Quel avenir pour le DFCO ?

Si mathématiquement rien n’est encore officiel, le doute n’est plus permis. En s’inclinant à Lens, le DFCO poursuit une série de 6 défaites et de 9 matchs consécutifs sans victoire en Ligue 1. Avec 15 malheureux points au compteur, 6 longueurs de retard sur le 19e et la pire attaque du championnat, le destin de notre club est scellé. La saison prochaine, le DFCO évoluera en Ligue 2. Mais ce n’est pas une fin en soi.

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Soyons clairs : en 23 ans d’existence, le DFCO en a passé 6 dans l’élite du football français et 11 dans son antichambre. Il a battu le PSG, l’Olympique Lyonnais, l’OM et Monaco. Il s’est hissé en demi-finale de Coupe de France et a été la 5e attaque de Ligue 1. Bref, au cours de sa courte histoire, notre club nous a apporté des bonheurs que nous envieraient nombre de supporters. Et nos malheurs actuels ne doivent pas nous le faire oublier.

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Ils ne doivent pas non plus nous leurrer : malgré les dégâts que cela risque de provoquer parmi les salariés du club, il n’y a rien de déshonorant, pour un club comme le DFCO, à redescendre en Ligue 2. Cela peut même constituer une respiration salutaire. Ceux qui suivent les marchés financiers le savent : il n’y a jamais de progression en ligne droite et ininterrompue. Régulièrement, les marchés ont besoin de corriger pour mieux repartir de l’avant. C’est ce qu’on espère pour le DFCO.

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Pour ça, encore faudra-t-il se poser les bonnes questions. Même en faisant abstraction des résultats et du classement, il est difficile de voir aujourd’hui notre club autrement que comme un champ de ruines. Les cadres sont presque tous partis. La cellule de recrutement n’existe quasiment plus. L’identité de jeu a disparu. Et il y aurait encore beaucoup de choses à dire. Pour rebondir, le DFCO va donc devoir engager une profonde remise en question et tout rebâtir depuis la base. Histoire de nous projeter vers l’avenir plutôt que de remâcher notre peine, nous allons tenter, dans la suite de cet article, de réfléchir aux axes de travail prioritaires pour le redressement du club.

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1 – Retrouver notre ADN, préalable indispensable

Plus encore peut-être que le classement et les résultats, le pire crève-cœur de ces deux dernières années, c’est l’abandon de cette philosophie de jeu, offensive, spectaculaire, créative, ambitieuse, qui avait fait le bonheur des supporters et l’admiration des adversaires et des observateurs.

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Dans une interview récente, Olivier Dall’Oglio expliquait qu’au-delà de correspondre à sa vision du football, cette philosophie avait aussi été consciemment recherchée dans le but de rendre le DFCO attirant dans une ville plus marquée par son histoire de sport de salle que par le foot. Mission plus qu’accomplie, tant pour le spectacle que pour les résultats. Et au fond, une juste continuité. Car avant même l’ère Dall’Oglio, le DFCO a connu ses plus belles années lorsqu’il a pratiqué du beau jeu. Et à l’inverse, lorsqu’il a oublié cet ADN, il n’a jamais brillé, loin s’en faut. La période récente en est un cruel révélateur mais l’époque Serge Romano – Faruk Hadžibegić n’était pas beaucoup plus reluisante.

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C’est en regardant son histoire que le club doit se rendre à l’évidence : à Dijon, le salut passe et passera toujours par le jeu. C’est une chance, car c’est un ADN aux antipodes de la tradition de frilosité qui a trop longtemps dominé le football français. C’est un ADN qui réintègre le foot à sa place de spectacle populaire, qui donne envie de venir au stade, qui rend fier de son club et de sa ville. Cet ADN, le DFCO doit à présent l’affirmer clairement et en assurer la pérennité.

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Et ceux qui porteront les couleurs du club, staffs comme joueurs, doivent être choisis en ayant toujours en tête l’impératif de respecter et de faire honneur à cette tradition. Cela devra avoir des impacts dans le recrutement, au travers du profil des joueurs choisis (nous y reviendrons). Mais cela permettra aussi de renforcer l’image du club, notamment auprès des joueurs susceptibles de le rejoindre. Au-delà des questions financières auxquelles on n’échappe pas, donner à un joueur l’assurance qu’en venant au DFCO, il pourra s’éclater en jouant au ballon, cela peut permettre, parfois, de faire pencher la balance.

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Retrouver cet ADN, l’affirmer haut et fort et faire les choix, de stratégie et de personnes, à l’aune de cette ambition est un préalable impératif à toute reconstruction du club, car tout le reste en découlera.

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2 – Reconstruire la cellule de recrutement

C’est une évidence tant les départs successifs ont démantelé la cellule de recrutement du DFCO. Par ailleurs, si par le passé le club s’est taillé une solide réputation de dénicheur de talents, notamment dans les divisions inférieures, les derniers mercatos laissent un profond sentiment d’improvisation et de manque de repères. Là aussi donc, une profonde remise en question s’impose, au travers de trois axes. D’abord, évidemment, la restructuration de la cellule de recrutement, tant en termes d’organigramme qu’en termes de staffing. On sait qu’un responsable est recherché depuis plusieurs mois par le club, et il faudra sans doute lui adjoindre des ressources en hommes pour mener sa mission à bien.

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Ensuite, dans les moyens matériels et techniques alloués à cette cellule. En particulier, il semble plus que temps pour le DFCO de se doter d’outils performants de traitement de la data. Tant comme support aux entraînements et au suivi des joueurs que comme aide au recrutement, l’utilisation des données statistiques progresse de manière fulgurante dans l’écosystème footballistique, avec quelques francs succès à la clé. Par exemple, le Toulouse FC, toujours dans la course pour réussir son pari de remontée immédiate en Ligue 1, a fortement misé sur la data sous l’égide de sa nouvelle direction. Bien sûr, cela a un coût et nécessite de recruter des personnes qui savent utiliser efficacement ce type d’outil. Mais le jeu en vaut la chandelle, car il s’agit sans conteste d’un investissement d’avenir.

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Enfin, le DFCO va devoir remettre à plat sa stratégie de recrutement, sur les viviers à cibler et les profils de joueurs à privilégier. La rétrogradation en Ligue 2 permettra de renouer avec la tradition d’aller rechercher dans les divisions inférieures, ce qui était plus difficile en Ligue 1 à cause de l’ampleur de l’écart de niveau pour les joueurs débarquant du monde amateur. Par ailleurs, si quelques coups dans des championnats étrangers moins regardés peuvent être tentés (comme nous avons sur le faire par le passé avec Kwon, Haddadi ou Aguerd), il faudra privilégier les joueurs évoluant ou ayant déjà évolué en France, pour réduire au maximum le temps d’adaptation. Concernant les profils, la volonté de renouer avec une philosophie de jeu offensive et créative nécessitera de cibler des joueurs ayant une intelligence de jeu élevée, un bon potentiel d’adaptation et une certaine polyvalence. Le « QI footballistique » des joueurs devra dorénavant être un critère clé dans le recrutement.

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3 – Miser sur la formation

Nous évoquions plus haut le TFC à propos de l’utilisation de la data. Mais le club de Haute-Garonne doit aussi sa forme actuelle à son vivier de jeunes joueurs dans lequel il a pu puiser après sa descente. A ce jour, le DFCO ne peut pas en dire autant, même si nos équipes de jeunes disposent de quelques éléments prometteurs. La formation est clairement un domaine dans lequel le club a encore beaucoup à faire. C’est une volonté affichée de la direction actuelle mais cela représente un sacré défi.

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Notamment parce qu’en perdant la « prime » Ligue 1, le DFCO n’aurait plus grand-chose sur le papier pour rivaliser avec des centres de formation comme Auxerre et Sochaux, qui jouissent dans ce domaine d’une histoire et d’une réputation que nous n’avons pas encore. Sans compter la proximité de Lyon d’un côté et de Paris de l’autre. Il va donc falloir développer des atouts qui permettent au DFCO d’attirer des jeunes joueurs, essentiellement en post-formation.

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Cela passe par les structures et sur ce plan, le futur centre de formation actuellement en construction va constituer une arme solide. Cela passera aussi par la capacité du club à se différencier en matière d’accompagnement des jeunes. Dans ce domaine, le potentiel d’innovation est énorme tant le football est en retard. Coaching mental, instruction en parallèle, préparation à la fin de carrière, aide à la gestion du quotidien et des finances, éducation des familles… les possibilités sont nombreuses. Et cela peut constituer le petit plus qui décidera un jeune à venir terminer sa formation au DFCO plutôt qu’ailleurs.

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Enfin, une politique claire d’intégration des jeunes au groupe professionnel devra être définie. D’une part, cela permettra des échanges plus fluides entre la formation et le staff du groupe pro et d’autre part, cela constituera une motivation supplémentaire pour des jeunes joueurs à signer au DFCO. Evidemment, il ne s’agit pas de systématiser quoi que ce soit, le jugement sportif des encadrants restant le cœur de la réflexion. Il s’agit davantage de baliser le parcours potentiel d’un jeune qui franchirait avec succès les différentes étapes de sa formation. Et bien entendu, le fait d’affirmer un ADN de « beau jeu » doit permettre d’attirer des jeunes disposant de cette envie du jeu ainsi que d’une intelligence footballistique au-dessus de la moyenne.

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Ce chantier prendra du temps et il ne faudra pas compter sur la formation pour mener une opération « remontée immédiate » comme peuvent parfois le faire certains clubs. Néanmoins, là encore, il s’agit d’un investissement sur l’avenir. Pour avoir longtemps côtoyé la reconnue formation sochalienne, le nouveau directeur général Emmanuel Desplats aura sans doute une importante carte à jouer sur ce dossier.

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4 – Renouer des liens profonds et sains avec les supporters

Dernier pilier de la reconstruction mais non des moindres, les relations avec les supporters. Car les déboires rencontrés par le DFCO ces dernières saisons n’ont pas eu lieu que sur le terrain mais aussi en tribunes. Et si les choses se sont un peu calmées avec le retour des Lingon’s Boys au centre de la tribune Nord, les relations demeurent étranges, si ce n’est tendues.

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Dernier exemple en date : lors de la réception de l’Olympique Lyonnais, les Lingon’s Boys se sont vu refuser l’introduction d’une banderole dans le stade. Quelle banderole me direz-vous ? Un message agressif envers les joueurs ? Une critique virulente envers la direction ? Rien de tout ça ! La banderole en question mentionnait seulement « Bienvenue Maël » et avait pour but de féliciter un des membres actifs du groupe récemment devenu papa. A la lumière de cette information, c’est l’incompréhension domine. Et elle laisse place au dépit quand on apprend les motifs invoqués pour le refus : « les joueurs ne vont pas comprendre » et « on ne voit pas ça dans les autres stades ». Ubuesque (et faux pour le parallèle avec les autres stades). Et d’autant plus inacceptable qu’à peine 10 jours plus tôt, les mêmes Lingon’s Boys étaient venus encourager les joueurs à la descente du bus avant le match contre Strasbourg, une action félicitée et abondamment relayée par le club. A n’y rien comprendre.

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Encore une fois, le responsable de la sécurité et le référent supporters, à l’origine du refus, ont affiché des difficultés à gérer de manière sereine une situation pourtant simple et relevant directement de leurs fonctions. Et c’est malheureusement quelque chose de récurrent, en particulier du côté du responsable de la sécurité, dont le mépris envers les supporters ultra est de notoriété publique, ce qui alimente les tensions et les rancœurs. Il semble bien difficile d’envisager une reconstruction saine pour le club si de pareilles mentalités perdurent. Et ce d’autant moins dans une situation où l’union sacrée autour du club sera plus qu’importante. Lors de l’éviction du duo Luyindula / Jobard, le Président Delcourt parlait de resserrer les lignes. C’est une noble ambition. Mais cela passe aussi par la nécessité de faire sauter les blocages qui empêchent ce rapprochement.

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Il n’y a jamais de bon moment pour être rétrogradé. Et la période actuelle, plombée par les incertitudes liées au Covid et à la remise en cause des droits TV, est encore plus complexe. Mais le DFCO a déjà connu des moments difficiles et pourra se redresser. A condition d’entamer une profonde remise en question et une refondation depuis les bases. Nous donnons ici quelques pistes pour le redressement du club. Il y en a sûrement d’autres et, par ailleurs, rien ne sera possible sans le travail et l’implication de tous. Cette relégation à venir ne doit pas être vue comme un échec mais comme une opportunité de faire mieux à l’avenir et de revenir plus grands. S’il s’engage dans cette voie, le DFCO continuera à tracer sa route. On ne lâche rien.

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