Arrivé au club en 2021 comme de nombreuses autres recrues estampillées Ligue 2, l’avant-centre quitte le DFCO deux ans plus tard avec quelques buts, un sentiment mitigé et une relégation dans les bagages. Il est temps de faire le bilan du passage de Mickaël Le Bihan à Dijon.
« Il y a un meilleur club qui est venu me chercher, pourquoi rester à l’AJA qui n’a pas montré une grande envie de me garder ? » : ainsi parlait Mickaël Le Bihan lors de ses premiers pas dans le centre d’entraînement flambant neuf du DFCO, interviewé par les médias locaux comme la nouvelle star de l’attaque dijonnaise. Et ils avaient bien raison de le considérer ainsi tant en Ligue 2, son expérience et ses qualités faisaient de lui un atout indéniable pour une équipe ambitieuse. Malheureusement, sa saison d’adaptation nous a vraiment laissé sur notre faim…
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Blessé à la cheville pour les premières journées au mois d’août et décrit comme étant en léger surpoids, Le Bihan parvenait tout de même à marquer deux buts sur ses quatre premières titularisations, prouvant bien – s’il le fallait encore – qu’il était redoutable devant le but. Un peu moins en vue en ce qui concerne la construction des actions de Dijon, alors dans une période très difficile (5 défaites en 6 matchs), l’avant-centre peut difficilement enchaîner plus d’une heure de jeu et voit ses prestations être relativement quelconques, pour ne pas dire mauvaises, lorsqu’il n’est pas impliqué dans un but. N’être titularisé que 22 fois n’aide pas à obtenir de très bonnes statistiques, mais cette présence régulière sur le banc ou à l’infirmerie se justifie facilement par un mélange de malchance ou de méforme physique. Et surtout de moins bonnes performances que son principal concurrent sous Patrice Garande : Aurélien Scheidler, moins doué techniquement mais certainement plus régulier et décisif.
Après cet exercice que l’on peut qualifier de médiocre (7 buts, 2 passes décisives en 31 matchs) pour un attaquant de son calibre, Le Bihan reste à Dijon pour la deuxième de ses trois années de contrat. Il est remis sur pied par Omar Daf et son staff, mais aussi par son sérieux en dehors des terrains. Plus « fit », beaucoup plus vif balle au pied, l’homme semble renaître et marque trois buts sur les cinq fameuses journées qui placent le DFCO sur le podium du championnat. Logiquement récompensé de son investissement par une place plus importante encore dans le onze de départ, ses performances sont parfois plus décevantes comme à Bastia, contre Le Havre aller-retour, à Guingamp et globalement contre les grosses équipes. Contraint de faire au moins 80 minutes à chaque match à cause du manque de concurrence, Le Bihan s’émousse et ressent, comme le reste de l’équipe, quelques coups de mous, qui sont parfaitement normaux dans une saison – encore plus quand on est obligé de jouer à tous les postes à la fois…
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Dans un groupe qui semblait très peu concerné par l’avenir du DFCO et sa possible relégation, le Breton faisait office de leader et, s’il n’a porté le brassard qu’à six reprises, son importance dans le vestiaire est indéniable. On peut d’ailleurs facilement faire le lien entre le sursaut de l’équipe après la venue de Dupraz et la forme de MLB, décisif cinq fois en six journées (dont une manquée pour une petite blessure musculaire). Mais comme depuis deux ans, il aura plus de mal dans les deux matchs les plus importants de l’année, aux J37 et J38, paraissant physiquement et mentalement épuisé par une saison éprouvante. Mais au moins on ne peut pas lui reprocher un manque d’efforts.
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Pas de belle histoire au DFCO, mais des émotions
S’il était loin de répondre aux grandes attentes placées en lui en 2021, on peut probablement dire la même chose de toute l’équipe dijonnaise sur ces deux saisons. Et même s’il a pu parfois agacer les supporters à force de tenter le crochet de trop, qui le faisait souvent louper une fenêtre de tir, il est difficile de lui faire des reproches sur sa saison n°2 en Côte d’Or. Peut-être était-ce le temps de s’adapter ? Peut-être lui a-t-il manqué un bon joueur pour le relayer en 2022-2023, alors que la concurrence établie avec Scheidler ne l’avait visiblement pas tiré vers le haut ? Au final, l’attaquant parti depuis à Bari a des statistiques similaires à celles de Le Bihan si on compare leurs meilleures saisons chez nous, ce qui peut nous faire nous questionner sur le rendement du natif de Ploemeur qui touchait au DFCO l’un des salaires les plus importants de Ligue 2.
Même si ses buts marqués n’ont pas permis à Dijon d’accrocher un maintien, difficile d’en vouloir à un homme qui a fait partie de ceux qui n’ont pas triché dans ces mois compliqués. En ravivant, au passage, l’espoir et en faisant vivre de bons moments à ceux qui en ont bien trop bavé depuis trois ans. Le Bihan s’est révélé comme un joueur précieux de notre effectif, capable du meilleur comme du pire, mais avec un talent particulier dont personne ne peut douter.
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MLB a souvent été le rouage le plus important pour déterminer si l’équipe allait l’emporter ou non. Et vu nos dernières saisons, ce n’est pas lui qui sera désigné comme le premier coupable pour avoir flanché dans les moments clés. Mickaël Le Bihan à Dijon, ça aurait dû être une belle histoire et peut-être même une ligne ou deux dans le livre d’or du DFCO. Une rencontre dont on aurait dû reparler dans 50 ans comme l’événement déterminant dans la troisième montée du club en Ligue 1. Elle se termine malheureusement en eau de boudin ne nous laissant qu’amers regrets et profonde frustration.
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Une séparation… et après ?
Capable de jouer n°10 voire en milieu relayeur pendant quelques minutes si la situation l’exige, tel un Wayne Rooney du pauvre, Le Bihan devrait être capable d’avoir une belle fin de carrière et d’apporter régulièrement à une équipe ambitieuse, comme le SM Caen de Jean-Marc Furlan. Titulaire, il aura besoin d’être remplacé aux alentours de la 75e minute régulièrement et de souffler pendant les premiers tours de Coupe de France. Pour l’instant, l’animation offensive avec Alexandre Mendy risque de ne pas être évidente à trouver mais il se pourrait bien que MLB s’épanouisse un cran plus bas, ou avec de la liberté pour évoluer autour du meilleur buteur de Ligue 2 qui lui servirait de point d’appui. Pendant ce temps, Le Bihan le régalera, lui et ses ailiers, de caviars grâce à sa bonne vision du jeu et son intelligence sur le terrain.
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Connu pour son bon placement, l’attaquant n’est plus aussi agile et mobile qu’avant mais son sens du but n’a pas disparu et on peut espérer, pour lui, que les protocoles de Furlan qu’il connaît par cœur lui permettront de s’exprimer aussi bien que lors de sa deuxième saison dans l’Yonne. S’il évite les blessures, écoute son corps et reste aussi affûté que lors de la majorité de la saison 2022-2023, Malherbe tiendra-là un top joueur qui aura un rôle important à jouer dans la course à la montée. En revanche, en cas de blessure ou de remplacement poste pour poste de Mendy, il ne faut pas s’attendre à voir Le Bihan gagner la majorité de ses duels aériens, ni même d’être capable de jouer en remise dans la surface. Mickaël est un organisateur, quelqu’un qui a besoin de toucher le ballon pour exprimer son plein potentiel et donc de dézoner, ce qui laissera la surface de réparation inoccupée un peu trop longtemps parfois. Il faudra alors imaginer un autre moyen de le mettre à l’aise pour profiter des dernières années de son prime, qui commence à s’éloigner.
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Pour Dijon, la page semble définitivement tournée depuis un petit moment. Régulièrement blessé (en tout cas, c’est ce qui était annoncé officiellement par le club et la presse) pendant la préparation, MLB n’a participé qu’à quelques bouts de matchs amicaux ainsi qu’à 30 minutes contre Rouen, en sortie de banc. Le DFCO se projetait déjà sans lui et Benoît Tavenot ne l’a pas convoqué depuis deux journées, les deux matchs plus aboutis de son équipe. Ainsi, son remplaçant Joseph Mendes devra rapidement faire ses preuves même si dans l’esprit, Mohamed Ben Fredj (qui ferait également un bon meneur de jeu) semble avoir un profil d’attaquant complet assez similaire à Le Bihan, c’est à dire pas des plus costauds. Le staff dijonnais a jeté son dévolu sur l’ancien de Reading et du Havre afin de mettre plus de pression sur les centres, les coups de pied arrêtés et d’attirer vers lui les défenseurs centraux pour créer des espaces. En attendant de savoir si nous avons déniché notre Julio Tavares 2.0, Ben Fredj, Nchobi, Irié et Assalé présentent tous des qualités différentes pour évoluer à ce poste, ainsi que des défauts bien évidemment. Sinon, ils ne joueraient pas en National…
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