DFCO – Thomas Blot : « Je voulais montrer que je n’étais pas avec l’effectif pro pour rien »

Après trois années passées au DFCO, le polyvalent défenseur Thomas Blot est sur le point de refermer son chapitre dijonnais. Non prolongé par le club, le Mosellan, arrivé en catégorie U19, s’était dernièrement imposé comme le capitaine de la réserve. Depuis la rentrée dernière, il avait poussé son expérience footballistique à l’extrême en acceptant la casquette d’entraîneur de l’Olympique de Chaignay (D3). Un club qui a pu disputer la finale de la coupe de Côte-d’Or ce samedi 18 mai.

Le moment est déjà venu pour Thomas Blot de refermer le chapitre dijonnais de sa carrière.
Le moment est déjà venu pour Thomas Blot de refermer le chapitre dijonnais de sa carrière.

 

Bonjour Thomas ! Parlons d’entrée de jeu de ton nouveau rôle sur le banc. Comment passe-t-on de joueur du DFCO à entraîneur d’un petit club de Départemental 3 ?

« Je suis devenu entraîneur de l’Olympique de Chaignay fin septembre, début octobre 2023. Nous sommes un binôme de coachs avec Dorian Lauret. On bosse main dans la main, aucun des deux n’est au-dessus de l’autre. Je dois tout cela à ma chérie, car son cousin joue là-bas. L’été, on allait les regarder, c’était une super ambiance. En rigolant elle me dit un jour “Tiens Thomas, ils cherchent un coach”. J’ai hésité un petit peu. Mais comme j’ai comme ambition de passer les diplômes supérieurs en tant que coach, je me suis dit que ça pouvait être une super expérience. » 

Quels diplômes possèdes-tu et lesquels vises-tu ?

« J’ai mon BMF. C’est le DFCO qui m’a proposé de le passer, en contrat d’apprentissage. J’avais des cours que je devais valider en fin de saison, ce qui m’a permis d’être rémunéré et d’avoir des avantages pour le club. L’objectif, ce sera maintenant de passer mon BEF dans les prochaines années. L’année prochaine ou dans les deux/trois ans. Avec, tu peux entraîner jusqu’en R1 séniors et U17/U19 Nationaux. » 

Ton équipe a été championne de D4 (dernière division de district, plus bas échelon footballistique) en 2022-2023. De là, comment arrive-t-on en finale de coupe de Côte-d’Or ?

« Ce n’était pas la première fois ! On a malheureusement aussi perdu (aux penalties) l’année dernière, contre Tilles FC. Mais je dirais avec énormément de discipline et de travail. Mais pas forcément de cadre… Parce que ça reste un club de copains, une équipe de D3. Le but, c’est de pouvoir allier plaisir et performance. Ça passe par des séances d’entraînement très sérieuses à des sessions, à l’inverse, très ludiques. Histoire d’avoir un groupe soudé, du début à la fin. Sinon, énormément de discussions avec les joueurs, pour avoir leur ressenti avec les joueurs, ce sont les principaux acteurs. »

La rencontre se jouait qui plus est de manière assez exclusive à Gaston-Gérard… 

« C’était particulier pour eux, qui sont de Dijon, qui ont toujours connu le DFCO, et pour moi, qui suis joueur du DFCO, de jouer à la maison. Du début à la fin, j’avais envie de rentrer sur le terrain… Au final, on arrive à faire la part des choses et on reste concentrés sur l’objectif pour apporter le maximum aux joueurs sur la finale. »

Le staff de Chaignay à Gaston-Gérard.
Le staff de Chaignay à Gaston-Gérard. (Photo Jessye Lafranceschina)

Malheureusement, ce n’est pas le résultat attendu pour ton club : Chaignay bute sur la réserve de Longvic et s’incline en prolongations… Quels temps forts retiens-tu ?

« Moi, je ne vois pas ça comme une défaite. On a rien à leur envier. Alors, certes, le résultat est ce qu’il est et c’est dommage. Pour le coup, dans le jeu, dans ce qui a été proposé par l’équipe et les supporters, moi, je suis fier. On a eu un engouement exceptionnel, les joueurs s’en rendent compte. Les supporters commencent à mesurer l’impact qu’ils ont sur les performances de l’équipe. On est en train d’écrire notre petit conte de fée. J’en garderais que des bons souvenirs. Au-delà de la finale, qui restera à part, je me souviendrai du quart de finale. Ce fut l’un des plus beaux matchs. Au bout de dix minutes, on perd 2-0. On a senti que le club ne faisait qu’un entre le terrain et les supporters. Résultat 2-2 à la mi-temps et on s’impose 4-2. Avant la finale, le vendredi, après l’entraînement, je croise une mamie qui habite deux/trois rues à côté du stade et qui me dit “Dimanche, il faut gagner, on sera là pour vous encourager, allez”. » 

Chaignay et ses supporters.
Chaignay et ses supporters. (Photo Jessye Lafranceschina)

Seras-tu toujours le coach de l’Olympique de Chaignay à la rentrée ?

« Non, je ne serai plus coach du club à la rentrée. Car je ne serai plus joueur du DFCO par la même occasion. Mon avenir pour l’instant est encore incertain, il se dessinera sur les prochaines semaines et prochains mois. J’ai eu la décision du DFCO il y a une semaine, je ne serai pas prolongé. J’avais prévenu à mon arrivée à l’Olympique de Chaignay que tout dépendrait de mon activité de footballeur. Mais c’est quelque chose qui m’a fait du bien. Qui m’a sorti de la routine, très carrée, très professionnelle. Ça m’a permis d’avoir une autre vision pour être au meilleur niveau. » 

Quand tu jettes un coup d’oeil en arrière, y-a-t-il des regrets de ne pas avoir signé pro à Dijon ?

« Je suis arrivé en tant que U19. Par chance, pour ma première année, je fais la plupart de la saison en N3. J’ai pu avoir beaucoup de temps de jeu, m’imposer. La deuxième année, Axel (Drouhin) arrive, je prends le rôle de vice-capitaine. Dès le début de saison, il a eu la chance de pouvoir intégrer l’effectif professionnel. J’ai récupéré le brassard. J’ai gravi des échelons. L’idée, c’était de titiller le groupe pro. L’année dernière, je fais un bon nombre d’entraînements avec l’équipe une. J’avais pour intention de montrer que je n’étais pas avec l’effectif pro pour rien. J’avais envie de montrer que tous ensemble on peut se tirer, les uns les autres, vers le haut. »

Pour tes premières minutes en professionnel, le 3 mai 2024 restera à jamais gravé dans ta mémoire. Dans le temps additionnel, tu remplaces Jordan Marié sur la pelouse du stade Bonal de Sochaux. À ce moment là, à quoi penses-tu, avec l’adrénaline, tout doit se mélanger dans ta tête ?

« Je pense déjà à bien me placer… Parce que le coach me fait rentrer numéro 10 ! J’étais assez surpris, mais c’était top. J’ai dû gérer la pointe basse adverse. Je voulais juste prendre du plaisir, que ce soit sur tout le déplacement ou la journée du vendredi quand on arrive au stade. Bonal est un sacré stade pour du National, qui était rempli ce soir-là. J’ai eu la chance d’avoir mon père et ma mère qui ont fait le déplacement de Thionville (Moselle). Mais pour moi, Sochaux, ça n’a pas été un déclic. Ça ne se fait pas en une semaine. C’était la récompense de trois ans de travail, mais ça ne voulait pas dire que parce que je suis rentré, alors l’année prochaine, je signerai. Je l’ai plus pris comme la récompense d’un travail acharné que j’ai pu fournir. Je me suis dit que si je continuais ainsi, à Dijon ou ailleurs, j’aurai ma chance. Il faudra être là au bon moment. » 

(Photo DFCO)

Cette année, quels liens as-tu entretenu avec Benoît Tavenot ?

« La veille de match à Orléans, j’avais fait une semaine plutôt moyenne, j’étais malade en début de semaine. Ça m’a fait plaisir qu’il vienne me voir et qu’il me dise de ne pas lâcher. Parce que je fais, selon lui, de bonnes choses à l’entraînement. Et que dans l’état d’esprit, dans le travail, je réponds toujours présent. Que tôt ou tard, ça paiera. Que je m’accroche à ça. En tout cas, il a donné énormément d’opportunités aux jeunes, sur les matchs, mais aussi sur les séances d’entraînement. C’est à mettre aussi au crédit du staff de la réserve. Si en B, le travail n’est pas bien fait, ça ne sert à rien de faire monter les jeunes. C’est aussi un moyen de montrer que la formation dijonnaise travaille bien. » 

Au plus près des jeunes, quels profils as-tu vu émerger ?

« Je vais prendre l’exemple de Ben-Chayeel Hamada. Je le connaissais déjà : quand je jouais à Metz, il était à Nancy. Au début de saison, il a toujours répondu présent. Il n’a fait que de monter en puissance. Par son jeu, sa prestance. Là où il en aujourd’hui, c’est totalement mérité. Il avait déjà cette expérience de National à Nancy, il s’entraînait avec l’équipe pro là-bas. Ça s’est senti dès qu’il a intégré le groupe N3. Qu’il avait cette expérience en plus. Ce n’est pas un tricheur. Dans le monde d’aujourd’hui, il n’y a que comme ça qu’on sort du lot. »

Cette saison, l’équipe réserve termine son exercice à la 4e place, derrière la réserve de Sochaux et devant le Jura Dolois. Avec des résultats réguliers en début de saison puis une perte de vitesse en fin de course… 

« C’était un championnat assez costaud. On l’a très bien démarré. Après, on a senti que le fait de changer tous les week-ends d’équipe, ça a pas mal joué. On était rarement la même équipe deux semaines d’affilée. On voit même que les U19 se maintiennent à la dernière journée… Heureusement qu’on a fait le travail sur la première partie de saison pour avoir une deuxième partie plus relâchée. 

À l’inverse, la saison dernière, on joue très longtemps la première place, on loupe quelques matchs. J’ai en souvenir le match à Pontarlier (alors leader) où on arrache la victoire 3-2 avec un doublé de la tête de Zoran (Moco). C’est assez frustrant de se dire qu’on peut être champions mais de se dire qu’on ne peut pas monter (en N2, l’équipe fanion et l’équipe réserve doivent au minimum avoir deux divisions qui les séparent). Il faut réussir à garder ce sérieux. Car dès qu’on descend à la deuxième ou troisième place, on a tendance à se dire “Ce n’est pas grave, on ne pouvait pas accéder au niveau supérieur”. Mais on a toujours envie de gagner tous les matchs. Et champion de National 3, ça fait toujours une très belle ligne sur le CV. »

Décris-nous un peu quel capitaine est Thomas Blot ?

« J’ai tendance à dire que le brassard me sert juste à aller signer la feuille de match avec les arbitres. Avec le brassard ou non, j’ai une grande gueule, je vais faire que de parler et d’encourager, essayer de partager ce que je peux voir sur le terrain. Après ça, c’est sûr que j’avais cette relation de proximité avec le coach et le staff que certains n’ont pas. C’était un plus, j’étais le relais entre guillemets du coach et des joueurs. » 

Thomas Blot contre la réserve du FCSM.
Thomas Blot contre la réserve du FCSM. (Photo l’Est Républicain)

À qui voudrais-tu passer la main ?

« Izak (Akakpo). Pour moi, il a la prestance et les performances qui vont avec. Mais aussi la communication. Moi, ça me semble logique. » 

Aujourd’hui, avant de re-signer dans un nouveau club, as-tu toujours comme leitmotiv d’aller chercher ce fameux sésame qu’est un contrat professionnel ?

« Mon objectif, ça va toujours d’aller chercher le plus haut niveau possible. Si ce n’est pas à Dijon, ça sera peut-être ailleurs, je l’espère. À moi de fournir les efforts nécessaires. Je vais préparer des CV, des lettres de motivations, des petites vidéos que je vais envoyer à certains clubs pour faire des demandes d’essais. »

Nous gardions cette question pour clôturer l’interview : quel est le plus beau souvenir que tu garderas de Dijon ?

« J’ai passé trois merveilleuses années à Dijon. Que ce soit en réserve ou avec l’effectif professionnel. J’ai progressé, j’ai grandi. Je garde un petit peu de déception, ce qui est normal. Je remercie grandement le club pour ce qu’il a fait pour moi. Mais si je prends du recul, j’aurais tendance à dire Bonal. C’est incroyable, c’est un petit rêve de gosse. Tu rentres dans un stade, il y a près de 15 000 personnes. Tu arrives sur le terrain, t’as l’impression d’être rien du tout par rapport au reste. C’était magnifique. Je ne sais pas si ça joue mais d’être rentré en 10, je n’ai eu aucun stress… Je me suis vraiment senti savourer l’instant présent. Le soir même ou le lendemain à l’entraînement, beaucoup de joueurs sont venus me voir pour me féliciter. » 

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Commentaires

3 réponses à “DFCO – Thomas Blot : « Je voulais montrer que je n’étais pas avec l’effectif pro pour rien »”

  1. Avatar de Dogedevenise
    Dogedevenise

    Dommage..Garçon intelligent à qui on aurait pu laisser une anné de plus pour réussir avec les pros et qui risque de s’épanouir ailleurs.Pour l’image du club c’était une personnalité intéressante.

    1. Avatar de Gilles PACCAUD
      Gilles PACCAUD

      D’autant plus que l’ancien capitaine de N3, Axel Drouhin, a montré combien, avec de la confiance, cela pouvait matcher. Pourquoi ne pas avoir tenté, même une seule année …
      Maintenant, cette N3 doit être et rester un vivier mais ce sport business semble cruel.
      Toujours est-il qu’Axel, malgré une proposition, préfère la décliner pour la Ligue 2 et on ne peut que lui souhaiter une réussite à la hauteur de son talent.

  2. Avatar de Olivier Delcourt
    Olivier Delcourt

    Prolonge à Chaignay Coach. Ton avenir est la bas !

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