DFCO 1-1 Rouen : les Diables dans les détails

Si le public de Gaston-Gérard a pu vibrer et donner de la voix, c’est surtout grâce au retour sur la pelouse de la légende Julio Tavares, entré en jeu à la 82e minute. Car à part ça, les supporters dijonnais ont assisté à un match médiocre, qui avait très bien commencé, mais dont le scénario frustrant et la faible qualité devront servir de première leçon pour les hommes de Baptiste Ridira.

Buteur, Yanis Barka a également trouvé le poteau, mais cela n’a pas suffit à l’emporter (photo Vincent Poyer)

LE MATCH

Dijon FCO – FC Rouen 1899 : 1-1 (1-1)
Au Stade Gaston Gérard (Dijon), le 15 août 2025, coup d’envoi à 19h30.

Buts : Barka (2e) pour le DFCO / Rocha Santos (21e) pour le FCR

Avertissements : Delecroix (20e), Moco (61e) et Marié (71e) pour le DFCO / Goprou (17e) et Rocha Santos (34e) pour le FCR

DFCO : Delecroix – Moco, Bernard, Diaby  Malick, Diallo – Marié, Ndezi, Vargas-Rios – Lembezat – Domingues, Barka

FCR : Temperton – Titebah, Goprou, Mendy, Bassin – Fuss, Genton, Benzia, Rocha Santos – Faye, Gerbeaud

L’ANALYSE

Le premier sentiment qui domine à l’issue du match, c’est évidemment la frustration. Car entre l’ouverture du score précoce, sur une action magnifique où chacun a fait le geste juste, le poteau trouvé par Barka, l’énorme face à face perdu par Domingues et la frappe lointaine de Marié détournée in-extremis par le portier adverse, on se dit que le DFCO a eu largement les munitions pour faire la décision. D’autant qu’en face, les Rouennais, clairement venus chercher le nul en terres dijonnaises, ne se sont procurés aucune occasion dans le jeu et ne doivent leur but, et le point rapporté, qu’à une erreur grossière de leurs adversaires. Il serait toutefois trop simple de ne retenir que cette frustration et un sentiment de malchance. Il serait trop simple, également, de tout rejeter sur le jeune Diaby Malick, certes coupable de l’erreur qui entraîne le pénalty rouennais, mais auteur par ailleurs d’une prestation très satisfaisante (avec même une relance bien inspirée au départ de l’action du but dijonnais).

Au-delà de l’aléa sportif, le DFCO doit cette conclusion rageante à trois éléments. D’abord, une animation très brouillonne et un déchet technique préjudiciable. Si à Orléans les Dijonnais s’étaient montrés séduisants dans le jeu, avec des combinaisons fluides, peu de touches de balle et des circuits parfaitement maîtrisés, c’est un DFCO bien plus emprunté qui a évolué sur la pelouse de Gaston Gérard. La faute, sans doute en partie, à une chaleur étouffante et à un adversaire qui a brillé par sa capacité à hacher le jeu. Cela n’explique toutefois pas toutes les erreurs techniques commises, ni les mauvais choix et le manque de mobilité dans l’animation offensive.

Ensuite, un niveau indigent dans les centres et les ballons longs. Alors que le DFCO a passé quasiment toute sa dernière demi-heure à chercher ses attaquants dans la surface, encore davantage après l’entrée en jeu de Tavares (82e), cela aurait pu durer 3h sans plus de résultat, vu que quasiment aucun ballon n’a atterri dans la surface. C’est bien la peine d’avoir des attaquants bons dans le duel aérien, le jeu en pivot et la déviation, mais si c’est pour ne jamais leur adresser un ballon correct, ça ne sert pas à grand chose. Clairement un point à travailler d’urgence pour les hommes de Baptiste Ridira.

Enfin, encore et toujours, le manque de réalisme. Après Orléans, le constat était clair : Dijon avait dominé, mais avait aussi été heureux de voir les choses tourner dans le bon sens, tant l’équipe avait vendangé de belles situations, prêtant ainsi le flan aux répliques de l’adversaire. Face à Rouen, le scénario a été moins heureux. Et les Dijonnais peuvent s’estimer heureux que les hommes de Régis Brouard n’aient pas eu plus d’ambition offensive, sans quoi la pilule aurait pu être plus amère encore. S’ils veulent atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés, les Dijonnais doivent impérativement gommer ce manque de tranchant dans la finition, car lancer une pièce en l’air à chaque match pour savoir si le scénario tournera dans le bon ou le mauvais sens ne sera pas suffisant. Evidemment, à ce moment du championnat, il n’y a pas de fatalité. Mais le DFCO reçoit, dès le 2e match, un avertissement dont il va devoir tenir compte, s’il veut s’éviter des déceptions futures.

 

L’ANALYSE

L’homme du match : Yanis Barka (6,3)
Buteur dès la 2e minute, il est passé à quelques centimètres du doublé juste avant la mi-temps, le poteau de Temperton en ayant décidé autrement. Moins précis dans le jeu qu’à l’accoutumée, à l’image de ses coéquipiers, il a toutefois proposé beaucoup de solutions. Moins en mouvement après la pause, il s’est progressivement effacé, pas aidé non plus par un recours quasi systématique au jeu long, qui ne le favorise pas.

Remplacé à la 73e minute par Ntamack, qui a cherché à apporter de la variété, mais a trop peu souvent été recherché.

Delecroix (5,3) : quasiment rien à faire du match, il encaisse un but sur pénalty, qu’il a lui-même provoqué mais dont il n’est guère responsable. Soirée frustrante, alors qu’il s’est montré serein par ailleurs.

Moco (6,3) : si chaque joueur a fait le geste juste sur l’action de l’ouverture du score, il est clairement celui qui a fait la différence, par son accélération, son jeu de corps et sa lecture du jeu. Intéressant sur toute la première période, il a revanche largement péché dans le jeu long en deuxième mi-temps, en se montrant très imprécis.

Bernard (5,5) : assez serein, encore que peu mis sous pression par les offensifs rouennais, il a été solide sur les rares incursions adverses. Il s’est également souvent chargé des premières relances, exercice qu’il a réalisé proprement mais dans lequel on l’a connu plus audacieux et inspiré.

Diaby Malick (5,0) : sans cette passe en retrait loupée qui entraîne le pénalty rouennais, sa note aurait été bien plus élevée. Auteur d’une belle première relance au départ de l’action du but de Barka, il s’est montré solide au duel, notamment dans la dernière demi-heure, avec même plusieurs fois de bonnes anticipations. Seulement voilà, il va apprendre qu’à ce niveau et à ce poste, une erreur aussi grossière peut entacher toute une prestation. Un bon apprentissage.

Diallo (4,8) : débordant d’énergie, rarement mis en difficulté défensivement, mais d’une imprécision absolue dans son apport offensif. Ses centres et ses ballons en profondeurs sont à montrer dans toutes les écoles de foot, comme parfaite illustration des gestes à éviter. On rappellera tout de même qu’il jouait sur son mauvais pied, ce qui complique sensiblement l’exercice.

Marié (5,8) : précieux autant dans la récupération que dans l’orientation du jeu, il été le seul vraiment au niveau dans l’entrejeu dijonnais. S’il n’a pas été exempt d’erreurs techniques, il s’est montré tout de même bien plus précis et inspiré que ses partenaires. Sa frappe de loin aurait mérité un peu plus de précision et de réussite.

Vargas-Rios (4,3) : volontaire mais très brouillon, il s’est souvent emmêlé les pinceaux et s’est rendu coupable d’erreurs techniques grossières, auxquelles il ne nous avait pas habitué. Son match est tout de même un peu sauvé par une bonne activité à la récupération. Remplacé à la 73e par Bellon, auteur d’une entrée très timide, bien loin de la vista que l’on attend de lui.

Ndezi (4,8) : point positif, il a toujours cherché à relancer propre, court et à créer des espaces, quitte à bagarrer pour sortir du pressing. Point négatif, il a parfois paru ne pas savoir quoi faire du ballon ensuite. Surtout, on n’a pas du tout vu ses qualités de percussion et de remontée de balle, peut-être par crainte de perdre des ballons au mauvais endroit.

Lembezat (5,0) : un match en dent de scie. Par moments, il a été impressionnant techniquement, se baladant dans l’entrejeu et la défense rouennaise, notamment lorsqu’il redescendait chercher le ballon plus bas. Et à d’autres moments, on l’a vue errer entre les lignes ou rester statique sur le front de l’attaque, sans proposer beaucoup de solution à ses partenaires. Aurait-il été déstabilisé par la présentation à la mi-temps de la recrue Mickaël Barreto, son concurrent au poste de n°10 ? Remplacé à la 82e par Tavares !! Julio a fait son retour, 5 ans après, dans son jardin, mais a du se contenter de quelques ballons déviés de la tête, tant ses partenaires se sont montrés imprécis.

Domingues (4,3) : une déviation inspirée pour remiser à Moco sur l’ouverture du score, plusieurs ballons bien remisés, mais aussi un énorme face à face loupé, où il écrase trop sa frappe. Dommage car c’est sur ce genre d’action qu’on l’attend à la finition. Pour le reste, il s’est parfois montré trop statique, même s’il a parfois aussi décroché intelligemment.

MOYENNE : 5,2

@Gus21

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Commentaires

Une réponse à “DFCO 1-1 Rouen : les Diables dans les détails”

  1. Avatar de Physicos
    Physicos

    Je partage une grande partie de vos observations. Je remarque que tous les joueurs sont évalués. Sauf le coach une nouvelle fois. Pourquoi ? Je serais heureux de recueillir votre point de vue et sur son coaching… Le timing de ses changements…. Le nombre de changements…. Le temps mis à se rendre compte ue certains joueurs sont cramés….. Pourquoi lui n’est jamais évalué dans vos debriefs ?

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