Des joueurs qui, pour certains, « ne sont clairement pas au niveau », des entrants « qui doivent faire mieux » et, à l’horizon, un match de Coupe de France face à une équipe de National 2 : le match contre Saint-Pryvé Saint-Hilaire était a priori le moment parfait pour qu’Omar Daf apporte du sang neuf à son groupe, bouscule la hiérarchie et malmène un peu les égos, en offrant du temps de jeu aux jeunes joueurs qui s’entraînent régulièrement avec le groupe pro.
Dès la conférence de presse d’avant match, toutefois, les espoirs avaient été rapidement douchés. En indiquant vouloir aligner l’équipe « la plus compétitive possible », le coach Dijonnais semblait exclure tout turn-over massif. Interrogé sur le cas spécifique des jeunes joueurs, en particulier de Yanis Chahid, il avait répondu en évoquant la concurrence à son poste : « il se retrouve à un poste où il y a beaucoup de concurrence avec des joueurs comme Mattéo Ahlinvi ou Jessy Pi qui n’ont pas beaucoup de temps de jeu ». Comparer Jessy Pi et Yanis Chahid, les amoureux du foot apprécieront…
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C’est donc sans surprise que le groupe annoncé ne comportait aucun joueur issu de la formation à l’exception de l’ancien de Jura Dolois. Et si, contrairement au déplacement à Niort – pour lequel, 19e homme du groupe, il était resté en tribunes – le jeune milieu de terrain était cette fois sur la feuille de match, il a néanmoins débuté sur le banc. Dans le même temps, Jessy Pi, plus que décevant depuis son arrivée au club et avec seulement 36 petites minutes de Ligue 2 au compteur, était titulaire. Pour couronner le tout, après une demi-heure sur le pré, le gamin de 18 ans s’est retrouvé à pallier le manque de courage des « cadres » de l’équipe au moment de tirer le 5e tir au but – une situation que son entraîneur, décideur final de la liste des tireurs, aurait pu lui éviter…
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Le cas de Yanis Chahid est malheureusement un symbole criant de la gestion des jeunes, et plus généralement de son effectif, de la part du technicien Sénégalais depuis son arrivée. Alors qu’il affirmait dans une interview réalisée il y a quelques semaines et diffusée dans le dernier DFCO Mag ne « pas hésiter à faire jouer les jeunes lorsqu’ils sont performants », la réalité ne colle guère avec les mots : Walid Nassi, certes encore déficient dans la finition mais très performant pour créer des décalages, n’a joué que 260 minutes en Ligue 2 ; Reda Benchaa a fait une seule apparition, dans des conditions difficiles (chez le leader Bordelais, un penalty provoqué) et n’est plus reparu dans le groupe depuis ; Chahid, étincelant en préparation, n’a pour sa part jamais foulé la pelouse en championnat et n’a été sur la feuille de match que lors du 1e match contre Saint-Étienne.
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Quant aux autres néo-pros (Roche, Etoga, El Khamali) ou aux jeunes venus s’entraîner avec les pros pour pallier les absences (comme Grégory Lafontaine), aucun n’a eu le chance ne serait-ce que de s’asseoir sur le banc – même si beaucoup sont encore loin du niveau professionnel. Des statistiques édifiantes, qui mettent à mal le discours très « langue de bois » d’Omar Daf. Plus globalement, faire tourner son 11 type pour faire jouer la concurrence n’est visiblement pas son fort. Régulièrement critique face à l’état d’esprit, voire aux capacités, de certains joueurs, il lui a fallu attendre le scénario catastrophe face à Amiens pour faire quelques choix forts, notamment en envoyant Jacob en réserve après son mauvais match contre QRM. Léger.
Ces lacunes du Sénégalais ne sont toutefois pas totalement des surprises. A Sochaux déjà, club à l’ADN de formation pourtant très fort, sa gestion des jeunes était critiquée. S’il a d’abord compté sur les éléments issus du centre lors de ses premiers mois dans le Doubs, ce qui a notamment permis de révéler Maxence Lacroix, c’était surtout par défaut, tant l’effectif sochalien était limité à ce moment-là. Par la suite, ce fut portion congrue. En 3 saisons, seuls trois joueurs issus de la formation (Melvin Sitti, Rassoul Ndiaye et Alan Virginius) ont réellement eu du temps de jeu, les autres devant se contenter de quelques minutes par-ci par-là. De quoi laisser des regrets aux supporters doubistes que l’on a interrogés.
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« Sidy Diagne (aujourd’hui à Angers) pourrait être un futur regret, d’après certains observateurs de nos équipes jeunes », nous a expliqué La Sochalie. Même son de cloche du côté de La Gamberge Sochalienne : « Le cas Tebily a aussi été discuté et on nous disait qu’Hermann jouait moins car il n’avait pas de stats. Certes, c’est vrai mais son apport était tout de même supérieur à celui de Virginius ». Plus globalement, c’est aussi sa capacité à faire progresser les jeunes et à les mettre dans de bonnes conditions qui est mise en question. Si La Sochalie souligne qu’Omar a su faire progresser certains jeunes joueurs, notamment Maxence Lacroix qui « a toujours parlé en bien de Daf qui lui aurait apporté énormément pour progresser », cela semble relever de l’exception. Pour Gamberge Sochalienne : « il a tendance à peu faire jouer les jeunes contre les équipes de bas de tableau et les envoyer au casse pipe face aux grosses équipes. ».
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Au fil des réponses données par les supporters sochaliens et de nos observations depuis le début de la saison se dessine peu à peu un profil assez clair : celui d’un coach qui, sans être complètement réfractaire au fait des faire jouer des jeunes, ne va clairement pas prendre de gros risques à ce niveau (quitte à faire parfois des erreurs) et n’a pas non plus, pour ce qui est de faire progresser les jeunes et de les mettre dans de bonnes conditions, un ADN d’entraîneur-formateur. Une frilosité dans l’utilisation des jeunes qui trouve écho dans la gestion de son effectif avec cette difficulté à faire des modifications dans son onze de départ.
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Bien sûr, il ne s’agit pas de prétendre que les jeunes du DFCO sont tous des « cracks » et que les faire jouer est la solution miracle pour que le club sorte de l’ornière. Le problème est que, face à un effectif où beaucoup de joueurs ne sont pas au niveau moralement voire techniquement, se passer du sang neuf apporté par les jeunes est questionnant. Le problème est aussi que ces choix d’Omar Daf et son bilan à Sochaux sont assez éloignés de ses propres déclarations. Le problème est enfin que cela est en complète contradiction avec les affirmations d’Olivier Delcourt qui, lors de la descente en Ligue 2, expliquait vouloir bâtir une nouvelle ère en s’appuyant largement sur la formation – formation dont, selon nos informations, la qualité commence à être reconnue par les éducateurs bien au-delà des frontières de la Bourgogne. Ces constats laissent franchement dubitatifs. Et s’il semble clair qu’avec Omar Daf, le salut du DFCO ne passera pas par les jeunes, une autre question risque de finir par se poser : le salut du DFCO passera-t-il encore longtemps par Omar Daf ?
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