive, les Rouges n’ont pas inscrit le moindre but. Alors certes, des séries de mauvais résultats, le DFCO en a connues d’autres. Lors de la saison 2016/2017, entre fin octobre et mi-décembre, les Dijonnais avaient enchainé 8 matchs sans victoire (4 nuls, 4 défaites). Rebelote, entre mi-février et mi-avril, avec cette fois 6 défaites pour 2 nuls. Malgré une 11e place finale, la saison passée n’a pas non plus été de tout repos : à l’automne, le DFCO n’avait plus goûté à la victoire pendant 5 matchs (3 défaites, 2 nuls).

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Jordan Marié

Cependant, jusque-là, le DFCO n’avait quasiment jamais dévié de sa philosophie basée sur le beau jeu, de son ambition offensive et de sa créativité. Bref, de toutes ces qualités qui ont permis au club de se faire une place en Ligue 1 et d’attirer, parfois, la lumière sur lui. Mais pas cette fois. Et c’est bien là le principal souci. Depuis plusieurs matchs, le DFCO est méconnaissable. Un seul but marqué en cinq rencontres, une animation offensive défaillante, un manque cruel d’ambition dans le jeu et une fébrilité à tous les étages. Recroquevillé sur leurs bases, les Dijonnais semblent redouter plus que tout d’encaisser des buts et y sacrifient tout leur allant offensif. Le pire, c’est que les buts, ils en encaissent quand même. Pourquoi une telle situation ?

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Si l’on se borne à regarder les statistiques, la réponse semble claire : le manque de réalisme. En effet, sur les cinq derniers matchs, le DFCO a tiré 82 fois au but mais n’a cadré que 15 fois et inscrit seulement 1 but. Des ratios faméliques. Néanmoins, se limiter à la lecture des chiffres serait une erreur. Car si le DFCO a effectivement parfois loupé de grosses occasions, notamment Julio Tavares encore à deux reprises contre Strasbourg, nombre de ces tirs ont été effectués de loin, dans des positions excentrées ou encore au milieu d’une forêt de jambes. Bref, au terme d’actions de jeu où le DFCO n’est pas parvenu à créer des décalages. Timorés, empruntés, sans audace, les Dijonnais ne parviennent plus à mettre le feu.

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Senou Coulibaly

La raison de cela, c’est Senou Coulibaly qui la résume parfaitement lors d’une interview lucide : « De manière générale, il y a un manque de confiance, quand on a le ballon et quand on ne l’a pas… On joue un peu avec le frein à main ». Tu l’as dit, bouffi ! Le mal profond du DFCO en ce moment, c’est celui là : le manque de confiance. Un manque de confiance qui s’est installé petit à petit, d’abord par de mauvais résultats à domicile face à des équipes prenables puis à cause de la mise en place d’un système tactique pas du tout adapté à la philosophie de jeu dijonnaise.

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C’est là que la responsabilité d’Olivier Dall’Oglio entre en piste. En voulant à tout prix rassurer ses troupes et en recherchant la solidité avant tout, le coach dijonnais a choisi d’aligner des dispositifs très défensifs, centrés sur une défense à trois axiaux, qui ne marchent absolument pas. Les chiffres sont édifiants : en 5 matchs à 4 derrière, le DCFO a marqué 9 buts et en a encaissé 6 ; en trois matchs avec cette défense à 5, les Rouges ont également encaissé 6 buts, mais n’en ont marqué qu’un seul. Clairement, ce système n’est nullement adapté au DFCO et fait l’unanimité contre lui. En changer est impératif. Mais il traduit aussi le souci d’Olivier Dall’Oglio de ne pas réitérer une saison avec autant de buts encaissés que l’exercice 2017/2018. Seulement, à s’entêter dans sa recherche de solidité, le technicien dijonnais entraîne son équipe dans une spirale négative : les mauvais résultats poussent au replis, qui lui-même, inadapté au jeu dijonnais, entraîne d’autres mauvais résultats, qui conduisent à encore plus de repli et ainsi de suite.

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Jules Keita

En réalité, qu’on le veuille ou non, ce n’est que par le jeu que le DFCO s’en sortira. C’est l’âme de cette équipe, ce qui fait sa force, son attrait. C’est pour cela qu’on l’aime, qu’on attend avec impatience chaque match parce que l’on sait que même si, au bout du compte, la victoire ne sera pas forcément là, au moins, on se sera régalé. A vouloir jouer contre-nature, le DFCO se fait punir, et lourdement. La confiance, c’est par le jeu que les joueurs la retrouveront. Pas en recherchant une hypothétique solidité, dont la moindre faille fera voler en éclat le moral des troupes. À Amiens samedi, ce que l’on veut voir, c’est un système de jeu ambitieux (à mort la défense à 5 !), des joueurs qui osent, qui sont aimantés par le but adverse, des prises de risques, de la créativité. Bref, tout ce qu’on aime dans le DFCO. Et même si au bout du compte les Rouges ne ramènent pas les trois points, ce sera quand même une victoire : on aura, enfin, retrouvé notre équipe.

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Crédits photos : Vincent Poyer / DFCO

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