Benzia ! Benzia outragé ! Benzia brisé ! Benzia martyrisé ! Mais Benzia libéré. Après de trop longues semaines derrière les barreaux, l’homme providentiel a encore frappé, offrant à Dijon sa première victoire de la saison.
Contrairement à ce que qui était annoncé avant la rencontre, le DFCO évolue dans un 4-2-3-1 inédit, avec les entrées immédiates dans le onze des deux dernières recrues : Philippoteaux à droite, Fofana à gauche. Dans ce même couloir, la surprise du chef était de voir Christopher Rocchia titularisé à un poste très offensif d’ailier. Écuélé-Manga fait son retour dans le groupe et est immédiatement titulaire en défense, tout comme Yassine Benzia, lui aussi rappelé du loft pour accompagner Le Bihan.
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LE MATCH
La partie ne s’annonçait pas de tout repos car sous la vigilance de M. Varela. Dijon s’installe dans les premières minutes et joue beaucoup dans la largeur, utilisant ses ailiers et latéraux pour déborder et apporter le surnombre. Une entame plutôt bien maîtrisée de la part des hommes de Patrice Garande, dans une ambiance festive qui nous avait fort manqué.
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Un premier événement vient troubler le bon déroulement du match, avec une main dans la surface bastiaise de Quemper, réclamée par tout le stade, mais l’homme au sifflet a vite montré ses intentions de ne pas siffler. Finalement, la première grosse opportunité de la partie est à mettre au crédit du Sporting : Adil Taoui échappe à la défense dijonnaise et se trouve en situation de 1 contre 1, c’est Baptiste Reynet qui remporte ce premier duel.
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Le Bourguignon le plus remuant de cette première période est sans doute Romain Philippoteaux. Il apporte le mouvement trop rarement vu en ce début de saison aux avant-postes, même s’il n’est pas toujours accompagné sur ses percées. Dans l’autre sens, Salles-Lamonge s’essaye à une frappe de loin qui frôle la barre transversale.
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Adama Fofana fait le shérif à gauche, Rocchia se révèle très à l’aise un cran plus haut que d’habitude. Pour l’instant, les quelques opportunités du DFCO sont sur des centres dangereux, mais aucune occasion nette n’est à signaler. Une petite rixe éclate entre Vincent et Deaux, les deux hommes sont avertis par Bartolomeu Varela. Le cowboy donnera un autre carton jaune à Le Cardinal peu de temps après.
Encore une fois, ce sont Philippoteaux et Rocchia qui s’illustrent, malgré quelques maladresses. Les deux hommes combinent d’une aile à l’autre mais la frappe de l’ancien marseillais est contrée. Retour aux vestiaires sur un score nul et vierge, décevant mais rien n’est encore joué.
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La Mission
Après la pause, Écuélé-Manga dont les boulettes ne nous avaient pas manqué se troue encore, forçant Congré à intervenir de manière irrégulière et à écoper d’un jaune. Reynet dévie le ballon du coup-franc en corner après sa bonne détente. Une forte pression est mise par les Corses, pour lesquels les tentatives coup-sur-coup de Ducrocq et Santelli auraient pu ouvrir le score, la réussite est du côté de Dijon.
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On ne l’avait que trop peu vu depuis le coup d’envoi, mais comme un sauveur Yassine Benzia est l’homme qu’il fallait pour débloquer cet affrontement : d’abord avec un tir contré à mi-distance, mais la seconde est la bonne. Deaux lance l’Algérien en profondeur dans la boîte, celui ci ajuste la mire et fusille Vincensini avec l’aide du poteau opposé (58e, 1-0)
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Mais cette joie n’est que de courte durée, Bastia n’a pas dit son dernier mot. Après la sortie de Pi, en difficulté, pour Ahlinvi (66e), les tourmenteurs Santelli et Salles-Lamonge échangent bien aux abords de la surface. Avec l’aide d’une défense à l’ouest, le premier se retrouve trop facilement seul et bat Reynet d’un coup de rein avant de finir du plat du pied (70, 1-1). Tout est à refaire.
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Ngouyamsa, Sammaritano et Scheidler entrent en lieu et place de Fofana, Philippoteaux et Le Bihan pour changer la donne, ce qu’à bien failli faire l’ancien d’Ajaccio, hué à son entrée par le parcage visiteur. D’abord avec une frappe détournée par le portier corse, mais aussi grâce à quelques passes bien senties nous rapprochant du but.
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Mais l’heure tourne et les deux équipes restent dos à dos. A l’angle de la surface, le nouvel entrant Ngouyamsa est bousculé, le stade se lève croyant à un penalty, toujours pas accordé par l’homme en jaune. Peu importe, puisque c’est à Yassine Benzia de s’avancer. Avec sa dernière cartouche, le pistolero envoie une praline par dessus le mur blanc, le ballon vient se loger le long du poteau, hors de portée du gardien (87e, 2-1). Le stade exulte et se lève comme un seul homme, alors que le libérateur vient célébrer avec le banc.
L’arbitre sifflera trois fois. Le tyran bastiais est à terre, et la première victoire se dessine. Une longue traversée du désert prend fin, la série de 11 matchs (amicaux compris) sans victoire est stoppée nette par le héros de toute une ville. Ce n’était pas toujours très beau, ni même très convaincant, mais la malédiction est enfin levée. Notre saison, elle, ne fait que commencer.
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Ce que l’on peut déjà voir de la patte Garande
Après deux semaines de travail permises par la trêve internationale, ce match était le premier véritable test pour Patrice Garande, et l’occasion d’implanter ses nouvelles idées. Même si le contenu proposé par l’équipe est loin d’être pleinement abouti, voilà ce que l’on peut déjà voir des choix du nouveau coach.
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• Le choix des hommes
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Petite intox ou changement de dernière minute, on ne sait pas encore. Quoi qu’il en soit, la composition annoncée en amont du match diffère de celle que l’on a retrouvé terrain. D’une défense à 5 sur la feuille de match, le DFCO est finalement aligné dans une forme de 4-2-3-1, Zargo Touré laissant sa place à Traoré qui prend le couloir droit. Dans cette configuration, Rocchia est utilisé dans un rôle bien plus offensif d’ailier. Benzia est aligné en meneur de jeu derrière Le Bihan. On a vu des latéraux à tendance offensive, du moins surtout en première mi-temps. Traoré est régulièrement monté aux avant-postes, de même que son homologue Fofana titularisé pour la première fois. Ce dernier a commencé timidement mais s’est vite mis en confiance au fur et à mesure que les minutes s’écoulaient.
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• Se projeter vite en contre-attaque, et attendre du soutien
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A la récupération du ballon, on a vu le DFCO aller très vite de l’avant pour s’installer aux abords de la surface adverse. La consigne est clairement de se projeter très rapidement, mais sans se précipiter. Les premiers arrivés attendent systématique l’arrivée de soutien pour construire et tenter quelque chose. C’est à Le Bihan que revient bien souvent le rôle de point de fixation, pour conserver le ballon en attente de solutions. Celui de Benzia, à ses côtés à l’avant, est de servir les appels de ses ailiers et latéraux dans le bon tempo, puis de venir faire le relais dans le siège de la surface bastiaise.
• Toujours peu d’occasions franches
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Malgré beaucoup plus de présence dans la moitié de terrain adverse, de construction et d’échanges sur les côtés, le DFCO s’est procuré peu d’occasion franches. A la fin de la première période : aucune frappe cadrée, mais beaucoup de centre dangereux et de tirs contrés. L’équipe a encore montré des lacunes dans les derniers gestes. La passe de Deaux pour l’ouverture de score de Benzia est lumineuse mais aussi un peu chanceuse, puis pour la première fois il n’y a pas un Bastiais sur la trajectoire du ballon. Scheidler, sans conteste le meilleur finisseur de ce groupe, aurait pu faire du bien sur le début de match. Cependant il n’a pas particulièrement pesé après son entrée. On va sortir de très gros mots mais peut-être, puisque Garande est prêt à travailler avec tout le monde parmi les lofteurs, que Konaté pourrait aussi jouer un rôle, avec les attributs de finisseur qu’il a montré de temps à autre la saison passée (par exemple son but contre Nantes, ou encore contre Nîmes).
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• Une volonté de pressing intense
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Une différence marquante, surtout en première période : le pressing. Bon on l’a surtout vu en première mi-temps, il n’empêche que tous les joueurs sans exception se sont montrés concernés, même les offensifs. Dans ce bloc médian assez haut, Le Bihan et Benzia, ont enchaîné les courses pour gêner la relance corse, tandis que le deuxième rideau derrière était assez serré. C’est aussi pour cette raison que Lucas Deaux est probablement amené à devenir un des hommes clé de Garande : pour cette hargne au milieu en plus de cette capacité à se projeter et à apporter du soutien à l’avant, tandis que Pi est plus souvent resté en retrait. Un pressing toutefois loin d’être encore parfaitement coordonné. Si l’exécution n’est pas idéale, la volonté de presser et de mener la vie dure au porteur de balle adverse est bien là.
Loft Story
En termes de relationnel avec les joueurs, Garande démarre sur un sans-faute. En acceptant de travailler avec le loft, le nouveau coach remet tout à plat et tend la main à ceux qui peuvent être des titulaires en puissance : « J’ai essayé d’avoir une double action, sur le terrain et de discuter avec les joueurs » . La meilleure illustration ce soir, c’est évidemment Yassine Benzia. Après le match, le numéro 10 s’est confié sur l’approche réussie de Garande pour le remobiliser au sein de l’équipe, lui qui était sur le départ et relégué aux Poussots : « Le coach est venu et m’a remis en confiance, je joue beaucoup à l’affectif et quand je suis en confiance, cela se voit, donc je le remercie. » Avoir réussi à mettre un joueur de qualité Ligue 1 dans le bon sens pour cette saison, c’est déjà un succès pour Garande. En espérant qu’il parvienne à emmener avec lui le reste de l’équipe de la même manière.
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LES NOTES :
L’Homme du match : Benzia (8,1)
Même s’il a parfois trop porté le ballon, un match convaincant dans le jeu et ses deux buts ont illustré à merveille le joueur qu’il peut être s’il a la tête à l’endroit. Il a surtout parfaitement rendu à Patrice Garande la confiance qu’il lui a octroyé. Reste à confirmer.
Reynet (6,4) : auteur de plusieurs belles parades (12e, 49e, 75e), il s’est enfin montré décisif. Encore pas mal déchet dans les relances mais malgré tout un match qui peut le remettre en selle.
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Traoré (4,2) : toujours les mêmes erreurs de placement, que sa vitesse ne parvient pas nécessairement à compenser. Heureusement, la faiblesse de l’attaque bastiaise a empêché que ce soit préjudiciable. Ce ne sera pas toujours le cas.
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Écuélé-Manga (3,8) : quelques bonnes interventions mais enrhumé sur le but bastiais et beaucoup de fébrilité dans ses prises de balles et ses relances. Il se sera surtout illustré en étant le seul joueur à ne pas participer au clapping de fin de match devant la tribune Nord. Reste à espérer que des Saoudiens aveugles nous l’embarquent.
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Congré (4,6) : solide une bonne partie du match mais aux abonnés absents sur l’égalisation des Corses. Dommage car il dégage autrement pas mal de sérénité.
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Fofana (5,1) : une première convaincante. S’il a encore du progrès à faire dans le placement et certains choix en bout de course, il a fait preuve de beaucoup d’engagement et d’application et parfois d’une vista appréciable. A revoir. Remplacé à la 73e minute par Ngouyamsa, qui a obtenu le coup-franc de la victoire.
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Pi (4,0) : par intermittence, il a montré qu’il pouvait déployer une technique intéressante et utile dans l’entre-jeu. Malheureusement, tout cela reste bien trop timide pour peser réellement. Il doit faire mieux. Remplacé à la 66e minute par Ahlinvi, qui n’en a pas vraiment profité pour marquer des points.
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Deaux (5,8) : il continue de monter en puissance et rend sur ce match une bonne copie. Au four et au moulin, il a énormément pesé pour désorganiser le jeu bastiais. Il pourrait essayer de davantage jouer vers l’avant, sa merveille de passe en profondeur pour Benzia ayant démontré qu’il savait très bien le faire.
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Rocchia (6,2) : positionné à un poste plus offensif qu’à l’accoutumée, il a de nouveau réalisé une très bonne prestation. S’il a manqué de précision, et parfois de lucidité, dans le dernier geste, il a créé beaucoup de décalages et sa vitesse a souvent mis au supplice l’arrière-garde corse. Il confirme son bon début de saison.
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Philippoteaux (5,2) : pour son retour au bercail (…), il a livré un match satisfaisant. Il a bien combiné avec Benzia en début de match et a su amener un peu de percussion sur le côté. En revanche, il a trop souvent décroché, n’offrant ainsi pas assez de solution en profondeur. Remplacé à la 76e minute par Sammaritano, à deux doigts de marquer quelques minutes après son entrée en jeu.
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Le Bihan (3,9) : a livré un gros duel avec Bocognano, pour savoir lequel était le plus à court de forme. Et si le défenseur bastiais l’a emporté assez largement, il n’en reste pas moins que MLB va devoir travailler un chouia sur sa vivacité, car ce genre de prestation ne va pas suffire. Remplacé à la 76e minute par Scheidler, qui a de suite apporté davantage de solution, en constituant un point d’appui précieux pour garder plus facilement le ballon devant.
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