C’était l’une des affiches de cette journée de Ligue 1. L’affrontement au sommet entre deux prétendants à l’Europe. Dans le coin droit, vêtu d’un peignoir blanc et bleu aux couleurs de ses stars Mitroglou et Bouna Sarr, pointant à la 3e place de Ligue 1 et qualifié pour les quarts de finale de la C3, l’Olympique de Marseille. Dans le coin gauche, tout de rouge vêtu, le parangon du beau jeu, l’ogre des matchs à domicile, imbattable dans son antre de Gaston Gérard, le Dijon FCO. Un superbe duel en perspective, bien au-delà de ces petites batailles de chiffonniers auxquelles nous abonne normalement la Ligue 1. Seulement, voilà, les deux combattants semblaient avoir fait la nouba la veille et visiblement le résultat avait déjà été décidé en haut lieu avant le coup d’envoi. Du coup, on ne vous le cache pas, les notes ne volent pas super haut. Et encore, on n’a pas noté l’arbitre…
Les joueurs :
L’homme du match : Haddadi (6) : solide en défense (même s’il a fini par être dépassé par Payet sur l’action du deuxième pénalty marseillais) en faisant preuve de sérieux dans le placement et d’agressivité au duel, le tunisien s’est également distingué en proposant des solutions côté gauche et a finalement été récompensé de son investissement avec cette passe décisive pour l’égalisation de Kwon. Après de gros passages à vide pendant l’hiver, le latéral gauche revient de mieux en mieux et fait preuve de davantage de solidité. Il se montre notamment plus sérieux au marquage, pour empêcher son vis-à-vis de centrer. Certes, la vitesse n’est toujours pas sa qualité première et il pourra souffrir ponctuellement sur les déboulés de joueurs très rapides et techniques comme Payet. Mais il n’en croisera pas tous les jours.
Reynet (5) : impuissant sur le premier but marseillais, il n’est en revanche pas irréprochable sur le second, avec un placement un peu hasardeux. Sa sortie sur l’action qui mène au premier pénalty marseillais est peut-être un peu hasardeuse, néanmoins il s’est parfaitement rattrapé en détournant du pied le pénalty de Payet, sa troisième parade dans cet exercice depuis le début de saison. Malheureusement, il n’est pas parvenu à réitérer l’exploit quelques minutes plus tard. En dehors de ces actions, il a été peu sollicité.
Rosier (4) : régulièrement en difficulté face aux débordements d’Ocampos, il est également impliqué sur le premier but marseillais où, malgré un bon positionnement au départ, il fini par oublier Germain dans son dos, laissant à l’attaquant marseillais une ouverture qu’il a immédiatement mise à profit. Il est également responsable sur l’action qui mène au premier pénalty marseillais et à l’expulsion de Yambéré, car c’est lui qui perd le ballon dans son duel avec Ocampos. Offensivement, il a tenté plusieurs fois d’apporter un peu d’accélération mais a trouvé peu de relai. Un match à oublier.
Yambéré (3) : sa plus grosse bévue est finalement, sans doute, cette perte de balle au milieu de terrain qui entraine le premier but de l’OM. Alors qu’Olivier Dall’Oglio avait très lourdement insisté sur la nécessité absolue de ne pas perdre bêtement des ballons au milieu face à une équipe comme Marseille, c’est exactement l’erreur qu’a commise l’ancien bordelais. Très dommage car jusque là, les marseillais, malgré le contrôle du ballon, n’avaient eu guère d’occasion. En fin de match, il provoque ce pénalty (détourné par Reynet) et écope d’un carton rouge. Un pénalty à tout le moins généreux car si sa sortie sur Ocampos est des plus viriles, il touche bel et bien le ballon. Et que dire de la double peine… Au moins, en termes de cohérence, cette décision arbitrale est intolérable. Car s’il y a pénalty et rouge sur cette action, il doit y avoir la même chose contre Bouna Sarr en début de match. Et à 1-0 et en supériorité numérique dès la 10e minute, nul doute que le match du DFCO aurait été bien différent…
Lautoa (6) : très solide tout au long du match, l’ancien capitaine de Lorient a à plusieurs reprises réalisé des interventions décisives, dans les pieds des attaquants marseillais et aussi dans le domaine aérien. Il s’est également distingué à la relance, avec plusieurs longs ballons de belle facture. Dans la colonne des moins, il y a l’action du premier but marseillais, où il ne parvient pas à empêcher Payet de centrer malgré un bon placement, et ce pénalty concédé en fin de match, incontestable celui-ci mais finalement anecdotique. Peu à peu, il donne des gages de confiance.
Amalfitano (5,5) : il a énormément bataillé dans un milieu de terrain fourni, où les dijonnais ont malheureusement eu trop souvent l’impression de jouer à deux alors qu’ils étaient trois sur la feuille de match. Auteur de quelques pertes de balles peu habituelles pour lui, il s’est rattrapé en distribuant correctement le jeu, avec quelques bonnes ouvertures, notamment cette passe en profondeur parfaite pour Sammaritano dès la 10e minute qui aurait du être décisive. Il a néanmoins moins pesé qu’habituellement dans l’organisation du jeu. Tout près, mais malheureusement quand même trop loin, d’empêcher Ocampos de reprendre la balle sur le deuxième but de l’OM. Dommage.
Balmont (non noté) : auteur d’une première demi-heure correcte malgré quelques pertes de balles évitables, le vétéran s’est ensuite gravement blessé sur un dégagement anodin. Verdict : une rupture du tendon d’Achille, qui pourrait l’éloigner des terrains entre quatre et six mois. Espérons que cela ne signifie pas la fin de carrière de celui qui vient récemment de prolonger d’un an avec le DFCO, car cela serait un bien triste épilogue pour un tel parcours.
Remplacé à la 33e minute par Marié (6). Déjà convaincant lors de son entrée en jeu à Montpellier, le pur produit du club a de nouveau été auteur d’une bonne prestation. Il s’est énormément démené au milieu de terrain, interceptant beaucoup de ballons en coupant bien les lignes de passes et en se montrant solide au duel. On pourra simplement lui reprocher de ne pas avoir assez oser participer au jeu, alors qu’il a le talent technique pour et que celui qui était supposé le faire était aux abonnés absents. Satisfaisant néanmoins.
Xeka (2) : que dire… on pourrait s’énerver, se lamenter, pointer du doigt son zéro pointé sur coups de pieds arrêtés, son incapacité à être impliqué à la récupération, sa volonté d’être la plaque tournante du jeu alors qu’il a multiplié les erreurs techniques, son implication sur le deuxième but marseillais où c’est lui qui est censé devancer Germain de la tête pour ne pas que celui-ci dévie vers le second poteau. On pourrait faire tout ça. Mais le constat est plus simple. Ce joueur n’a simplement pas la mentalité, le sérieux et l’abnégation nécessaires pour jouer à un tel poste dans une équipe qui a absolument besoin de liant collectif pour jouer sereinement son jeu. Une seule bonne nouvelle : il quittera définitivement le club en fin de saison.
Sammaritano (3,5) : il aurait pu très rapidement débloquer la partie si l’arbitre avait décidé de faire correctement son travail et avait sifflé pénalty contre Bouna Sarr qui a laissé trainer le bras alors que le milieu dijonnais était parfaitement placé dans la surface suite à une ouverture millimétrée d’Amalfitano. Certains pointent le fait qu’il ait surjoué la faute et lui font même endosser la responsabilité de la décision de M. Brisard. Bien entendu… C’est évidemment la faute du joueur si l’arbitre se trompe, n’applique aucune cohérence dans ses décisions (cf. la faute de Yambéré sur Ocampos) et trouve visiblement beaucoup plus difficile de siffler contre l’OM que contre Dijon. Bref. A part ça, le lutin dijonnais ne s’est guère montré inspiré dans le jeu et ses accélérations et prises de balles ont rarement pesé.
Remplacé à la 65e minute par Sliti (6), à nouveau auteur d’une excellente entrée. En une petite demi-heure, il a montré bien plus que Sammaritano dans plus de deux fois ce laps de temps. Tout près d’obtenir un pénalty à la 84e après avoir fait danser Bouna Sarr, mais ce dernier a fait faute juste à l’extérieur de la surface. Maintenant que blessures et fatigue due aux déplacements internationaux sont derrière lui, on voit mal comment le tunisien pourrait ne pas terminer la saison comme titulaire indiscutable. Et bonne nouvelle : lui ne retournera pas au LOSC en fin de saison.
Saïd (3,5) : sur un petit nuage depuis plusieurs matchs, l’ancien rennais a cette fois été peu en verve. Positionné sur l’aile, il n’est pas suffisamment parvenu à peser sur le jeu, à cette place à laquelle il a encore du mal à trouver ses marques. Il a bien participé au repli défensif et n’a pas ménagé sa peine mais il a souvent été à contre temps sur les actions offensives dijonnaises. Il a également eu du mal à se trouver avec Tavares.
Remplacé à la 72e minute par Kwon (6), à qui il a fallu moins de deux minutes pour égaliser sur un centre d’Haddadi (qu’il avait décalé au préalable), et inscrire ainsi son 7e but de la saison. S’il est clairement moins flamboyant que fin 2017, il a prouvé qu’il peut toujours rendre de fiers services à l’attaque dijonnaise.
Tavares (4,5) : un match difficile pour l’avant-centre cap-verdien, souvent esseulé en pointe et qui a trouvé du répondant dans le défit physique avec la charnière Rolando – Rami. Au point terminer le match avec le nez cassé. Il a essayé comme souvent de jouer en pivot mais ses déviations ont rarement trouvé preneur et il n’est pas parvenu à cadrer ses quelques occasions. Il faut dire aussi qu’il a rarement été correctement servi. Pas un grand souvenir.
Le match :
A l’issue de cette partie, le sentiment est mitigé. Les deux équipes n’ont pas développé un très grand football et les décisions arbitrales ont finalement eu une grosse influence sur le résultat. Le match nul n’aurait clairement pas été volé pour les dijonnais. Néanmoins, les hommes d’Olivier Dall’Oglio n’ont pas su mettre en œuvre ce qu’il fallait pour vraiment bousculer cette équipe de l’OM. Offensivement notamment, le DFCO a été méconnaissable. Entre un Tavares trop esseulé, un Saïd qui est toujours en-dessous de son niveau quand il joue sur l’aile, un Sammaritano qui peine à se montrer décisif et un Xeka en dessous de tout, l’animation dijonnais a été extrêmement pauvre. Il aura fallu attendre les rentrées de Kwon et Sliti pour voir le DFCO montrer un visage plus intéressant. Un peu tard. Pourtant, il y avait la place, notamment sur les côtés, avec à droite un Bouna Sarr qui a très vite fait preuve de fébrilité et n’aurait probablement fini le match dans les vestiaires avec un autre arbitre, et à gauche le jeune Kamara, qui a fait un match sérieux mais qui semblait néanmoins friable si l’on avait insisté sur son côté.
A ce manque d’allant offensif, les dijonnais ont ajouté des erreurs défensives qui ont coûté très cher et qui surtout viennent de situations qui avaient été identifiées par le staff, à savoir les pertes de balle au milieu de terrain, et les déviations au premier poteau des marseillais sur corner. Un certain manque de discipline qui prouve que le DFCO a encore un peu de chemin à parcourir avant d’être définitivement un club de première partie de tableau. Ces critiques étant dites, ça n’empêche pas que le nul aurait été mérité, car l’OM a fait plus ou moins preuve des mêmes lacunes.
Malgré ce résultat négatif et cette fin de série d’invincibilité à domicile, le DFCO ne recule que d’une place et pointe à la 11e place de Ligue 1. Néanmoins, il faut rester prudent, car le calendrier à venir s’annonce délicat, avec trois déplacements et la réception de Lyon. Mais finalement, les dijonnais gardent un très bon souvenir de la dernière venue de l’OM à Gaston-Gérard, le déplacement à Toulouse n’a rien d’insurmontable et même celui à Bordeaux, vu la forme actuelle des Girondins, peut déboucher sur une belle surprise. A condition de gommer ces petites erreurs largement évitables.
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