DFCO : l’avenir appartient à Tavenot

En plein processus de vente, le club dijonnais et ses dirigeants ont choisi de faire confiance à Benoît Tavenot pour entraîner l’équipe première, reléguée de Ligue 2. Dans un climat tempétueux, entre un possible changement de direction et un effectif à rebâtir, sans les joueurs qui l’ont fait couler en National. Une fois de plus, le DFCO est à un tournant de son histoire.

Dijon aurait-il appris de ses erreurs ou changerait-il complètement de cap en vue d’un hypothétique rachat ? Quoi qu’il en soit, alors que le DFCO refusait l’été dernier la candidature d’un Frédéric Bompard – attaché au club et désireux de le reprendre en main, avec toute l’exigence qu’on lui connait – à cause de son « manque d’expérience », le voici nommant à une semaine de la reprise, dans un chaos total, un homme qui n’a lui aussi été « que » l’adjoint d’un autre pendant la très grande majorité de sa carrière. À ceci près que Benoît Tavenot a un long vécu au centre de formation du SC Bastia, ce qui n’est pas sans rappeler un certain Olivier Dall’Oglio, nommé par le même Olivier Delcourt qui reprenait le club en 2012 dans une situation très précaire. La suite, nous la connaissons tous.

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À Bastia, où il a passé quatorze années de sa vie, Benoît Tavenot a laissé un souvenir immaculé. Les commentaires positifs à son sujet affluent, l’ancien coach des équipes de jeunes et de la réserve, directeur du centre de formation et adjoint du Sporting (aux côtés de Frédéric Hantz en 2011, puis de François Ciccolini en 2016) n’ayant fait qu’une infidélité de quelques mois à son club de cœur pour entrer dans le staff de l’Équipe de France U16 pour deux matchs, avec Laurent Guyot, aujourd’hui coach d’Annecy. Un collègue qu’il suivra au Cercle Bruges en 2018-2019, où il décrochera un maintien assez confortable (bien qu’un peu plus tendu sur la fin), une saison après une montée de deuxième division belge.

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Là s’arrête peut-être la comparaison avec Pascal Dupraz, qui a lui aussi eu pour mentor M. Guyot et été fidèle à son premier club pendant longtemps, après sa reconversion. Entre la Corse et la Belgique, Tavenot a subi le traumatisme du dépôt de bilan bastiais en 2017 de plein fouet. « La disparition du Sporting a fait pleurer des milliers de supporters à Bastia et dans les villages, j’en ai bien conscience, disait-il à l’époque dans Corse Matin. Mais je peux vous dire que des larmes sont versées tous les jours dans les locaux de Furiani. De l’intérieur, c’est un véritable cauchemar que l’on vit. Sur le plan humain, c’est terrible, ce que nous vivons depuis de longs mois. C’était d’abord la lente agonie estivale avec, jour après jour, la petite lueur d’espoir de voir le club finalement sauvé et les emplois préservés. C’était une torture quotidienne jusqu’au moment où nous avons appris que c’était la fin. Et depuis, on a le sentiment d’être devenus les laissés pour compte. Devant nous, c’est le vide sidéral… »

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La situation à Dijon est loin d’être aussi calamiteuse mais le technicien débarque, pour ce qui ressemble probablement au plus gros challenge de sa carrière jusque-là, dans un champ de ruine. Ou plutôt dans des installations impeccables désertées et laissées comme neuves par des joueurs qui ne se rendaient probablement pas tous compte de la chance qu’ils avaient de pouvoir y travailler au quotidien. Désormais, et alors que leurs salaires auraient été divisés par trois d’après Le Bien Public, ces hommes peu scrupuleux devront trouver un nouveau club et seront priés de ne pas faire partie du nouveau projet qui se met en place.

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« Le club qui prendra Benoît peut être assuré qu’il tiendra sa meilleure recrue » – Frédéric Antonetti, coach de Strasbourg.

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À propos de ce fameux projet, pour l’instant tout reste très flou du côté du DFCO. Si des investisseurs (dont les américains propriétaires du fonds Carlisle Capital) se sont manifestés, le rachat n’est pas encore acté et les négociations se déroulent dans le plus grand secret. Laissant planer un doute sur les personnes qui prendront les décisions de demain. Quel effectif ? Quelle politique de transfert ? Ont-ils été consultés pour le choix de Tavenot ? Quel projet pour les joueurs du centre de formation ? Le mercato de l’équipe féminine, quant à lui, ne semble pas être affecté avec uniquement des départs auxquels nous nous attendions, des prolongations pour quelques cadres et une première recrue officialisée.

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Une chose est à peu près certaine : le nouvel entraîneur semble avoir le profil requis pour intégrer dans le groupe National 1 des joueurs qui n’ont joué jusqu’alors qu’en N3 et U19, chose qui manquait cruellement au DFCO dernièrement, ne profitant pas des joueurs talentueux qui pointaient le bout de leur nez dans l’équipe professionnelle. Des hommes qui, pour certains, ont impressionné en 2022-2023 et joueront en première division espagnole, néerlandaise, en D2 allemande après un titre de champion du Luxembourg ou d’Ekstraklasa polonaise… Reste désormais à voir si une telle politique formatrice sera belle et bien appliquée et si elle sera menée à bien par le nouveau coach, natif de Paris mais résolument Corse dans la peau.

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Pour ce faire, il devra faire mieux que lors de sa seule et courte expérience en tant que numéro un, sur le banc du FC Bastia-Borgo en 2018 (aujourd’hui FC Borgo), en National 2 : 11 matchs, 2 victoires, autant de défaites, sept matchs nuls et pour seul résultat notable un 3-0 contre Viry-Chatillon, déjà relégué, dans un match sans enjeu à la dernière journée. Avec cette moyenne de 1,18 point par match, un club de National aurait été relégué cette saison à la 14e place (le premier non relégable étant le 12e), pile entre Nancy et Bourg.

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C’était même pire en Ligue 1 où, pour les sept matchs où il a dû remplacer Antonetti (suspendu) sur le banc des Grenats, Benoît Tavenot n’a pris que trois petits points (nuls contre Nantes, Lens et Clermont, défaite chez les concurrents au maintien Saint-Étienne et Bordeaux, contre Monaco et enfin contre Rennes, 6-1). Une série qui, même si elle s’est produite au beau milieu une spirale déjà très négative, donne à bon nombre de supporters de Metz des raisons de lui en vouloir pour la descente. Mais ce travail avec Frédéric Antonetti n’a pas fini sur une mauvaise note.

Car cet hiver, le coach corse et son adjoint sont repartis à l’aventure dans l’Est pour sauver un autre club en détresse, le RC Strasbourg. Le bilan depuis le 14 février : 22 points en 15 journées, avec des victoires contre les clubs que le Racing est sensé battre. Mission accomplie pour ce duo reformé le jour de la Saint-Valentin. Aussitôt séparé, puisque Tavenot annonce après le maintien sa volonté de trouver un poste de numéro un à Antonetti, qui s’exprime en ces termes dans les DNA :

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« Je vous l’avais dit en arrivant, Benoît a la pointure d’un grand numéro un. Voilà, il a décidé de voler de ses propres ailes. À Metz, le deal, c’était qu’il prenne ma suite. C’est pour cette raison qu’il a passé les diplômes (BEPF). Mais là, il m’a dit : « Si je reste avec toi, il n’y a personne qui viendra me chercher ». Le club qui le prendra peut être assuré qu’il tiendra sa meilleure recrue. Je le regrette déjà, mais ça me fera énormément plaisir de le voir réussir. »

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Benoît Tavenot est-il aussi inexpérimenté que ce que l’on veut nous faire croire ? Non, tout comme Bompard ne l’était pas lorsqu’il postulait l’été dernier. Ces nombreuses saisons passées sur les bancs de clubs professionnels et les louanges d’anciens collègues peuvent nous rassurer. A-t-il un profil intéressant pour un club qui souhaite se renouveler ? Cela semble être le cas, même si la transition serait beaucoup plus simple dans un club à la formation performante et dont l’effectif et le projet sportif, stables, seraient connus à l’avance. Y avait-il d’autres entraîneurs plus intéressants sur le papier à engager ? C’est la question qu’on est en droit de se poser, quand des Karim Mokeddem et autres Hervé Della-Maggiore auraient été reçus par nos dirigeants.

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Espérons que ce choix sera celui du renouveau de notre institution. Ce choix de donner les clés à un homme qui avoue partager « la même vision du foot » que Frédéric Antonetti, en ajoutant qu’il se tient éloigné des réseaux sociaux et préfère s’intéresser aux gens, aux hommes et femmes qui permettent aux clubs d’exister. C’est peut-être l’un des arguments qui a convaincu la direction de lui donner sa chance, ça et le fait qu’il soit réputé pour sa fermeté et son intransigeance par rapport aux écarts de conduite. Un peu à l’opposé de ce que Daf laissait paraître par moments, même si nous ne sommes pas dans le secret des vestiaires.

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Le public dijonnais sera bien entendu prêt à laisser sa chance à Benoît Tavenot, mais pour le juger convenablement il serait intelligent de lui donner les moyens de faire bonne figure, à défaut de remonter rapidement, dans un championnat aussi relevé que le National. Alors que Gérard Bonneau aurait participé à sa nomination et serait sur le point de démissionner, difficile d’imaginer une cohérence dans les choix sportifs du club. À moins que les futurs repreneurs n’aient eu le dernier mot (conseillés par qui ?) dans cette nomination. Une conférence de presse devrait se tenir jeudi 29 juin avec, espérons-le, plus d’éclaircissements sur les plans du Dijon FCO qui a trop navigué à vue ces dernières années.

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