DFCO : rien n’est trop difficile pour la jeunesse

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Après un début de saison honorable malgré les très nombreuses blessures et indisponibilités au sein de l’effectif dijonnais, nous avons voulu voir si, historiquement, le DFCO réussissait mieux ses saisons avec un effectif offrant plus de garanties sur le papier. Et finalement, nous n’avons trouvé aucun lien évident entre ce poncif sur l’âge des titulaires, sur l’importance d’un groupe resserré et le succès du club sur les terrains.

Pourtant quatrième dans la hiérarchie des défenseurs centraux, Mohamed Sylla a dû jouer un rôle plus important que prévu sur ce début de saison.
Pourtant 4e dans la hiérarchie des défenseurs centraux, Mohamed Sylla a dû jouer un rôle plus important que prévu sur ce début de saison.

Vingt-quatre : c’est, depuis la première journée de 2024-2025, le nombre de joueurs utilisés par le Dijon FCO lors de ses matchs de National. D’un Cédric Makutungu qui a disputé 100% des rencontres (630 minutes sans le temps additionnel) à Izak Akakpo, qui n’a été sur le terrain que pour 4 minutes de temps réglementaire, tous ne peuvent pas être mis sur un pied d’égalité. Même les gros temps de jeu de Lenny Montfort (450′) ou de Mohamed Sylla (376′) témoignent plus de la cascade d’absences que le groupe professionnel a subies que d’un statut réellement en progression – bien que les deux jeunes hommes aient pu rassurer sur leurs qualités dans une prometteuse série de matchs sans concéder de but. Mais soyons honnêtes : si tout s’était passé comme prévu, Paul Delecroix et Quentin Bernard auraient dû occuper ces places à chaque journée de par leur statut et leur expérience.

Cela n’a pas été le cas et par conséquent, la moyenne d’âge des 11 joueurs les plus utilisés cette saison est de 23,6 ans. Un chiffre déjà très bas sans prendre en compte les inexpérimentés remplaçants qui sont souvent entrés en jeu également. Et qui est comparable aux deux saisons 2012-2013 et 2013-2014 en Ligue 2 (23,5 en moyenne), lors desquelles le club entrait dans un nouveau cycle qui allait préparer sa montée en Ligue 1.

Les comparaisons s’arrêtent ici et nous ne saurions mettre côte à côte les années d’Olivier Dall’Oglio en Ligue 2 avec ce début de saison sous Baptiste Ridira, même s’il aimerait a priori être au club sur la durée. Surtout qu’avec les incorporations plus que probables des deux anciens niortais et possiblement de Kévin Schur, la moyenne augmentera significativement. Mais on remarque une drôle de coïncidence tout de même : lors de ces deux saisons (2012 à 2014) avec un XI très jeune, Dijon gagnait entre 1,55 et 1,50 point par match en moyenne. Après 7 journées en N1 en 2024-2025, Dijon avance aussi à un rythme d’1,57 point par match (avec un échantillon très restreint, il est vrai). Rarement suffisant pour monter, mais de quoi prendre un très confortable matelas d’avance sur la zone rouge en fin de saison.

Quatre autres joueurs professionnels de l’effectif (Victor Poisson, Adel Lembezat, Souleymane Cissé et Joseph Mendes) n’ont pas encore foulé les terrains de National et trois d’entre eux seront sauf mauvaise surprise amenés à le faire d’ici la fin de la saison, sans oublier les réservistes ou U19 qui seront incorporés à l’équipe première en cours de saison. On peut donc facilement se projeter sur une saison avec au moins 27 joueurs utilisés par Baptiste Ridira et son staff, ce qui placerait ce chiffre très légèrement en dessous de la médiane des 20 années précédentes (27,5). Avec une tendance qui semble augmenter ces derniers temps : entre 2004 et 2020, le DFCO n’avait utilisé 30 joueurs ou plus sur une seule et même saison qu’à deux reprises. Depuis 2020, trois saisons dépassent les 30 joueurs employés en championnat, le passage à 5 changements introduit lors de la crise du COVID ayant probablement eu une influence.

Mais revenons plutôt sur ce postulat énoncé en introduction : une équipe offrant plus de garanties en théorie fait-elle gagner plus de points en fin de saison ? Après une entrée en matière avec l’aide de nos notes qui nous a donné envie d’en savoir plus, nous avons voulu étudier d’autres critères pour mettre en évidence ou non un lien de causalité. Ces critères sont l’âge moyen du XI le plus fréquemment utilisé et le nombre de joueurs différents employés sur une saison (qui est à la fois lié à la fiabilité physique et à la fiabilité sportive des titulaires présumés). Nous ignorerons volontairement certains extrêmes lors de saison de Ligue 1 assez peu représentatives, puisque Dijon était promu en 2011-2012 (0,95 point par match) et en 2016-2017 (0,97 ppm) et ferons volontiers une différence entre les années de Ligue 1, logiquement plus difficiles que les saisons de Ligue 2, dans notre analyse.

 

Une première conclusion hâtive serait de remarquer que lorsque Dijon descend avec pertes et fracas en 2021, l’équipe titulaire était l’une des plus jeunes de notre histoire professionnelle avec 24 ans en moyenne, 33 joueurs différents étant d’ailleurs utilisés par Stéphane Jobard et David Linarès. La preuve de ce qu’avancent la plupart des entraîneurs ? Un groupe trop peu expérimenté ou avec beaucoup de joueurs serait-il contreproductif ? Réponse deux ans plus tard, en Ligue 2 cette fois avec un nombre de joueurs utilisés respectable (27) et une moyenne d’âge de 28,4, qui est de peu la deuxième saison avec le plus de joueurs âgés alignés régulièrement : Dijon égale son pire total de points dans ce championnat et descend en National pour la première fois de son histoire, alors que l’objectif était de finir dans les places de promotion.

D’une manière générale, les meilleures saisons dans l’histoire du club (nous sommes ouverts au débat mais les deux montées en L1 et la saison 2017-2018 avec la 11e place dans l’élite font définitivement partie des exercices les plus réussis) ont cela en commun d’avoir été réalisées avec des équipes plutôt plus jeunes que d’ordinaire et sans jamais dépasser 28 joueurs utilisés, mais les chiffres ne sont pas assez significatifs pour en tirer des conclusions. Par ailleurs, deux autres saisons réussies (après la vente en 2012 ou avec Tavenot en 2023) ont impliqué 32 joueurs (avant réforme de la règle des changements) et 31 joueurs, dont beaucoup d’éléments issus de N3 pour la saison la plus récente. En définitive, et c’est une bonne nouvelle pour Dijon qui a décidé de miser sur une équipe plus novice avec une marge de progression intéressante, le club ne se tire pas forcément une balle dans le pied à première vue en adoptant sa nouvelle stratégie. Et même si une grosse partie de la réussite de cette saison dépend également de la qualité du travail de scouting, de formation et de post-formation dans nos équipes de jeunes, aucun rêve n’est aujourd’hui interdit pour ce DFCO qui montre déjà des signaux positifs sur le terrain.

Nous n’oublions pas les très nombreux biais que nous n’avons pas pris en compte dans nos critères étudiés, comme le fait que les saisons suivant les relégations sont généralement synonymes d’un plus grand nombre de joueurs utilisés, les éléments sous contrats étant parfois vendus tard dans le mercato et se retrouvant alignés lors d’un match ou deux sur le tout début de saison. Une autre critique peut concerner le manque de précision dans notre qualification de l’expérience ou de la stabilité d’une équipe, l’âge n’étant pas le critère numéro 1 pour démontrer qu’un joueur a de l’expérience ou non dans un championnat donné (voir notre article ici) et le nombre de joueurs utilisés n’étant pas non plus idéal pour démontrer la qualité d’un groupe qui pourrait très bien être composé de 22 titulaires potentiels et 11 joueurs en devenir et non l’inverse. Mais nous avons tout de même trouvé que cette analyse en surface était suffisamment intéressante pour vous être partagée. En outre, et puisque le football n’est pas que chiffres dans un tableur et statistiques en pagaille, le nombre de points pris par saison n’est pas le seul facteur de satisfaction pour les supporters, qui préféreront voir beaucoup de victoires à domicile quitte à perdre à l’extérieur, qui aimeraient avoir un groupe attachant et engagé, ce qui n’a pas souvent été le cas avant 2023. Pour l’heure, le DFCO version Ridira semble satisfaire ces critères non négligeables. On ne peut que s’en réjouir.

Le nombre de joueurs utilisés, de points par match et moyenne d’âge des 11 joueurs les plus utilisés par le DFCO, en fonction des saisons :

2024-2025 : 24 joueurs / 1,57 ppm / 23,6 ans de moyenne*
2023-2024 : 31 joueurs / 1,59 ppm / 24,2 ans de moyenne


2022-2023 : 27 joueurs / 1,11 ppm / 28,4 ans de moyenne
2021-2022 : 30 joueurs / 1,24 ppm / 26,3 ans de moyenne


2020-2021 : 33 joueurs / 0,55 ppm / 24 ans de moyenne
2019-2020 : 28 joueurs / 1,07 ppm / 26,1 ans de moyenne**
2018-2019 : 26 joueurs / 0,89 ppm / 26,6 ans de moyenne
2017-2018 : 26  joueurs/ 1,26 ppm / 24,9 ans de moyenne
2016-2017 : 27 joueurs / 0,97ppm / 27,9 ans de moyenne


2015-2016 : 26 joueurs / 1,84 ppm / 25,5 ans de moyenne
2014-2015 : 27 joueurs / 1,61 ppm / 24,5 ans de moyenne
2013-2014 : 28 joueurs / 1,50 ppm / 23,5 ans de moyenne
2012-2013 : 32 joueurs / 1,55 ppm / 23,5 ans de moyenne


2011-2012 : 29 joueurs / 0,95 ppm / 24,2 ans de moyenne


2010-2011 : 28 joueurs / 1,63 ppm / 23,7 ans de moyenne
2009-2010 : 30 joueurs / 1,34 ppm / 25,2 ans de moyenne
2008-2009 : 26 joueurs / 1,37 ppm / 27,5 ans de moyenne
2007-2008 : 26 joueurs / 1,11 ppm / 26 ans de moyenne
2006-2007 : 26 joueurs / 1,42 ppm / 28,5 ans de moyenne
2005-2006 : 24 joueurs / 1,58 ppm / 28,2 ans de moyenne
2004-2005 : 26 joueurs / 1,50 ppm / 27 ans de moyenne

Légende :

saison en Ligue 1
saison en Ligue 2
saison en National

*après seulement 7 matchs disputés
**saison terminée prématurément (28 matchs seulement)

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Commentaires

2 réponses à “DFCO : rien n’est trop difficile pour la jeunesse”

  1. Avatar de Gilles PACCAUD
    Gilles PACCAUD

    J’ai toujours aimé le factuel et c’est encore un article complet.
    Maintenant, je retiens surtout la moyenne ppm qui, plus que l’âge moyen, apporte quiétude ou pas au fur et à mesure de l’avancée dans la saison.
    Une montée garantie est avec une moyenne supérieur à 1,8 alors que la bagarre est entre 1,6 et 1,8. Ce DFCO n’est pas loin de devenir un acteur sur qui compter mais est-ce pertinent de tenter la montée cette année vu la jeunesse de l’équipe ?

    1. La question très cher Gilles est, selon moi, qu’est ce que ça lui coûterait d’essayer ? On a déjà vu l’équipe surperformer et battre un adversaire qui fait all-in sur la montée : Nancy. Ça ne veut pas dire que sur la durée on tiendra forcément le rythme, mais si la bonne dynamique reste positive quelques mois… On peut se permettre de les regarder dans les yeux. Personnellement, je n’attends pas nécessairement ça d’eux, pas dès cette année. Mais on n’en est pas aussi loin qu’on le pensait après 3 journées.

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